Sur cette image, on ne peut pas rater LAWD 37 ! La minuscule étoile à sa gauche (beaucoup plus lointaine) est celle qui a servi à l'étude © NASA / ESA / HST
Sur cette image, on ne peut pas rater LAWD 37 ! La minuscule étoile à sa gauche (beaucoup plus lointaine) est celle qui a servi à l'étude © NASA / ESA / HST

Plusieurs mois durant, les chercheurs ont utilisé le télescope spatial pour observer LAWD 37 passer devant une autre étoile très lointaine et dévier, à peine, sa lumière grâce à sa masse. Une aubaine grâce aux données de plusieurs missions, en particulier au catalogue du cartographe d'étoiles Gaia de l'ESA.

Le James Webb a déjà prévu de s'y mettre.

Tout n'est qu'une question de point de vue

LAWD 37 est l'une des naines blanches les plus proches de notre propre Système solaire. Située à 15 années-lumière, elle est déjà étudiée en détail par les astronomes autour du monde. Son spectre lumineux, son âge, la façon dont on pense que cette étoile s'est effondrée en fin de vie pour former la naine blanche qu'elle est aujourd'hui… Tout est scrupuleusement inspecté. Mais pour sa masse, les choses sont bien plus complexes. En effet, LAWD 37 est toute seule. Aucune exoplanète ou étoile binaire ne peut aider les chercheurs à calculer une période orbitale, et donc à en extraire une estimation. Mais grâce à un rendez-vous inédit, ils ont pu trouver cette information.

Il se trouve que, de notre point de vue, LAWD 37 est passée « devant » une autre étoile, beaucoup, beaucoup plus lointaine. Or, comme l'avait théorisé Einstein, un objet massif dévie même la lumière. Il s'agit de l'effet de lentille gravitationnelle. Ce même effet, déjà observé avec des galaxies massives ou des amas d'étoiles, a ici été très finement mesuré par Hubble. Grâce à la lumière déviée de l'étoile « en arrière-plan », les scientifiques ont donc estimé que la naine blanche pèse autour de 56 % de la masse de notre Soleil.

Hubble a encore de quoi faire

Cette observation particulière n'aurait pas pu avoir lieu sans Hubble, car il fallait une sensibilité extrême pour constater la déviation de la lumière, le tout sur une longue durée d'observation. En effet il ne s'agit pas d'un transit d'une nuit, mais d'un passage étalé sur plusieurs mois avec une occultation en novembre 2019.

Pour préparer la prise de mesures, il a fallu l'apport d'une autre mission, celle du télescope Gaia de l'ESA. C'est en effet grâce à son catalogue cartographique de la position, de la distance et des déplacements de centaine de millions d'étoiles de notre voisinage proche que ce rapprochement a été anticipé. Gaia a mis à la disposition des centres de recherche du monde entier les informations collectées depuis 2014, et cette « carte 3D » de notre zone de l'Univers continue de receler des trésors d'information, en particulier pour les occultations.

Il faut plusieurs mois pour observer une différence avec le passage "en arrière-plan" de l'étoile © NASA / ESA / Peter McGill (UC Santa Cruz, IoA) / Kailash Sahu (STScI)
Il faut plusieurs mois pour observer une différence avec le passage "en arrière-plan" de l'étoile © NASA / ESA / Peter McGill (UC Santa Cruz, IoA) / Kailash Sahu (STScI)

Le télescope James Webb devrait à son tour en profiter dans les mois et les années à venir pour ses propres observations. En effet, l'équipe à l'origine de la publication sur LAWD 37 va réitérer l'expérience avec LAWD 66, cette fois à travers les capteurs infrarouges du nouveau bijou spatial. Il faudra cependant être patient pour la parution des résultats, cette nouvelle occultation n'atteindra son pic qu'en 2024. Une méthode qui se répand de plus en plus !

Source : Hubble