Il fallait que la célèbre marque Marshall se mette aux écouteurs True Wireless, sous peine de voir passer sous son nez un marché audio très dynamique. Avec les Mode II, Marshall semble décidé à conserver son identité à part, son design et sa fabrication toute personnelle. De quoi en faire un produit incontournable ? À 180 €, la tâche s'annonce tout de même compliquée.
Sur la forme ? Presque parfait
Le premier point vraiment frappant est le fait que les Mode II sont d'un volume ridiculement petit, notamment en termes d'épaisseur, bien en-deçà de la concurrence. Ces True Wireless sont ainsi parmi les plus discrets du marché ce qui n'est pas pour nous déplaire. Nous sommes vraiment loin de l'indiscrétion Sony WF-1000Xm3 façon armoire normande, et même des Jabra 75T, pourtant assez proches du design général (légèrement sphérique, avec vissage dans l'oreille pour tenir) de ces écouteurs Marshall.
Découlant directement de leur forme, impossible de ne pas faire l'éloge du confort des Mode II. Beaucoup d'écouteurs True Wireless nous sont passés dans les oreilles, mais ceux-ci comptent assurément parmi les plus confortables que nous ayons pu tester, peut-être même les plus confortables de tous les intra-auriculaires actuellement sur le marché.
La canule est assez courte et donc peu intrusive, les embouts bien adaptés, et la face interne des écouteurs parfaitement pensée (la petite taille aidant beaucoup). Tout est réuni pour des sessions d'écoute très longues et sans gêne. Grâce à leur très faible épaisseur, l'équilibre est bien trouvé.
Alors que les Mode II ne se définissent pas comme ouvertement premium, la qualité de fabrication est tout à fait ce que l'on peut attendre d'un produit à 180 euros. Peut-être pas encore à la hauteur des Klipsch T5 II, mais au moins aussi bon que les Jabra, ces écouteurs ont une construction assez simple, très bien réalisée, et sont uniquement fait de plastique très dense. Rien qui ne grince ou qui ne craque. Dommage toutefois de s'arrêter à une certification IPX4, aujourd'hui très classique voire presque dépassé dans cette gamme.
La touche de la marque, assez discrète ici, se retrouve dans les détails : logo blanc Marshall, et grille de la canule aux accents laitonnés.
Rien à dire ou presque concernant la boite. Marshall propose un objet au design simple mais réussi et très reconnaissable cette fois-ci, façon vinyle. À l'instar des écouteurs, la boîte affiche un encombrement minimum et des finitions sérieuses.
À moins d'y regarder de vraiment près (capot un peu léger et charnière avec un brin de jeu), la fabrication est plus qu'acceptable. Rien de révolutionnaire donc, mais le constructeur conserve encore une fois son identité atypique, et ce, sans se rater.
Ergonomie au point, mais limitée
La vision que pose Marshall sur l'ergonomie est semblable à celle de pas mal de concurrents : faire assez simple pour ne pas risquer de perdre l'utilisateur. Tout fonctionne via une zone tactile présente à l'arrière des écouteurs, réagissant à une très légère pression. Pas d'appui long, seulement des touches, sans doute pour éviter les fausses manœuvres :
- 1 appui : lecture/pause pour l'écouteur droit ; passage du mode classique au mode Transparence (retour sonore) pour l'écouteur gauche
- 2 appuis : piste suivante avec l'écouteur droit ; appel à l'assistant par défaut avec l'écouteur gauche
- 3 appuis : début de piste/piste précédente pour l'écouteur droit ; aucune commande avec l'écouteur droit
Une ergonomie simple, suffisante pour certains. L'absence de contrôles de volume, qui aurait été possible via une pression longue, est un peu dommage, même s'il n'y rien de bloquant en l'état.
Les Marshall Mode II intègrent également des capteurs optiques déclenchant la pause automatique une fois les écouteurs retirés. Deux
soucis pourtant sont à signaler ici : remettre les écouteurs ne redéclenche pas la lecture, et il est impossible de désactiver ces capteurs.
Pour s'inscrire un peu plus dans l'écosystème de la marque, les Mode II fonctionnent avec l'application Marshall dédiée (pour les produits Bluetooth), déjà existante, et que l'on a pu tester pour le casque Monitor II ANC par exemple.
Notons qu'il est toutefois difficile de ne pas rester sur sa faim avec celle-ci. L'application permet au moins de mettre à jour le produit (testé ici sous le dernier firmware 26.3.0), de visualiser le niveau de batterie des écouteurs (mais pas celui de la boite), d'utiliser trois égaliseurs (un Marshall et deux personnalisables), et de régler la force du mode transparence… Mais la bamboche s'arrête là. L'application assure donc l'essentiel, certes, mais reste encore très spartiate.
Nous aurions par exemple apprécié avoir la possibilité d'assigner différemment les commandes, de permettre de passer d'un égaliseur à l'autre directement depuis les écouteurs, de désactiver les capteurs optiques, voire d'inclure des petites options supplémentaires.
Au moins, l'expérience est très simple, impossible ou presque se perdre. Une austérité qui pourra plaire donc.
Une connectivité plus… atypique
De manière extrêmement étrange, Marshall intègre le codec AptX sur ses écouteurs, jusqu'ici la marque n'utilisait que le codec SBC ; ici on peut compter sur les deux. L'AAC passe encore à la trappe, ce qui est particulièrement atypique. Ce codec est habituellement le moins énergivore de tous et un peu plus optimisé pour les appareils iOS (de par l'encodeur utilisé par Apple, moins mauvais que sur Android).
Sous Android, l'appairage passe par le système Google Fast Pair, permettant un appairage rapide façon Apple, tout en profitant de quelques optimisations, comme l'utilisation d'un vrai logo/avatar pour l'appareil, et non d'un icône basique de casque Bluetooth. Le niveau de batterie, lui, est affiché plus précisément (au pourcentage près).
Si l'idée est très bonne, nous avons tout de même eu affaire à quelques bugs. Difficile de savoir si cela vient du Pixel 3 XL sous Android 11 ou des écouteurs en eux-mêmes, puisque la plupart sont répétables
sur d'autres écouteurs.
Sous iOS, et même avec une surface Pro, nous n'avons jamais eu de problème de ce genre, ce qui laisse donc bien penser à un souci avec le système Google, ou avec la gestion du codec AptX, par défaut sous Android (dans notre cas). Ce dernier point n'est pas lancé au hasard, puisque si les écouteurs sont relativement stables en conditions idéales, leur portée est beaucoup plus faible en AptX qu'en SBC, les petits sauts de son et les décrochages sont alors loin d'être rares. À moins de vouloir vraiment assurer la qualité sonore (et encore, ce point se discute), il est plutôt conseillé de rester sur le codec SBC en permanence.
Autre petite étrangeté, lorsque la boite est déchargée, replacer les écouteurs dans celle-ci ne les éteint pas… Un bug un peu idiot en somme.
Pour le reste, les Marshall Mode II restent classiques : il peuvent être utilisés tous les deux en mode mono, et ne sont malheureusement pas multipoint. L'ensemble est propulsé par une puce Bluetooth 5.1, probablement venant de chez Qualcomm.
Format mini = autonomie moyenne
Difficile, dans un tel format, de caler une immense batterie. Sans surprise donc, l'autonomie est assez faible, puisqu'annoncée à 5 heures en simple charge, et 25 heures en comptant le boitier. Notez par ailleurs que ce dernier est compatible induction.
À l'usage, l'autonomie de 5 heures est plutôt respectée, nous sommes arrivés au bout après quelque 4 heures 50 minutes d'utilisation… en AptX. Ce codec consommant plus que le SBC, la performance n'est finalement pas si mauvaise. En SBC, les 5 heures 30 minutes sont atteintes haut la main.
Microphones corrects
Les Marshall Mode II n'intègrent pas de réduction de bruit active. Même si cette fonction n'est, selon nous, vraiment utile que dans certaines circonstances, elle peut constituer un gros plus dans certaines utilisations.
Si cette technologie n'est pas encore devenue la norme sur des produits à moins de 180 €, on la retrouve tout de même sur des écouteurs de moindre gamme, aussi son absence sur les Mode II leur fait perdre des points d'intérêt…
Au moins, les écouteurs possèdent avec une fonction « Transparency », un retour sonore permettant de reproduire les sons atténués par les embouts. Cette fonction est relativement efficace, et évite de gonfler trop artificiellement certaines fréquences. Il manque clairement des décibels dans les aigus, mais la représentation 3D de l'espace est assez bien conservée.
Notons tout de même que l'isolation passive, de base, n'est pas non plus immense. Les aigus sont assez bien sabrés, mais les médiums déjà beaucoup moins. Un modèle comme les Jabra Elite 75T fait mieux.
Le mode main-libre est à peu près de la même qualité. La voix est relativement claire en milieu calme, et conserve à peu près son intelligibilité en milieu bruyant. Un rendu qui, l'essentiel du temps, est déjà dans la bonne moyenne.
Remarque : Il est arrivé régulièrement dans les derniers jours du test, que le passage au mode main-libre (qui utilise un profil différent de celui pour la musique) occasionne des bruits parasites dans l'un des écouteurs (en l'occurrence le gauche). Cela est d'autant plus problématique que ce parasitage se retrouve chez l'interlocuteur en cas d'appel (bien que dans une moindre mesure). Ce problème est apparu également, de manière un peu différente, sur le mode Transparency.
Cela ressemble toutefois clairement à un bug de l'exemplaire de test et non d'un défaut classique, puisqu'aucun de nos collègues ne semblent pas le rencontrer. En attendant un éventuel second exemplaire de test, nous laissons ce point en suspens.
Un son électrique, puissant et un peu acide
Habituellement (mais pas toujours) le son des casques Marshall est plutôt tourné vers les médiums dans une signature en V resserré (bas-médiums et haut-médiums en avant). Ici il y a bien cette propension à tailler une signature en V, mais de manière beaucoup plus élargie. Les médiums sont justement très équilibrés, et se sont les basses et les aigus qui sont mis en avant. On profite d'une bonne bosse dans le bas du spectre, et d'un pic très sec autour des 10 kHz - sans doute trop d'ailleurs.
Sur les basses, pas grand-chose à reprocher au produit. Les Marshall Mode II ne constituent pas ce qu'il y a de plus raffiné ou technique en la
matière, mais cette emphase dans les basses est suffisamment bien gérée pour être efficace, agréable et assez précise, avec une distorsion très faible.
Le son est légèrement, mais sans débordement, porté sur les médiums (notamment les voix), les basses fréquences sont plutôt bien détaillées ; Marshall fait un travail plus propre que Jabra sur ce point.
À l'inverse, le pic très marqué dans les aigus, s'il n'est pas agressif (car de trop haute fréquence) et assure une certaine clarté dans l'écoute, peut vite devenir artificiel et chuintant sur les sons déjà un peu sifflants (une impression de saturation, de souffle). Cette signature sonore fait que les écouteurs sont surtout agréables à volume faible ou modéré. Les hauts volumes peuvent très rapidement fatiguer l'oreille.
Pas extrêmement techniques en termes de rendu audio, les Marshall Mode II n'ont pas non plus à rougir face à la concurrence directe. Les Jabra 75T, par exemple, proposent un réglage encore plus chargé dans les basses voire un peu débordant dans les médiums, ainsi que des hauts-médiums plus agressifs.
S'il n'y a pas de défaut vraiment bloquant, la pointe dans les aigus aurait mérité d'être abaissée, chose impossible via l'égaliseur de l'application (n'allant pas aussi loin dans les aigus).
La scène sonore est assez peu étendue sur les côtés, mais suffisamment profonde, tout en conservant un niveau de détails plus que correct. Sans être parfaits, ces écouteurs sont très intéressants, puisqu'ils arrivent à conserver une certaine signature sonore Marshall dans un format compact, sans tomber dans un rendu criard.
On ne peut pas parler de génie, des écouteurs comme les CX 400BT de Sennheiser restent un peu au-dessus en termes de qualité, toutefois les Mode II se placent dans une bonne moyenne.
En résumé : il est difficile, dans ce test, de vraiment illustrer le côté extrêmement pratique des Mode II au quotidien. Les écouteurs ne cochent finalement que peu de cases sur ce qui peut constituer un sommet du genre (certification IPX7, ANC, application vraiment complète, autonomie de 7 heures ou plus), mais ils pourront vite être considéré comme les plus « casual », soit LA paire d'écouteurs que l'on peut amener partout, tout de le temps, sans se poser de questions.
Marshall Mode II : l'avis de Clubic
Assez classiques en termes d'ergonomie et de fonctionnalités, voire un peu avares en options, les Marshall Mode II n'en sont pas moins l'une des paires de True Wireless les plus agréables à utiliser au quotidien.
Extrêmement compacts et confortables, portés par le design et le son Marshall (avec quelques nuances par rapport aux casques de la marque), les Mode II ne sont pas dans les meilleurs produits en pur rapport qualité/prix, mais restent, à l'image des autres produits du constructeur, positivement à part.