Pour blanchir l'argent volé, des cybercriminels passent par les services de Uber ou Airbnb

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 14 février 2019 à 14h42
uber chauffeurs

Il existe de nombreuses méthodes pour blanchir de l'argent obtenu frauduleusement. Les cybercriminels, eux, utilisent les nouvelles technologies.

Pour blanchir leurs gains acquis illégalement, les cybercriminels 2.0 se tournent vers les nouveaux systèmes bien connus du grand public. Par exemple, ils peuvent recruter des hôtes Airbnb ou des chauffeurs Uber, voire des spécialistes de la conversion cryptographique qui sévissent sur le Dark Web pour mener à bien leur entreprise, comme le rapporte CNBC.

Mise à jour du 14/02 - Commentaire de Airbnb France
« En tant qu'acteur de l'écosystème financier, Airbnb prend ses responsabilités très au sérieux et a développé des modèles, systèmes et procédés sophistiqués afin de détecter et prévenir toutes formes d'abus et d'activités illégales. En complément de ses propres contrôles, Airbnb travaille avec d'autres acteurs du système financier, notamment des institutions financières, des organismes de régulation et des autorités chargées de l'application des lois, à l'identification de nouvelles pratiques et leur partage toutes les informations utiles dans le cadre de la lutte contre ces activités illicites ».


Des techniques de plus en plus créatives

Concrètement, les cybercriminels utilisent des techniques souvent différentes de celles privilégiées pour blanchir d'autres types d'argent sale. Ziv Mador, qui dirige l'équipe de recherche SpiderLabs de Trustwave, une société de cybersécurité, indique que les techniques et les méthodes de lutte contre la cybercriminalité se propagent rapidement sur les marchés noirs, ce qui permet aux cybercriminels de garder les devants.

Les méthodes utilisées pour le blanchiment d'argent sont de plus en plus créatives et passent par des services que nous pouvons utiliser au quotidien, ancrés dans la sphère économique actuelle. Les criminels peuvent par exemple recruter des chauffeurs Uber et faire sembler d'assurer un trajet. En réalité, le criminel ne se montre jamais, mais utilise l'argent sale provenant d'une carte de crédit dérobée pour payer la course.

En contrepartie, le chauffeur reverse une partie du paiement du trajet au cybercriminel. Plusieurs annonces de « recrutement » sont d'ailleurs visibles sur le Dark Web. Depuis le retrait d'Uber de la Chine en 2016, le phénomène s'est estompé, mais il existerait toujours. La société collabore régulièrement avec les autorités américaines pour faire tomber les fraudeurs.

Les cryptomonnaies servent à masquer la provenance de l'argent sale

Le système est à peu près le même avec Airbnb. Les hôtes répondent aux annonces postées sur le Dark Web, mais au lieu d'accueillir un voyageur en chair et en os, ils préfèrent accepter le paiement d'un faux utilisateur, qui n'a évidemment pas l'intention de se présenter et d'occuper le logement. Une fois que l'argent a transité par le système de la plateforme, l'hôte n'a plus qu'à rembourser une partie du montant au criminel. Des annonces ont été repérées en russe sur le Dark Web en 2018.

Airbnb assure avoir développé des « modèles, systèmes et processus sophistiqués pour détecter et prévenir toutes les formes d'abus et d'activités illégales ». La société collabore avec des acteurs du système financier et des organismes de réglementation et de répression pour stopper les activités des cybercriminels.

En parallèle, des méthodes plus traditionnelles sont toujours autant utilisées, comme les achats de cartes-cadeaux ou l'achat de gros d'iPhone avec de l'argent sale, ensuite revendus à des prix plus intéressants. Les paiements en monnaie virtuelle sont aussi dans le vent, car ils permettent diverses couches transactionnelles qui viennent masquer la véritable provenance de l'argent. Mador a repéré l'annonce d'un fournisseur de service qui offre un « moyen de nettoyer vos pièces sales... Envoyez-moi le Bitcoin et je le changerai en XMR », une autre cryptomonnaie, « puis reconvertissez-le en Bitcoin et envoyez-le dans un tout nouveau portefeuille. [...] Vous pourrez dépenser la pièce en toute tranquillité. Nous facturons ce service à 5 % ». On n'arrête pas le progrès...

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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PsykotropyK

Ce que vous décrivez n’est pas une façon de blanchir de l’argent mais une façon d’utiliser des cartes de crédit volées.

Le blanchiement consiste à réinjecter dans un circuit légal et déclaré de l’argent obtenu illégalement. Celà rend cet argent légitime aux yeux de l’état. Par exemple avoir une société de lavage auto dans laquelle on viendrait déclarer le cash perçu via la vente de shit.

On paye des impôts dessus et tout, mais pour l’état c’est issue d’une activité économique normale. Et donc si vous êtes contrôlé vous pourrez justifier l’origine des fonds (mais monsieur ça vient de ma société de lavage auto regardez je paye mes impôts dessus)

Dans ce que vous décrivez il s’agit d’une technique pour extraire de l’argent d’un compte pour lequel on a les données de carte bancaire. L’argent extrait n’est pas déclaré légalement vu qu’il s’agit d’un transfert de la main à la main. L’argent n’est pas blanchi. Par exemple si vous avec 50 mecs qui vous reverse 300 euros par mois comme ça et que vous les déposez sur votre compte vous pouvez être sûr que dans les 2 mois les flics débarquent chez vous et vous serez incapable de justifier de l’origine des fonds.

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