Les USA vont utiliser les données des smartphones pour traquer l'épidémie de coronavirus

Christelle Perret
Publié le 30 mars 2020 à 14h26
géolocalisation

Alors que plus de 100 000 personnes sont touchées par le COVID-19 aux Etats-Unis, le gouvernement prévoit d'exploiter les données de localisations mobiles des habitants pour suivre leurs déplacements et lutter plus efficacement contre la propagation du virus.

Du côté de la France, si Christophe Castaner assure que le traçage numérique n'est pas d'actualité, le gouvernement ne ferme pas complètement la porte à cette option pour les semaines à venir.


Ralentir l'hécatombe du COVID-19 aux Etats-Unis

Alors qu'en France, le COVID-19 nous contraint au confinement depuis deux semaines (et pour encore au moins deux semaines), aux Etats-Unis la situation est catastrophique. Le pays a pris du retard face à l'arrivée de la maladie sur le territoire, tandis que le Président Donald Trump minimisait la gravité de l'épidémie. Cela vous rappelle probablement quelque chose.

Là-bas, la situation a pris une telle ampleur que vendredi 27 mars, on dénombrait déjà plus de 100 000 personnes atteintes par le coronavirus et 1 600 décès. Et les prévisions sont mauvaises. Selon l'école de médecine de l'université de Washington, le pays devrait compter entre 38 000 et 162 000 décès en deux mois.

Aussi, pour lutter plus efficacement contre la propagation exponentielle du virus, les USA souhaitent exploiter les données de localisations générées par la publicité mobile. Les opérateurs de téléphonie n'ont pas été sollicités, mais le gouvernement discute depuis mi-mars avec Facebook, Google et d'autres sociétés disposant des données de localisation de leurs utilisateurs.


Localiser pour suivre le respect des ordonnances de confinement

À terme, le gouvernement américain souhaite ainsi déployer un portail avec les informations de géolocalisation des Américains, dans une centaine de villes du pays. L'objectif ? Tracer les déplacements des habitants et, surtout, veiller au respect des ordonnances de maintien à domicile des personnes infectées. Déjà, des données de géolocalisation anonymisées ont été exploitées pour débusquer des attroupements dans des parcs et prévenir les autorités locales.

Évidemment, diverses inquiétudes commencent à émerger concernant la protection de la vie privée et des données personnelles. Aux USA, les défenseurs des droits ont réclamé que l'utilisation de ces informations soit limitée, et qu'elles ne servent pas à d'autres fins, notamment commerciales. La géolocalisation semble par ailleurs pointer son nez partout autour du globe pour lutter contre le COVID-19, surtout après les « succès » enregistrés à Singapour et en Corée du Sud.

Pour lutter efficacement contre le COVID-19, il semble que nous devons tous faire preuve de souplesse vis-à-vis de nos libertés individuelles, à l'image de ce que nous vivons actuellement avec la fameuse attestation de déplacement dérogatoire.

Toutefois, il faut peut-être commencer à se poser une question, individuellement et collectivement : quelle est la limite ?

Source : The Verge
Christelle Perret
Par Christelle Perret

Bercée trop près des consoles de jeux vidéo et fortement soumise aux ondes des gadgets High Tech, j'ai développé une passion pour ces domaines qui rendraient violent / distrait / dépressif / cochez l'adjectif adéquat ou ajoutez-en un nouveau. J'aime les chats, Harry Potter et je pense que Le Seigneur des Anneaux, c'est mieux que Star Wars. J'assume, et j'ai même pas peur de le dire !

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KlingonBrain

La technodictature est en marche…

Car n’en doutons pas, ce n’est que le commencement de la surveillance de l’humain par la machine. Depuis le temps, on sait comment chaque évennement est prétexte à introduire de nouvelles technologies de surveillance.

Quand à détecter les cas de coronavirus, je suis plus que réservé sur cet usage compte tenue de la précision de ces données et la pertinence qu’on peut en tirer. Devra t’on vous mettre en quarantaine parce que vous habitez au dessus d’une boulangerie ? Ou parce que vous êtes passé à 15 mètre d’une personne contaminée ? Voir que vous étiez dans une rame de train avec une personne contaminée à 2 mètres dans une autre rame à l’arrêt. Et à l’arrêt au feu rouge à 2 mètre d’un contaminé ?
Bref, quelle pertinence à ces données compte tenue de leur imprécision ? Qui peut croire que cela peut servir à détecter une contamination ?
En tant qu’informaticien, je ne suis vraiment pas convaincu. A moins de croire qu’il sera utile de mettre 100000 personne en confinement juste parce qu’un contaminé aura traversé Paris en voiture.

Je pense que cela sera en revanche bien plus utile pour savoir qui se sera rendu à une manifestation.

Bien sûr, comme à l’accoutumé, le glissement sera progressif. D’abord on habitue les gens à accepter quelque chose en inventant une utilité, ensuite on étend son usage en catimini à d’autres cas (petite délinquance, etc). Et dans quelques années tout le monde sera fiché « pour votre sécurité » avec des IA qui analyseront nos moindres déplacements.

Et pour ceux qui diront « je m’en fous, j’ai rien à cacher », je leur répondrait : Oui, vous n’avez rien à cacher aujourd’hui et moi non plus. Mais qui vous dit que ce sera encore le cas demain ? Qui sait comment les loi pourront changer ? Qui peut savoir quel cinglé peut arriver au pouvoir ?

Il ne faut jamais oublier que la démocratie repose sur le pouvoir du peuple. Si la notion d’opposant politique ne peut plus exister, la démocratie n’existe plus. Et c’est une simple question de temps avant de voir apparaître de graves dérives de la loi puisqu’il n’y aura plus personne pour pouvoir s’y opposer. Le jour ou ceux qui dirigent ne craindront plus le peuple, la liberté n’existera plus.

A ceux qui disent qu’il faut sauver des vies, je leur répondrait d’ouvrir un livre d’histoire pour comprendre combien de vies nos ancêtres ont sacrifié pour que nous puissions naître dans un pays libre et démocratique.

Soyez digne de ce cadeau, défendez les libertés. Refusez le flicage numérique et la technodictature qui progresse tous les jours un peu plus.

KlingonBrain

Et comment une géolocalisation très imprécise pourrait t’elle permettre de détecter un contact potentiellement contaminant ?

Rappelons le, il faut des conditions bien précises de distance et/ou de promiscuité. On ne se fait pas contaminer juste parce qu’on à croisé une personne contaminée marchant sur le trottoir d’en face.

Les données collectées par les opérateurs sont t’elles suffisamment précise pour cette détection. Selon toute vraisemblance, la réponse est non. Et c’est encore pire dans les couloirs de métro et les bâtiments. Et ne parlons même pas des magasins.

Pire, on peut être contaminé pour avoir porté la main à son visage après avoir touché une poignée de porte plusieurs heures après qu’un contaminé ait éternué dans dans sa main, puis touché la dite poignée de porte. Comment on détecte ça ? Réponse : on peut pas, c’est impossible.

Ma conclusion : utilité non prouvée.

En tant qu’informaticien, je vois bien plus comment ces données peuvent servir à détecter la présence de telle ou telle personne dans une manif. Mais pour savoir qui sera contaminé, même avec des algo d’IA avancée, je ne crois pas un instant qu’on puisse en tirer quelque chose de pertinent.

Bref, pour moi ces technologies sont dangereuses pour les liberté en plus de n’avoir pas du tout démontré leur utilité dans les domaines pour lesquelles on cherche à nous les fourguer.

kellog89

Les Allemands ont tout compris ?
Je suis en Allemagne, le dépistage (test) peut être demandé uniquement par le médecin habituel quand on a des symptômes et que le médecin le juge utile. Le confinement est très souple, pas besoin d’attestation, on voit des cyclistes partout, tout le monde se promène, certains supermarchés sont étroits et les gestes barrière difficile à respecter. Quand aux contrôles… peut-être sur les autoroutes.
Oui, ils ont plus de lits en réanimation, et peu de morts, même problème de masques qu’en France, impossible à trouver.

KlingonBrain

Inventer l’utilité de connaitre le comportement des citoyens dans cette crise ?

Les gens vont travailler, ils vont faire leurs courses, ils vont à la boulangerie et ils prennent les transports en commun. Y a t’il vraiment besoin d’un flicage façon 1984 pour connaitre les plus grandes sources de contamination potentielles ? Je pense qu’en réfléchissant un tout petit peu, on les connait déjà…

Vu au journal de 20h sur Tf1 spécial corona le 26/03, les gens se font dépister dans leur véhicule, ils font la queue pour ça, entre autre.

Pour moi, ça c’est une excellente stratégie. Et je serais le premier à me faire dépister au moindre souci(et même sans).

Si on veut une stratégie de lutte efficace, investissons plutôt dans les masques de protection et les tests de dépistage, dans la livraison de vivres et le télétravail plutôt que dans des gadgets technologiques inefficaces et dangereux.

Quand aux quelques crétins qui rompent le confinement en catimini, dès qu’ils sauront qu’ils sont fliqués par leur téléphone, ils le laisseront à la maison. La encore, efficacité nulle. Il faudrait des bracelets électroniques inamovible pour l’empêcher. Cela viendra peut être un jour, mais c’est totalement infaisable à court terme. Et cela va sans dire, mortel pour les libertés individuelles, donc à n’accepter sous aucun prétexte.

KlingonBrain

100% de ton avis là dessus, pour le reste, le flicage façon 1984, je pense que c’est plus du fantasme qu’autre chose.

Ce n’est pas du fantasme puisque c’est bel et bien en passe de devenir réalité. Nous sommes de plus en plus surveillés, c’est un constat cartésien. Les caméra de surveillance, ça n’a pas toujours existé, la géolocalisation non plus. Et je ne parle même pas de la reconnaissance faciale qui débarque déjà dans certains pays.
Comment pouvez vous prétendre connaitre les répercussions à long terme sur nos libertés de tout ces changements et être aussi certain qu’ils n’entraîneront aucune conséquences néfastes ?
Hélas, il arrive bien souvent dans la vie que la réalité dépasse nos pires fantasmes. Et la, c’est le cas de le dire. Parce que même Georges Orwell n’avait pas imaginé les capacités de cette surveillance moderne.
Il faut surtout se méfier d’un bais de notre esprit que l’on nomme le « biais de normalité », c’est à dire l’idée que tout ce qu’on a toujours connu ne peut pas changer.
Il y a 2 mois, vous disiez aux gens que le Coronavirus allait foutre un beau bordel et faire des morts, personne ne vous croyait (alors qu’il était facile de le déduire par un simple calcul et des probabilités fortes).
Les livres d’histoire nous montrent que la liberté à toujours été un combat permanent. Votre génération n’a connu ni guerre ni menace et pense que la liberté est un fait acquis et immuable. Cette absence de conscience de la fragilité des liberté et même l’attrait idéologique pour la dictature chez un nombre croissant de gens, c’est objectivement un très mauvais présage.

Nous avons suffisamment de garde fou pour reprendre le contrôle ensuite, enfin je pense.

Les lignes maginot rassurent. Mais l’histoire démontre que rien n’est imprenable.

Les garde fou ne sont parfois que de peu d’utilité. Le moment venu, il suffit de faire peur à ceux qui sont censé les assurer. En France, ça se résume à seulement une poignée d’hommes…

D’ailleurs, ce n’est peut être même pas nécessaire. Il suffit de faire passer progressivement les loi d’exception nécéssaires au contournement de ces gade fou. Loi d’exception après loi d’exception : Contre le terrorisme, contre le coronavirus, contre les pédophilles, contre les nazi, contre ceci, contre cela.

Et regardez, plein de gens applaudissent, ils en redemandent. Ils veulent toujours plus de loi et de régimes d’exception.

Et puis un beau matin, vous allez vous réveiller, et paf les libertés…

reprendre le contrôle ensuite, enfin je pense

Cela, rien n’est moins sûr.

Avec l’efficacité technologique des IA pour repérer les signes faibles, la facilité de tracer instantanément tous les réseaux de personnes, la résistance à un régime serait extrêmement difficile.
Essayez d’imaginer la résistance française de la seconde guerre mondiale avec les outils technologiques d’aujourd’hui… et surtout, de demain.

Cela n’engage que moi, mais je pense que les pays qui perdront leur liberté avec de tels outils de contrôle pour les surveiller ne retrouveront pas leur liberté de sitôt, s’ils la retrouvent seulement un jour.

KlingonBrain

Tout à fait.

Comme vous le dites, la sagesse de l’homme est très relative. Et cela entraine naturellement des conséquences détestables.
Peut être que la solution est simplement d’abandonner l’idée qu’il pourrait exister un monde parfait. Comme l’a montré Huxley, nos velléités de perfections et de monde bien « sous controle » pourraient en définitive aboutir à un monde plus effrayant et malsain que ce que l’on cherchait à éviter.

Sur ce, je vous souhaite également une bonne journée…

kellog89

Oui, vu sur TF1 !, on ne nous dit pas tout.
Ils font la queue en voiture, c’est vrai, mais il faut qu’ils soient inscrits par leur médecin pour pouvoir faire le test.

i5i5

Merci Cola… bouh, je voulais dire Clubic, de nous aider à mieux supporter la dictature et l’obscurantisme !
Vous avez droit un bon point :slight_smile:

Blackalf

On a essayé le coup du drive-in pour dépistage en Belgique…il a fallu arrêter parce qu’il était submergé de gens qui venaient sans prescription de leur médecin et/ou sans même avoir de symptômes gif

Bref, ils ont très bien compris l’existence du service, mais ils ont totalement zappé les conditions yeux

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