Vous tenez à la planète ? Revendez vos Bitcoins !

Pierre Crochart
Par Pierre Crochart, Spécialiste smartphone.
Publié le 05 novembre 2018 à 21h33
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Les cryptomonnaies, un nouvel eldorado ? Pour leurs apôtres, peut-être. La planète, elle, apprécie moins. De nouvelles études dressent des prospectives peu engageantes quant aux conséquences écologiques du minage intensif de Bitcoins et consorts.

En fin de semaine dernière, une étude de Nature Climate Change avançait que si l'adoption de la cryptomonnaie se faisait au même rythme que d'autres technologies, le seul minage de ces jetons virtuels pourrait conduire à un réchauffement climatique de l'ordre de 2°C sous trois décennies.

Des allégations corrélées par un rapport relayé aujourd'hui par Nature.com, constatant que le minage de cryptomonnaies était plus énergivore que l'extraction de cuivre, d'or et de platine.

Miner 1$ de Bitcoin requiert 4,72 KWh

Pour leur étude comparée, les chercheurs Max J. Krause et Thabet Tolaymat de l'Institut pour la Science et l'Éducation d'Oak Ridge, Cincinnati, Ohio, se sont lancés dans une drôle d'expérience. Souvent assimilé comme le « nouvel or », le Bitcoin se voit ici mis à l'épreuve des métaux sonnants et trébuchants. Les chercheurs ont ainsi calculé l'énergie nécessaire à la production d'un dollar en se basant sur le cours des cryptomonnaies les plus en vogue (Bitcoin, Ethereum, Litecoin et Monero), et sur celui de l'aluminium, du cuivre, de l'or et du platine.

Il ressort de leur étude qu'un dollar de Bitcoin (soit environ 0,00016 BTC) demandait environ 17 mégajoules d'énergie - soit 4,72 KWh. Un montant atteint avec 7 MJ en Ethereum et en Litecoin, et en 14 MJ pour le Monero.

En parallèle, miner un dollar de cuivre ne demande que 4 MJ, 5 MJ pour de l'or et 7 MJ pour le platine. Seul le minage d'aluminium explose le compteur avec pas moins de 122 MJ nécessaires à la conversion d'un dollar.

Pour obtenir ces résultats, Krause et Tolaymat se sont basés sur des données accumulées entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2018. Deux années et demie pendant lesquelles ils ont pu assister à la grande volatilité de ces valeurs refuges d'un nouveau genre. Les chercheurs avancent en outre un chiffre effarant : les quatre cryptomonnaies citées plus haut sont responsables du rejet de 3 à 15 millions de tonnes de CO2 sur la période observée. L'équivalent d'au moins 1 492 537 de vols Paris-Los Angeles.

Bitcoin

Des consommations annuelles astronomiques, mais des estimations variables

Les transactions en Bitcoin reposent sur la blockchain, et plus particulièrement sur l'algorithme dit de Proof-of-Work. C'est-à-dire que chaque transaction doit être "validée" par les maillons de la chaîne pour parvenir d'un point A à un point B. Un travail effectué par les fameux mineurs qui, en mettant à profit la puissance de calcul de leur ordinateur, permettent aux transactions de s'effectuer. Seulement le principe même de la blockchain fait qu'elle s'allonge à mesure que la monnaie qui la mobilise (ici par exemple : le Bitcoin) est populaire. Plus nombreux sont les détenteurs de Bitcoins, plus nombreux doivent être les mineurs qui valident les blocs, et donc plus énorme est la consommation électrique y étant dédiée.


À ce sujet, les estimations sont aussi nombreuses et variées que l'est le cours des différentes cryptomonnaies. Krause et Tolaymat se font le relais de différentes sources avançant des chiffres allant du simple au double.

Ainsi en 2017, le réseau Bitcoin aurait consommé environ 44 TWh en 2017 - soit l'équivalent de la consommation électrique de Hong Kong. Une autre étude avance le chiffre de 22 TWh pour la même année, soit la consommation d'un pays comme l'Irlande. Des estimations bien plus mesurées existent, et positionnent la consommation énergétique du Bitcoin au niveau de celle annuelle du Yémen (5,2 TWh).

Décentralisée par nature, il est extrêmement difficile de quantifier avec exactitude la consommation électrique demandée par la blockchain du Bitcoin, ce qui explique les énormes disparités entre les études citées.

Le Bitcoin pourrait bouleverser le climat

Une autre étude, toujours relayée par Nature.com et citée en préambule dans cet article, dresse un constat encore plus alarmant. Dépendant du degré d'adhésion de l'humanité à la technologie de la blockchain et, plus particulièrement au Bitcoin, la consommation énergétique en découlant pourrait grimper de manière exponentielle. En résulterait une hausse du mercure de l'ordre de 2°C d'ici, au plus tard, 22 ans.

Plus précisément, si l'appropriation du Bitcoin était aussi rapide que celle de la carte bancaire, l'augmentation fulgurante du nombre de transactions causerait un réchauffement climatique de 2°C entre 11 et 16 ans seulement.

Car si les transactions en cryptomonnaies demandent déjà une quantité astronomique d'énergie, elles ne représentent qu'une partie infime de la masse de transactions dématérialisées ayant lieu chaque seconde. Selon la même étude, près de 315 milliards de transactions bancaires sont effectuées tous les ans dans le monde. Celles en Bitcoin n'en représentaient que 0,033% en 2017.

Bitcoin consommation énergie
Le système Visa est bien plus efficient que celui de Bitcoin. © Bitcoin Energy Consumption

Prenons ainsi l'exemple de la consommation énergétique du système Visa. D'après les informations de Hackernoon relayées par Cryptoast, Visa consommerait environ 100 TWh par an dans le monde. Un nombre incroyablement plus élevé que celui du système Bitcoin, à ceci près que l'échelle de valeur est loin d'être identique. Là où Visa à enregistré près de 141 milliards de transactions dans l'année, Bitcoin n'en a supporté que 300 millions. Le rapport d'efficience est donc infiniment plus faible pour la cryptomonnaie, qui consomme jusqu'à 400 000 fois plus d'électricité que Visa pour mener à bien une seule transaction.

Les cryptomonnaies vont-elles nous mener à notre perte ?

Pour autant, le minage de Bitcoins n'est pas une fin en soi. En effet parmi les critiques de cette théorie de l'effondrement causé par les cryptomonnaies, on trouve les militants du Lightning Network, qui aurait pour fonction de faciliter grandement les validations de transactions dans la chaîne de blocs. Très grossièrement, cette technologie permettrait de créer des passerelles au sein de la blockchain afin d'acheminer plus rapidement les cryptomonnaies entre portefeuilles ; ce qui consommerait par conséquent beaucoup moins d'énergie.

Seulement l'adoption de ce genre de système sera forcément parcellaire, au sens où il créerait de facto une sorte de centralisation entre les portefeuilles qui serviraient de hub aux transactions. De plus, le Lightning Network rendrait obsolète le minage, ce qui risque de ne pas beaucoup plaire à celles et ceux ayant investi massivement dans des ASICs pour accroître leur rendement.

Mais si l'avenir que nous réservent les cryptomonnaies est encore flou, de nombreuses entreprises n'hésitent pas à faire tapis sur ces technologies. Quitte, parfois, à souffler toute tentative visant à équilibrer le rapport de force entre révolution technologique et impératifs écologiques. Au Maroc, une ferme de minage de cryptomonnaies espère parvenir à une capacité de production électrique de l'ordre de 900 MW.

Voyez-vous les cryptomonnaies comme une formidable avancée technologique, ou au contraire comme un désastre écologique ?
Pierre Crochart
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Commentaires (10)
obyoneone

on nous dit que la planète va mourir, c’est faux, les humains vont mourir ! Et la planète s’en remettra très bien sans nous.

Phoenamandre

Alors qu’il existe des monnaies bien plus écolos, mais ça attire moins celles et ceux qui veulent juste s’enrichir $$$$

Prix à payer pour niquer les banques… Ou pas, la production de monnaie ne fait que changer de mains avec le bitcoin, mais ce sera toujours des riches trop riches qui en profiteront

zulman

c’est l’effet idiocratie… on fonce dans un mur et on crois qu’on va freiner à 1 centimètre de celui-ci. Le monde va mal, les cons et les violents dirigent le monde, comme avant me direz vous, mais pas à ce point là…Le célèbre Archimède fabriquait des miroirs ardents pendant le siège de Syracuse par les romains…L’intelligence contre la barbarie… on est toujours en plein dedans…et c’est très souvent l’intelligence qui perd le 1er combat…

gnagnagna

Quand le sage montre la Lune, l’idiot regarde le doigt… Vous êtes consternant, renseignez vous donc un peu sur ce qui se passe déjà à cause d’un malheureux degré de plus…

HoYoHoYo31

C’est exactement ça, on va juste être effacé et un renouvellement comme ça toujours été

manu0086

Pas grand chose… des millions de personnes vont devoir migrer et ? non ça ne va pas changer la face du monde.
L’Homme s’est toujours adapté et continuera de le faire, quelques millions de morts, voir un milliard, ça ne va pas le tuer… Il y aura beaucoup plus de morts dans les guerres que par le changement climatique lui-même.

Doss

+1, le problème ce n’est pas la tolérance de l’humain à la monté des températures mais l’effet boule de neige que ce peut crée sur notre planète. Par exemple, aujourd’hui la monté des température augment les incendies de forêt, ces incendies de forêt produisent énormément de gaz à effet de serre qui augmente donc les températures qui augmente donc les incendies de forêt etc… A un moment ça va s’emballer et l’humanité pourra se vanté d’être responsable de la 6eme extinction de masse.

Vince675

Combien de MW consomme les banques mondiales ?

tmtisfree

Combien ont coûté à l’humanité toutes ces études ineptes et le torchon ci-dessus ?

Vous tenez à votre santé mentale et à votre porte-monnaie ? Ignorez ces merdias incompétents relayant de l’intox fabriquée par des activistes dévoyant la Science pour avancer leur idéologie anti-humaine. L’Histoire récente est là pour nous le rappeler.

KlingonBrain

@Doss Ne pas oublier que ces questions sont relativement controversées. Donc ne prenons pas pour argent comptant toutes les théories qui passent.

D’ailleurs, en ces temps de raréfaction du travail, tout devient sujet à récupération, à exploitation d’opportunités de la part de politiques, de scientifiques en mal de célébrité et d’industriels qui voient de belles opportunités pour forcer au renouvellement des biens.

Bref, même si je crois sincèrement que le réchauffement climatique est une réalité, il ne faut pas négliger la dimension “business” de l’affaire. Le business du catastrophisme, du sensationnel... et du clic.

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