Economie collaborative : 3 questions à Airbnb, BlaBlaCar et Lyft

Thomas Pontiroli
Publié le 10 décembre 2014 à 07h34
La conférence LeWeb 2014 s'est ouverte mardi 9 décembre aux Docks de Paris pour trois jour. Thème central, l'économie collaborative a décollé cette année, et soulève au moins trois questions.

Le secteur de l'économie collaborative est en plein essor. En 2014, il a concentré plus d'investissements que les réseaux sociaux, avec 8 milliards de dollars levés, contre à peine 1,5 l'année précédente. Lors de la conférence LeWeb 2014 à Paris, Jeremiah Owyang, expert de l'économie de partage - il en est aussi le promoteur, via sa société Crowd Companies - note que ce modèle est particulièrement prégnant dans le domaine des transports, avec la double levée de fonds record d'Uber de 1,2 milliard de dollars cette année.




En France, BlaBlaCar se targue également d'être l'auteur d'une des plus grosses opérations de ce genre.
D'après Jeremiah Owyang, d'autres secteurs ont été gagné par le collaboratif en 2014, comme les services municipaux, la nourriture ou le monde de l'entreprise. Ce développement pose trois grandes questions, auxquelles ont répondu Frédéric Mazzella, fondateur et PDG de BlaBlaCar, Olivier Grémillon, responsable d'Airbnb Europe et David Estrada, en charge des relations gouvernementales de Lyft (le concurrent d'Uber).

  • Pourquoi est-ce que l'économie collaborative explose seulement maintenant ?

David Estrada : Le décollage de ces services correspond avec celui des smartphones, et des écosystèmes applicatifs, rendus possibles par le développement de l'Internet mobile. Pour moi, ce sont les infrastructures qui ont vraiment permis de connecter les gens entre eux, et donc de les inviter à partager leurs activités.

Frédéric Mazzella : L'utilisation des ressources est devenue de plus en plus coûteuse pour chaque individu et si l'on s'intéresse au domaine de l'automobile, on voit que la plupart des personnes sont seules à bord, ce qui rend le coût unitaire de chaque véhicule très élevé. Le partage permet de mieux supporter ces frais.

Olivier Grémillon : Beaucoup de personnes nous demandent si ce phénomène est lié à la crise. C'est inévitablement l'une des raisons. Les gens aiment l'idée d'optimiser leur maison, leur appartement ou leur voiture, et de mieux amortir leurs coûts. Cela s'accompagne aussi d'une prise de conscience écologique.

  • Comment garantir la confidentialité et la sécurité de tous les utilisateurs ?

Olivier Grémillon : Honnêtement, le nombre de problèmes dans les appartements est très faible. Pour se prémunir de tout impair, nous vérifions le profil des hôtes et des locataires en regardant plusieurs documents comme leur pièce d'identité, leur permis de conduire et en vérifiant leur réputation en ligne. On s'assure pour cela qu'il n'y a pas de faux avis car la confiance est centrale dans une économie de partage.


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Frédéric Mazzella : Il y a parfois une certaine inquiétude des utilisateurs au sujet de leurs données personnelles mais il faut savoir que chez nous, nous n'utilisons aucune donnée nominative. Elles restent anonymes et ne sont employées qu'à des fins d'analyse. Tout notre service est bâti sur la confidentialité. L'une des meilleures façons de mesurer le respect de la vie privée des membres est d'utiliser l'application.

David Estrada : Dans le secteur des voitures avec chauffeur, il y a beaucoup d'acteurs, c'est très compétitif et autant d'investisseurs sont intéressés. Cela signifie qu'on est obligés de fournir un certain niveau de sécurité et de confiance à nos utilisateurs, sous peine de se faire éjecter. C'est vrai que l'on connaît tous les trajets et les horaires des utilisateurs mais pour autant, tout le monde n'y a pas accès. Il y a plusieurs niveaux d'accès.

  • Quelles relations entretenez-vous aujourd'hui avec les gouvernements ?

Frédéric Mazzella : Dans le cas de BlaBlaCar, il est absolument important de rappeler que les conducteurs ne réalisent aucun profit. Ce ne sont pas des professionnels qui concurrenceraient les taxis par exemple. Ils ne font que partager leurs coûts. Dans notre situation, la relation avec les gouvernements est assez simple.

Olivier Grémillon : Il y a 25 ans, Internet n'existait pas. Alors il est normal que lorsque de nouveaux modèles émergent en mettant à profit de nouvelles technologies, sur lesquelles le droit n'est pas encore à jour, cela fasse débat. C'est ainsi que les choses évoluent. Le débat est sain mais il faut combattre les préjugés.

David Estrada : Nous entretenons tous les jours des relations avec les gouvernements. La première chose qu'ils nous demandent est de garantir la sécurité des utilisateurs. Nous voulons leur montrer que nous pouvons créer un service sûr. Si un service est plébiscité par le public, alors la loi ne pourra que suivre...


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