Un design à part et débridé
On ne pourra pas reprocher aux Klipsch T5 de faire comme tous les autres. La différence saute aux yeux dès le contact avec le boîtier de charge. Loin des modèles plastiques tout en légèreté, Klipsch opte pour un matériau plus robuste et impressionnant. En l'occurrence, c'est un modèle façon zippo tout en acier inoxydable. Qu'on aime ou pas, le produit marque. Il est tout simplement impossible de trouver un équivalent, que ce soit sur la construction ou sur le design.Bien sûr cela à un coût, ou plutôt un poids, puisqu'il devient presque 4 ou 5 fois plus lourd qu'un boîtier de charge classique. Une vraie gueule, bercée par les racines un peu grasses et rétro de la marque. Le vieux rock, le blues, une sorte de croisement entre luxe et vintage. Reste que ce boîtier de charge intègre une prise USB-C, ainsi qu'un indicateur à 3 LED pour indiquer son niveau de charge. En revanche pas de charge sans-fil, ce qui était prévisible vu le matériau.
Un peu plus de classicisme sur les écouteurs en eux-mêmes... encore que ! Du plastique oui, presque exclusivement même, mais un plastique de plutôt bonne qualité servant un design assez différent du reste de la production. Un poil volumineux, les Klipsch T5 restent plutôt élégants, principalement grâce à leur dos cerclé et marqué de métal couleur bronze/cuivre, la couleur caractéristique de Klipsch.
Tout le monde n'accrochera pas, mais le duo boîtier + écouteurs se détachent de la masse. Tout cela se fait en sacrifiant légèrement l'intérêt principal des True Wireless à savoir la compacité, mais nous restons dans des chiffres encore acceptables : dimensions d'environ 50 x 50 x 30 mm avec un poids de 96,9 g pour le boîtier, et un poids de 5,5 g par écouteurs.
Enfin, les écouteurs sont certifiés IPX4, ce qui implique une résistance à la plupart des projections d'eau (mais pas au passage sous un jet d'eau).
Confort et tenue tout aussi atypiques
Un point est vraiment frappant dès la première insertion : le modèle est très intrusif. Tout en sachant que la plupart des True Wireless sont des intra-auriculaires (une canule et un embout rentrant dans le conduit auditif), tous possèdent des canules plus ou moins larges et profondes, pour des embouts et des orientations légèrement différentes. Mais en l'état, les Klipsch sont peut-être - Je n'ai pas essayé tous les modèles du marché - parmi les plus difficiles d'accès. La canule n'est pas extrêmement large, mais particulièrement longue, surtout pour un True Wireless.En l'état les Klipsch T5 n'iront clairement pas à tous le monde, et le choix des embouts peut s'avérer une véritable plaie. Ici, la longueur de la canule fait que tout le poids du modèle repose sur le canal auditif. Mais le problème n'est pas tant le poids que le calage. Le creux de l'oreille étant assez éloigné (longueur de la canule), il ne participe que partiellement à la bonne tenue dans l'oreille.
3 problèmes cohabitent ainsi. Premièrement le confort en lui-même, vraiment difficile d'oublier le modèle qui sera vraiment réservé aux habitués de l'intra. Deuxièmement la tenue un peu compliquée, totalement dépendante du conduit. La bonne taille d'embout est déjà difficile à trouver (équilibre entre diamètre pas trop intrusif et bonne tenue), mais les T5 sont dans tous les cas très perturbés par le moindre mouvement de mâchoires ou geste de la tête.
Acceptable en restant un minimum stoïque, cette tenue n'affiche aucune tolérance face aux activités sportives par exemple. Enfin son système de commande ne participe pas vraiment au confort. La canule va déjà assez profondément dans l'oreille et n'est pas stoppée par le fond plat de l'intra. En d'autres termes vous pouvez même aller un peu trop loin en appuyant sans faire exprès. Les Klipsch T5 TW basant sur un système de clic aux dos des écouteurs gauche et droit, la moindre commande applique une pression supplémentaire sur un modèle déjà intrusif. D'autres écouteurs choisissent ce système de clic, mais jamais en proposant un confort pareil.
La tenue un peu difficile, fait que l'isolation et le niveau de basses, pourtant plus qu'acceptable, sont constamment sur le fil du rasoir. Il arrive très régulièrement de devoir replacer les écouteurs à cause de cette « particularité », de percevoir le son presque rachitique par la sensation d'embouts à la limite de la chute ou même légèrement décalés.
Connexion vintage
Le principe de qualité de connexion est toujours un peu difficile à noter. Entre l'OS utilisé voire la chance (bugs pouvant venir du téléphone) plusieurs facteurs rentrent en jeu.Les Klipsch T5 True Wireless utilisent un système classique, mais qui commence à accuser son âge pour une grande marque, le principe de maître-esclave. Le modèle est simple : le consortium Bluetooth n'ayant jamais standardisé un fonctionnement pour des True Wireless (oui nous en sommes à ce niveau de stupidité), chaque marque doit bricoler son système.
Le plus classique et celui utilisé ici, maître-esclave (plusieurs variantes de ce même type existent), impliquent que la connexion Bluetooth passe par un seul écouteur, lequel va jouer à la fois le rôle de récepteur vis-à-vis du smartphone et le rôle d'émetteur pour envoyer le signal sur le second écouteur. Une méthode simple, mais très peu optimale. Le premier écouteur consomme beaucoup trop de batteries, la latence est immense, et la connexion du second écouteur très dépendante du premier, placé de l'autre côté du crâne. Au moins ici, il reste possible d'utiliser l'un et l'autre des écouteurs en mode mono. Ainsi l'un et l'autre apparaissent dans les appareils Bluetooth, mais seul l'un sera marqué comme connecté lors d'une utilisation stéréo.
Par titre de comparaison beaucoup d'écouteurs modernes, à commencer par les AirPods ou les WF-1000Xm3 de Sony utilisent une méthode dite de Sniffing (que l'on connaît généralement comme un terme de hacking). Dans un tel cas, le second écouteur intercepte le flux du premier et ne garde que le canal associé à son côté, ce qui diminue la latence et évite la ré-émission. Il existe une dernière méthode, laquelle va envoyer un flux mono aux deux écouteurs respectifs afin d'optimiser la bande passante et la latence, mais cette méthode est encore très rare : les huawei Freebuds 3 avec un smartphone sous Kirin 990 et EMUI 10 par exemple, ainsi que quelques rares modèles sous puce compatible (et correctement implémentée) Qualcomm Stéréo Plus. Bref, La connexion des Klipsch T5 est assez basique, et cela n'est pas totalement sans conséquence.
La qualité de réception est plutôt bonne en règle générale, avec une portée très acceptable, même si quelques sauts de son ont ponctué notre écoute, rien de vraiment dramatique. À ce titre, il est assez conseillé de rester sur un codec AAC et non AptX, ce dernier atteignant plus vite les limites du produit et proposant une expérience plus hachée en milieu difficile. Le principal souci vient plutôt des quelques bugs rencontrés, des petites hésitations à la connexion. Devoir remettre un écouteur, refermer la boîte, réessayer avec un autre pour que la connexion se fasse... une chose encore assez courante sur le modèle.
La latence est un semi-problème, puisque très importante, peu importe le codec (dont l'influence n'est que négligeable) mais compensée automatiquement par la grande majorité des applications de lecture vidéo sous Android et iOS. Par contre, n'espérez pas une utilisation confortable en jeu.
Nous pouvions nous y attendre, mais le produit n'est pas multipoints. Cela signifie qu'il n'est pas possible de se connecter sur deux produits à la fois en profil musical. Pour passer d'un flux audio à l'autre, il est donc nécessaire de se déconnecter de l'un pour se connecter à l'autre.
Enfin, les Klipsch T5 True Wireless sont compatibles avec les codecs SBC, AAC et AptX.
Ergonomie au parfum d'inachevé
Nous avions évoqué l'ergonomie, celle-ci est uniquement à base de clic. Cette approche n'est pas spécialement heureuse puisqu'elle implique une petite poussée dans le conduit à chaque pression.Sans être un miracle d'ergonomie, les commandes sont pourtant assez complètes, se basant sur la complémentarité des deux écouteurs. Un clic à droite déclenche la pause/lecture, un clic à gauche fait appel à l'assistant par défaut du téléphone. Deux clics permettent de respectivement avancer ou revenir d'une piste. Enfin, un appui long à gauche permet de baisser le volume, un appui long à droite permet de monter le volume. Le système de clic existe également en mode mono écouteur, mais dans une configuration réduite à une commande lecture/pause, ainsi qu'aux fonctions téléphoniques (prendre ou refuser un appel, mettre le micro en sourdine) basiques.
Mais l'un des gros problèmes pour le moment est l'absence d'application dédiée, laquelle permettrait de régler certains problèmes de connectivité et étendre ses possibilités ergonomiques. Celle-ci est visiblement prévue par la marque et sans cesse repoussée. En l'état nous ne pouvons pas faire autrement que juger les Klipsch T5 comme solitaires.
Isolation et non-isolation
Nous l'avons déjà évoqué, l'isolation est de très bonne qualité lorsque le modèle est bien en place. On pourrait râler un peu, car une telle longueur de canule implique souvent une isolation stratosphérique, un des points forts d'une marque d'intra filaire comme Etymotic par exemple, avec des modèles encore plus intrusifs, mais au-dessus du lot pour réduire le bruit.Ici, bonne copie, avec une excellente atténuation à partir des aigus. Le produit fait mieux que la plupart des modèles True Wireless classiques comme les Jabra ou les Plantronics, mais n'est pas non plus à un univers d'écart à cause d'une gestion perfectible des basses et des médiums. Difficile de vraiment pinailler, les T5 s'en sortent mieux que la moyenne.
À noter, il n'existe pas de fonction Hearthrough, ou retour sonore. Malgré la présence de 2 microphones par côté, il est impossible d'écouter son environnement. Cela existera peut-être dans une hypothétique mise à jour sur sa non moins hypothétique future application, mais n'épuisons pas trop vite notre indulgence en supputations.
Le micro est plutôt correct. S'il n'est pas forcément au-dessus du lot en qualité pur, son utilisation en environnement bruyant est assez bien gérée, en tous cas écoutable bien mieux que ce que l'on retrouve sur des haut de gamme comme les AirPods Pro ou les Sony WF-1000Xm3 par exemple. Le résultat n'est pas aussi probant qu'avec les Jabra 75T, avec une isolation de la voix moins travaillée (bruit de fond toujours présent) et une tendance à siffler un peu plus. Dans la jungle des True Wireless, ce n'est déjà pas si mal.
Autonomie très correcte et très lunaire
Nous touchons là encore à une partie étrange (décidément). L'autonomie est annoncée par le constructeur à 8 heures, une mesure sans doute faite sous codec AAC (le moins énergivore en général).Mais le principe en pur maître-enclave implique que l'écouteur maître consomme plus d'énergie, car doit en plus jouer le rôle d'émetteur. Ainsi dans cette configuration le premier écouteur va forcément lâcher avant l'autre, à moins que ce rôle puisse s'inverser en cours de lecture afin d'équilibrer le tout. La différence est généralement de quelques dizaines de minutes, 20 ou 30 en moyenne pour des modèles à l'autonomie de 3-5 heures. Mais ici la différence n'est pas aussi réduite, nous pouvons même dire qu'elle explose.
En codec AptX sous Android 10, le premier écouteur a tenu 6 h 15, ce qui peut donc être considéré comme l'autonomie totale (qui écoute avec un seul ?). Mais en poussant le vice jusqu'au bout, nous avons laissé le second écouteur continuer sa route. Ce qu'il a fait pendant plus de 3H30, rendant ainsi l'âme au bout de.... 10 h. Une différence proprement colossale, signe d'une bien étrange optimisation. Néanmoins l'autonomie entre les deux est difficilement comparable, puisque le second écouteur semble vite rentrer dans un mode réserve, abaissant visiblement la connexion audio sur le codec SBC en très bas bitrate. Une sorte de mode économie d'énergie absolument pas destinée à la musique.
Bref, une autonomie simple charge plus que correcte d'environ 6 h 15, qu'il est possible de pousser à un peu plus en AAC, mais qui reste en dessous de 7 h en l'occurrence. Pas les 8 h promis, mais tout de même un très bon résultat.
Le son qui voulait être seul
Difficile en connaissant Klipsch de ne pas réclamer un son atypique. Le True Wireless est à mon sens beaucoup trop frileux en général, archi-dominé par les signatures en V plus ou moins décalées, des basses ou bas médiums mis en avant, des pointes erratiques dans les aigus, et des médiums bien trop souvent mis en retrait. Un son qui percute, qui impressionne, même avec les limitations techniques du True Wireless.Ici la proposition est effectivement différente, et parait assez plate de prime abord, un peu sage, manquant de dynamique. Prenant la majorité des modèles à contre-pied, les Klipsch T5 TW mettent la plupart de leurs espoirs dans les médiums, ou plutôt dans leur équilibre.
L'écoute est sans emphase tout en étant assez passe-partout, particulièrement détaillée et maitrisée dans les médiums. Mais surtout, il semble difficile de faire plus neutre et équilibré dans ce registre et dans celui des basses. Les Klipsch T5 TW descendent très bas, le font de manière parfaitement régulière (encore une fois lorsqu'ils sont bien placés dans l'oreille) et plutôt maitrisée. "Plutôt", car le haut-parleur n'est pas non plus le plus technique ni le plus réactif dans cette gamme de fréquences. Nous ne sommes pas au niveau d'impact des Sony WF-1000Xm3 par exemple, mais les T5 ne trainent pas trop, restent suffisamment précis pour que cela ne déborde pas sur le reste.
Les aigus peuvent qualifiés de... doux, sans pics ou creux trop marqués. Jamais d'agressivité dans l'écoute, ni de sensation trop voilée, une sorte de compromis qui mériterait tout de même un peu plus d'extension. On ressent en effet un petit manque d'ouverture, d'ampleur. La scène sonore est assez restreinte, intimiste, peu étendue sur les côtés et peinent à se projeter vers l'avant. Le rendu est largement adapté à des styles rentre-dedans, mais peut laisser sur sa faim lorsque le besoin d'espace devrait être là.
Sa sonorité fait clairement penser aux enceintes Klipsch, une sonorité assez grasse, légèrement chaude, presque vinylique, le genre qui divisera immanquablement. Le son n'est pas dans l'esbroufe, mais il faut se faire à sa personnalité un peu à part, à son attention largement portée sur la qualité des médiums. Je considère ce dernier point plutôt comme une qualité, même si les T5 avaient sans doute gagné à posséder un peu plus clarté et un peu plus de patates.
Peu de produits sont comparables dans sa gamme de prix et le Klipsch, malgré ses qualités, ne dominent pas techniquement ses concurrents, pas de manière évidente. Il faut adhérer à son approche très intimiste, légèrement sombre. Pas aussi plate ni aussi douce qu'elle ne le laisse penser à la première écoute, une sonorité qui s'apprivoise, mais laisse toujours cette impression de retenue.