Vue d'artiste de l'anneau autour de Quaoar. Crédits ESA
Vue d'artiste de l'anneau autour de Quaoar. Crédits ESA

Grâce au télescope spatial CHEOPS et au travail d'une équipe incluant des chercheurs français, de nouvelles mesures prouvent l'existence d'un anneau autour de Quaoar, petite et lointaine planète naine de notre Système solaire. Une prouesse qui soulève beaucoup de questions et remet en cause la limite de Roche !

Voir Quaoar a repoussé les limites de la technique d'occultation !

Vous allez voir ce que vous allez Quaoar

Le mathématicien et astronome français Edouard Roche, en 1850, a défini une limite au-delà de laquelle normalement un anneau de débris ou de poussières collisionnelles est censé s'accréter et former un satellite autour d'un corps céleste. Un calcul qui était pour l'instant vérifié avec les anneaux de Saturne, mais aussi ceux de corps plus petits et distants, comme l'astéroïde Chariklo ou la planète naine Haumea. Proche du corps central, les débris forment un disque ou un anneau, et au bout d'un moment, se forment une ou plusieurs lunes. Cette limite est d'ailleurs appelée « limite de Roche », et depuis la publication dans la revue Nature ,le 8 février, des travaux d'un groupe de scientifiques, elle fait l'objet de discussions. Grâce à une observation unique, on sait désormais que la planète naine Quaoar, à plus de 6,5 milliards de kilomètres du Soleil, héberge un anneau assez dense situé bien au-delà de sa limite de Roche, à 4100 km de sa surface.

Coordination de missions

Quaoar est une planète naine d'environ 550 km de diamètre, qui dispose d'une petite lune, Weywot (80km de diamètre). L'objectif initial de l'étude était de pouvoir les observer grâce à la technique de l'occultation, déjà utilisée récemment pour « peser » une naine blanche. Comme dans cette actualité, c'est le catalogue du télescope cartographe Gaia qui a permis l'observation précise, en calculant le moment exact auquel Quaoar passerait entre la Terre et une étoile lointaine. Une rencontre rare qui permet d'en apprendre beaucoup, au centre du projet appelé « Lucky Star » et dirigé par le chercheur français Bruno Sicardy (CNRS, Observatoire de Paris), qui coordonne les observations par occultation sur des objets lointains. La nouveauté ici est l'utilisation du télescope spatial CHEOPS de l'ESA, en orbite de la Terre et spécialisé pour observer des transits d'exoplanètes : la fenêtre d'observation était particulièrement courte et c'est une véritable prouesse technique… qui a payé !

Vue d'artiste du petit télescope CHEOPS. Crédits ESA
Vue d'artiste du petit télescope CHEOPS. Crédits ESA

Comprendre l'anneau

L'article scientifique se penche sur différentes possibilités pour expliquer la présence de cet anneau aussi lointain. Le rôle de la petite lune Weywot est imaginable, comme celui d'un éventuel autre satellite qui n'aurait pas été détecté à cette date. Un autre paramètre est celui de la résonance entre la rotation de Quaoar, de sa lune et de l'anneau, qui semblent être synchronisés. Il y a aussi le facteur température, qui pourrait jouer un lien : il fait un froid extrême dans cette région éloignée… Bref, il y a encore beaucoup de connaissances à affiner sur les conditions menant à des anneaux autour de petits corps ! Ce n'est pas demain, en effet, que nous pourrons aller voir les anneaux de Quaoar.

Source : Esa