Il faut donc en déduire que la mutation du secteur se précise. Preuve en est, et même si la situation reste quelque peu différente en France, les Etats-Unis ont signé l'an dernier une augmentation globale des ventes d'environ 1 % grâce notamment aux ventes dématérialisées. Le nombre d'albums ainsi vendus a grimpé de 20 % pour atteindre le record de 103,1 millions contre 86,3 en 2010.
L'étude établit également une corrélation entre l'action de l'Hadopi et l'intérêt croissant des utilisateurs envers les offres légales. Les ventes de titres musicaux sur la plateforme iTunes d'Apple auraient ainsi augmenté de 23 % depuis la mise en place de la haute autorité. Cet impact serait plus important en France que dans les autres pays couverts par l'étude (Belgique, Allemagne, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni).
L'IFPI considère donc que la mise en place de la haute autorité a contribué à diminuer de 26 % l'utilisation illégale du peer-to-peer. L'autorité base sa réflexion sur le fait que les e-mails d'avertissement ont entrainé une modification des comportements des internautes. Par contre, l'IFPI n'apporte pas d'éléments chiffrés sur le fait que des internautes aient pu modifier leurs habitudes en passant du P2P au téléchargement direct ou au streaming.
Interrogé sur l'existence d'un réel « effet Hadopi », l'un des membres du collège nous avait expliqué que les internautes français avaient effectivement réagi lors des premiers jours faisant suite à la mise en place de l'Hadopi en prenant en compte le risque de recevoir un avertissement. Toutefois, malgré cette « peur du gendarme », rien ne permet d'affirmer à l'heure actuelle que les usages illégaux ont objectivement diminué ou augmenté depuis l'avènement de la haute autorité.
En effet, la mutation du marché de la musique est bien antérieure à la mise en place de l'Hadopi. En 2007, le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique) avait déjà constaté en se basant sur des études de l'IFOP (auprès des plateformes iTunes, E-compil, Virgin Méga, Fnacmusic, Starzik, Connect, Nokia et Orange) que la croissance des ventes de titres et d'albums était de 39,3 % de plus qu'en 2006.