La sécurité autour du bitcoin est à nouveau remise en question

Thomas Pontiroli
Publié le 06 janvier 2015 à 13h06
On croyait que les sites d'échange de bitcoins ayant survécu à l'ère Mt.Gox avaient prouvé leur fiabilité mais Bitstamp, numéro 3 mondial, vient de perdre 19 000 BTC. Le problème reste le mode de stockage.

Le spectre de Mt.Gox plane à nouveau sur le bitcoin. Cela fait un an que la plateforme d'échange japonaise a fait faillite, entraînant dans son sillage la perte de 450 millions de dollars et la crédibilité de la monnaie, qui commençait tout juste à s'en remettre. Brian Armstrong, le fondateur de la plateforme américaine Coinbase, nous l'assurait en octobre : Mt.Gox est de la vieille école et a laissé la place à des outils plus fiables. Pas sûr.


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Depuis lundi 5 janvier, Bitstamp, considéré comme le numéro trois mondial du bitcoin, est fermé. La cause est expliquée sur la page de garde de son site Internet : « Le 4 janvier, certains portefeuilles de bitcoin ont été compromis, menant à la perte de 19 000 BTC. » En d'autres termes, la plateforme a été piratée. Tous les clients ont « immédiatement été informés de cela et invités à ne plus faire de dépôts », souligne Bitstamp.

Bitstamp va-t-il connaître le sort de Mt.Gox ?

Vu de loin, le piratage de Mt.Gox et celui de Bitstamp sont similaires, à ceci près que le volume perdu par le japonais fut près de 50 fois plus conséquent. D'après le journal japonais The Yomiuri Shimbun au début de janvier, l'attaque de Mt.Gox n'en était pas vraiment une, et une partie des bitcoins volés l'ont été par des personnes internes à l'entreprise... En fait, à peine 1% de la monnaie dérobée l'aurait été par des pirates.

Dans le cas de Bitstamp, on ne connaît pas encore la nature de la faille. Personne n'a revendiqué d'attaque au moment où nous rédigeons ces lignes. De la même façon que Mark Karpelès, le fondateur et PDG de Mt.Gox, affirmait travailler « dur » à la résolution des problèmes de sa plateforme en février 2014, Nejc Kodric, le co-fondateur et directeur de Bitstamp, déclare faire de même, et que les autres bitcoins sont sécurisés.

Le stockage à chaud, talon d'Achille du bitcoin

Le problème de Bitstamp - et qui pourrait concerner d'autres plateformes, y compris le numéro un mondial Coinbase - est qu'elle propose à ses clients des transferts de monnaie en temps réel. Or, cette disponibilité implique de stocker une partie des devises « à chaud », c'est-à-dire sur des serveurs reliés à Internet. D'après Nejc Kodric, entre 10 et 15% de ses réserves seraient ainsi stockées... et donc exposées à des attaques.


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Selon des estimations réalisées par les membres de forums dédiés au bitcoin et relayées par ZDNet US, près de 19 000 bitcoins seraient gardés à chaud (sur un total proche de 184 000 BTC). Gonzague Grandval, PDG et fondateur de la plateforme française Paymium assure qu'il se doutait que Bitstamp finirait par être piraté. « C'est le problème sans fin des portefeuilles connectés et on le dit depuis longtemps, car ces bitcoins sont peut-être immédiatement disponibles, mais ils sont aussi très convoités par les pirates », observe l'expert.

Faut-il à nouveau avoir peur du bitcoin ?

Paymium a fait le choix de stocker toutes ses devises « à froid », sur des serveurs hors ligne. Avantage : les bitcoins sont, en principe, hors de portée des pirates. Revers de la médaille : il faut quelques heures avant de pouvoir les retirer. Mais pour Gonzague Grandval, c'est le prix à payer pour sécuriser la monnaie et conserver la confiance des clients - en 2014, le français a attiré Showroomprivé et une filiale de la Poste comme clients.

Lui, recommande aux entreprises de se tourner vers des plateformes ayant opté pour du stockage à froid, et appelle à ne pas confondre les opérateurs et la devise. « Ça n'est pas parce qu'une plateforme a montré des failles que la monnaie n'est pas fiable », alerte le spécialiste. Il concède aussi que ce genre d'avarie « alerte sur la qualité de certains opérateurs », et déprécie le cours du bitcoin - il vient de passer sous 300 dollars.

Pour lui, la volatilité du bitcoin, souvent agitée comme un épouvantail par les réfractaires à cette devise, ne doit pas concerner les clients finaux dans leurs activités. L'astuce de Paymium pour les protéger de ces taux de change parfois trop variables est de convertir immédiatement leurs stocks de bitcoin en euro.


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