Il est le premier des dix astronautes français à partir définitivement pour les étoiles… Pourtant, Jean-Jacques Favier, 73 ans, reste relativement méconnu. Scientifique avant tout, il avait volé sur la navette Columbia pour la mission record STS-78, passant plus de 16 jours en tant que « cobaye » avant la mise en place de l'ISS.
Il était le sixième Français à être allé en orbite.
Astronaute, mais aussi et surtout scientifique
N'étant pas militaire ni pilote d'essai, il avait fallu à Jean-Jacques Favier la patience d'attendre une sélection d'astronautes français ouverte aux scientifiques, en 1985. Avec un double doctorat en ingénierie de l’École des Mines et de métallurgie à l'université Joseph Fourier de Grenoble, celui qui est resté chercheur du CEA n'avait pas le profil type des pionniers. Il avait plutôt celui des expérimentateurs de la grande aventure des stations en orbite basse. Détaché aux États-Unis après sa formation, il se prépare pour une mission en tant que spécialiste de mission. Il déclarait : « J'ai un profil assez atypique, je ne suis pas pilote, mais astronaute-physicien. »
Il est d'abord formé pour la mission STS-65 (il sera réserviste), puis pour son vol sur la navette Columbia avec STS-78, qui décolle le 20 juin 1996. Avec l'aide du laboratoire orbital Spacelab, les astronautes vont réaliser un florilège d'expériences scientifiques de plus de deux semaines préparant les futures activités et les rythmes de la Station spatiale internationale. Après un vol record pour l'avion spatial américain de 16 jours et 21 heures, la navette se pose en Floride. Ce sera l'unique vol de Jean-Jacques Favier, qui reprendra après son retour en France ses activités d'enseignant-chercheur.
Un rêve d'espace partagé
À la retraite depuis plusieurs années, Jean-Jacques Favier a partagé son expérience et sa passion pour la science comme pour l'espace lors de nombreux rendez-vous et conférences, en particulier dans les grandes écoles et universités. Il est décédé le 19 mars 2023 à l'âge de 73 ans. Il s'agit malheureusement du premier décès parmi la petite communauté des astronautes français, qui ne compte que dix membres (onze en comptant Sophie Adenot, qui va démarrer sa formation), dont une grande majorité en retraite.
L'agence spatiale française, qui lui rend hommage aujourd'hui dans un communiqué, salue le parcours de l'astronaute et scientifique. Celui-ci déclarait en 2018 : « L'espace est un laboratoire de physique fondamental. » Il souhaitait que le voyage spatial puisse un jour s'ouvrir à tous.
Source : CNES
