Depuis le 9 octobre 2022, tous les télescopes capables d'apporter quelque chose à la recherche participent à l'observation de GRB 221009A… Un sursaut gamma d'une puissance extraordinaire, qui a bien du mal à rentrer dans les cases. Une aventure complexe, même si on a la chance d'avoir des outils performants !
À 50 ans près, on passait à côté, ou presque…
Un flash pour les éclairer tous
Il a vite été surnommé le BOAT : GRB 221009A est devenu, le 9 octobre 2022, le « brightest of all time », le sursaut gamma le plus lumineux jamais observé. Qu'ils soient générés par deux étoiles à neutrons entrant en collision, par une étoile qui s'effondre sur elle-même en une supernova ou en trou noir, il faut généralement mobiliser rapidement des moyens importants pour les localiser et les observer… Ces phénomènes peuvent être extrêmement courts. Mais en octobre dernier, c'est tout l'inverse qui s'est produit. Que ce soient le lointain Voyager 1, les orbiteurs martiens ou d'autres observatoires spatiaux, ce sont 25 sondes et satellites qui l'ont détecté ! Le sursaut gamma GRB 221009A, émis il y a environ 2 milliards d'années, a frappé notre atmosphère avec une intensité comparable à une petite éruption solaire.
Il ne ressemble pas aux autres
Si le sursaut gamma, lui, n'était pas long, l'écho dans d'autres bandes de fréquence continue de nous parvenir, aussi depuis la détection de GRB 221009A, un nombre important de capteurs ont été tournés vers lui. Y compris Hubble et le télescope James Webb, qui fournissent des images superbes… Mais pas les plus exploitables dans ce domaine. Les émissions en bande X par exemple (mesurées par l'observatoire Swift), ont montré une intensité dix fois supérieure aux sursauts gammas « habituels » ! Et les différences ne s'arrêtent pas là, une équipe de l'Université de l'Utah a montré, dans une étude multifréquences, que les ondes radio de ce sursaut seront encore présentes pour plusieurs années à force d'échos. D'autre part, pour nous parvenir, GRB 221009A a traversé de nombreux milieux, en particulier des nuages de poussières et de gaz dans sa propre galaxie… Et dans la nôtre ! Une analyse fine du signal permet aussi d'en savoir plus.
Quelle origine pour ce sursaut gamma ?
Dans l'ensemble, les laboratoires du monde entier soulignent la différence entre ce sursaut et les autres, d'autant que son origine ne fait pas encore consensus : les modélisations expliquent assez mal nos mesures. Cerise sur le gâteau, après deux mois d'observation, il a fallu cesser de mesurer GRB 221009A, pour une raison très simple, c'est qu'il nous a été masqué par le Soleil lui-même. Les mesures n'ont repris (si tout va bien) qu'après le mois de janvier, et n'ont évidemment pas encore été publiées. Les émissions de lumière visible, UV et infrarouge montrent d'ailleurs que l'étoile à la source de cette impressionnante vague d'énergie ne se serait pas transformée en supernova… Même si pour une première fois à cette échelle, le petit télescope spatial IXPE a pu observer la polarisation de ce sursaut (et des émissions en suivant). L'ensemble des articles spécialement dédiés à GRB 221009A a été compilé au sein d'une édition des « Astrophysical Research Letters » (revue à comité de lecture) publiée il y a quelques jours, et il s'agit d'un des sujets les plus suivis et étudiés ces derniers mois dans cette communauté scientifique. Les chercheurs estiment qu'il s'agit d'un événement dont l'occurrence de mesure est d'environ une fois tous les 10 000 ans…
Source : skyandtelescope.org