Il existe de nombreuses méthodes pour blanchir de l'argent obtenu frauduleusement. Les cybercriminels, eux, utilisent les nouvelles technologies.
Pour blanchir leurs gains acquis illégalement, les cybercriminels 2.0 se tournent vers les nouveaux systèmes bien connus du grand public. Par exemple, ils peuvent recruter des hôtes Airbnb ou des chauffeurs Uber, voire des spécialistes de la conversion cryptographique qui sévissent sur le Dark Web pour mener à bien leur entreprise, comme le rapporte CNBC.
« En tant qu'acteur de l'écosystème financier, Airbnb prend ses responsabilités très au sérieux et a développé des modèles, systèmes et procédés sophistiqués afin de détecter et prévenir toutes formes d'abus et d'activités illégales. En complément de ses propres contrôles, Airbnb travaille avec d'autres acteurs du système financier, notamment des institutions financières, des organismes de régulation et des autorités chargées de l'application des lois, à l'identification de nouvelles pratiques et leur partage toutes les informations utiles dans le cadre de la lutte contre ces activités illicites ».
Des techniques de plus en plus créatives
Concrètement, les cybercriminels utilisent des techniques souvent différentes de celles privilégiées pour blanchir d'autres types d'argent sale. Ziv Mador, qui dirige l'équipe de recherche SpiderLabs de Trustwave, une société de cybersécurité, indique que les techniques et les méthodes de lutte contre la cybercriminalité se propagent rapidement sur les marchés noirs, ce qui permet aux cybercriminels de garder les devants.Les méthodes utilisées pour le blanchiment d'argent sont de plus en plus créatives et passent par des services que nous pouvons utiliser au quotidien, ancrés dans la sphère économique actuelle. Les criminels peuvent par exemple recruter des chauffeurs Uber et faire sembler d'assurer un trajet. En réalité, le criminel ne se montre jamais, mais utilise l'argent sale provenant d'une carte de crédit dérobée pour payer la course.
En contrepartie, le chauffeur reverse une partie du paiement du trajet au cybercriminel. Plusieurs annonces de « recrutement » sont d'ailleurs visibles sur le Dark Web. Depuis le retrait d'Uber de la Chine en 2016, le phénomène s'est estompé, mais il existerait toujours. La société collabore régulièrement avec les autorités américaines pour faire tomber les fraudeurs.
Les cryptomonnaies servent à masquer la provenance de l'argent sale
Le système est à peu près le même avec Airbnb. Les hôtes répondent aux annonces postées sur le Dark Web, mais au lieu d'accueillir un voyageur en chair et en os, ils préfèrent accepter le paiement d'un faux utilisateur, qui n'a évidemment pas l'intention de se présenter et d'occuper le logement. Une fois que l'argent a transité par le système de la plateforme, l'hôte n'a plus qu'à rembourser une partie du montant au criminel. Des annonces ont été repérées en russe sur le Dark Web en 2018.Airbnb assure avoir développé des « modèles, systèmes et processus sophistiqués pour détecter et prévenir toutes les formes d'abus et d'activités illégales ». La société collabore avec des acteurs du système financier et des organismes de réglementation et de répression pour stopper les activités des cybercriminels.
En parallèle, des méthodes plus traditionnelles sont toujours autant utilisées, comme les achats de cartes-cadeaux ou l'achat de gros d'iPhone avec de l'argent sale, ensuite revendus à des prix plus intéressants. Les paiements en monnaie virtuelle sont aussi dans le vent, car ils permettent diverses couches transactionnelles qui viennent masquer la véritable provenance de l'argent. Mador a repéré l'annonce d'un fournisseur de service qui offre un « moyen de nettoyer vos pièces sales... Envoyez-moi le Bitcoin et je le changerai en XMR », une autre cryptomonnaie, « puis reconvertissez-le en Bitcoin et envoyez-le dans un tout nouveau portefeuille. [...] Vous pourrez dépenser la pièce en toute tranquillité. Nous facturons ce service à 5 % ». On n'arrête pas le progrès...