Au début de l'été, alors que la Grèce n'avait jamais été aussi proche d'être exclue de la zone euro (« Grexit »), la presse rapportait que le pays accueillait son premier distributeur de bitcoins. Un symbole. Cette devise avait même, quelques mois plus tôt, été suggérée comme alternative à l'euro. L'auteur de ce qui était en fait un poisson d'avril : Yanis Varoufakis, le ministre des Finances. Bientôt, 1 000 distributeurs seront installés.
Bitcoin, une valeur refuge ?
Ce qui pousse les Grecs - un fragment de la population du moins - vers cette monnaie ? Le spectre de la sortie de l'euro d'abord. Le retour de la drachme et une forte dévaluation. La fermeture provisoire des banques en juillet. Et de façon plus pragmatique, le plafond des retraits journaliers de 60 euros contribuerait lui aussi à adopter une monnaie qui échappe au contrôle de l'État. Par essence, le Bitcoin est une devise décentralisée.Conséquence de tout cela : l'achat de bitcoins dans le pays a quadruplé au mois de juin. Hors du périmètre des établissements financiers, les bitcoins peuvent circuler d'un pays à l'autre et ne sont pas vraiment taxés - des frais sont tout de même appliqués par les plateformes, mais ils sont très bas comparés à Western Union. Mais contrairement à la légende - et au cash, très populaire dans le pays - aucun anonymat n'est garanti.
« Le succès du Bitcoin est inversement proportionnel à la confiance des citoyens dans les monnaies fiduciaires comme le dollar ou l'euro », analysait pour La Tribune en juillet Manuel Valente, ingénieur spécialisé à la Maison du Bitcoin à Paris. Et il n'en faut pas plus pour que certains en fassent une valeur refuge, et que le cours s'envole. Lors de la crise chypriote en 2013, le Bitcoin avait ainsi bondi de 700 %.
Un millier de distributeurs
Pour répondre à cet engouement - même s'il est redescendu depuis -, la plateforme grecque BTCGreece, en partenariat avec son homologue européenne Cubits, prévoit d'équiper le pays d'un millier de distributeurs à compter du mois d'octobre. Selon CNBC, 300 magasins auraient manifesté le souhait d'être équipés. Thanos Marinos, fondateur de BTCGreece, est prudent, mais estime que c'est le bon moment pour tester le marché.Contrairement à une borne de retrait bancaire classique, ce genre de machine a pour vocation de faire le change entre une monnaie physique et la devise virtuelle. L'opération consiste donc à insérer des billets en euro, ce qui créditera en retour le portefeuille numérique de l'équivalent en bitcoins. Ces bornes serviront, sans doute, aux Grecs qui veulent utiliser le Bitcoin comme un placement - assez risqué. Mais ensuite ?
Sur la plateforme grecque BTCGreece, le cours a connu un pic durant l'épisode du « Grexit »- Source : BTCGreece.
La CB plutôt que le BTC
Il semble peu probable que ces machines soient utilisées pour des opérations de change dont la finalité est de remplacer le cash. C'est-à-dire, que les Grecs se mettent à payer en bitcoins. Car combien de boutiques sont équipées pour ces transactions ? Et puis, les consommateurs ont déjà trouvé la parade, bien plus simple : la carte bancaire ! Selon Bloomberg, leur nombre a bondi de 1 million en un mois, et les paiements, de 135 %.Pendant ce temps, le cours du Bitcoin en Grèce est revenu à son niveau d'avant-crise, à un peu plus de 200 euros, contre 280 au moment le plus grave. Qui sait, les distributeurs provoqueront peut-être sa chance.
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