Fondateur des Creative Commons, Lawrence Lessig est connu pour être un spécialiste de la propriété intellectuelle et fervent pratiquant d'une limitation du droit d'auteur. Dans son dernier ouvrage , « Code and Other Laws of Cyberspace », cet expert reconnu décrit comment le contrôle des réseaux mais également des contenus a été codifié, au fil du temps, principalement pour des impératifs commerciaux « avec le soutien des gouvernements ».
Devant les étudiants de Sciences-Po, Lessig insiste : « les points majeurs qu'il faut surveiller de certains appétits sont la concurrence sur les réseaux physiques et l'évolution des règles régissant le droit d'auteur. Aux Etats-Unis, depuis toujours, des lobbyistes font pression pour stabiliser leur position. Par exemple, la Caroline du Nord était l'Etat américain où les débits de connexions étaient les plus faibles du pays. Cet Etat était le pire parce que deux opérateurs (AT&T et Time Warner) étaient en situation de quasi-monopole. Lorsque d'autres communautés se sont mises à la fourniture d'accès à Internet, les prix ont commencé à baisser et la qualité de service a été meilleure ».
Montrant une vidéo d'une colonie de fourmis qui se nourrit des restes d'un cafard mort, le spécialiste appuie sur le fait que cette logique est également à l'œuvre pour la Culture et la gestion du droit d'auteur. Il ajoute : « C'est un sujet sans fin mais désormais nous sommes en face de projets comme SOPA qui sont en totale inadéquation avec les pratiques des internautes. Le public et les gouvernements ne sont plus du tout sur la même ligne. Nous en sommes presque à considérer des enfants derrière un ordinateur comme des terroristes ».
Cette fois, il précise : « le copyright est un régulation de l'Etat et celle organisée par le marché ne suffit pas à créer de l'innovation mais la résistance à ce modèle n'est pas le piratage mais au contraire le développement de nouvelles formes de gestion des droits d'auteurs. Dans cette logique, les auteurs sont la clé de ce changement ».
Un changement qui, selon l'expert, devra se mettre en place rapidement. Il estime que la « constante érosion » de la confiance des citoyens envers leurs élus sera un facteur déterminant pour établir les prochains équilibres en matière de droit d'auteurs. Sans une meilleure compréhension des réelles habitudes des internautes, les efforts du législateur et du pouvoir politique risqueront en effet de rester vains. C'est pourquoi Lawrence Lessig conclut en rappelant que : « le géant se réveille, la souveraineté appartient au peuple. Ce principe est la chose primordiale à comprendre ». Un pari patent en somme.