Sans surprise, les internautes qui ont des revendications politiques sont peu nombreux : la plupart des internautes ne font qu'utiliser un système qui demande un partage pour pouvoir télécharger.
Le partage : nécessaire pour pouvoir télécharger
Dans une note sur les habitudes de consommation et partage des fichiers illégaux intitulée « Étude sur les pratiques illicites de mise à disposition : représentations et motivations », Hadopi tente de dresser le portrait des pirates et de trouver leurs motivations. La Haute autorité distingue deux pratiques principales.D'un côté il y a le partage dans une sphère restreinte, composée d'amis et de famille. Le partage, alors réalisé sur des supports physiques comme des clés USB ou des disques durs, a une visée amicale « pour faire plaisir ».
D'un autre côté il y a le partage sur les réseaux peer-2-peer (P2P) qui est purement « pragmatique ». Sur les réseaux il faut garder un ratio upload/download élevé pour pouvoir télécharger : la mise à disposition des fichiers par les internautes ne sert donc que ce propos. Un internaute va permettre à un autre de télécharger afin de pouvoir lui-même télécharger. Le système fonctionne ainsi et s'auto-alimente. Pour la Hadopi, cette motivation est la plus courante.
Le profil des internautes « pirates »
Tout comme les motivations, Hadopi tente aussi de comprendre les divers profils, que la Haute Autorité classe en 4 groupes. Les « créatifs » tentent de faire connaître des artistes ou des créations (minoritaires) ; les « fonctionnels » sont ceux pour qui la mise à disposition de fichiers permet le téléchargement d'autres fichiers (majoritaires) ; les « Semi Pros » visent à apporter leur contribution à l'ensemble des oeuvres partagées sur Internet (très minoritaires) ; et les « Idéologues combattants » qui visent à combattre un système et ont le goût du défi concernant la mise à disposition des œuvres (minoritaires).Ces quatre profils laissent bien entendre que le piratage illégal est une consommation de la part des « fonctionnels » alimentée par les « Idéologues combattants ». Ce sont ces derniers qui mettent les œuvres à disposition des premiers et leurs motivations étant idéologiques avant d'être « de consommation » (il faut avoir payé une place de cinéma pour pouvoir filmer un screener) ils ne vont pas s'arrêter.
La fermeture de Zone Telechargement va-t-elle mettre un terme au piratage ?
Déjà en 2012 lorsque Megaupload avait fermé, Kim Dotcom est encore aujourd'hui en procès, on avait déclaré que le téléchargement illégal était mort. Au final, de nouvelles plateformes sont nées et ont pris le relais. Quant au P2P, si Hadopi en a freiné l'utilisation, les réseaux existent encore et sont toujours utilisés.La fermeture de Zone Telechargement ne devrait donc rien changer. Non seulement le site est de nouveau en ligne (bien que les liens soient inaccessibles) mais d'autres sites permettant le téléchargement direct d'oeuvres protégées par le droit d'auteur existent. Les pirates ne devraient pas avoir de mal à trouver d'autres plateformes pour remplacer Zone Telechargement.
Quid de l'offre légale ?
Hadopi a bien évidemment profité de la fermeture de Zone Telechargement pour rappeler qu'il existe une offre légale. Très précisément la Haute Autorité recense 426 plateformes différentes de streaming et téléchargement légaux que ce soit pour les séries, les films ou encore la musique et les e-books.Est-ce là une réponse contre le téléchargement illégal ? Oui et non. Oui, car certaines plateformes ont clairement réduit le téléchargement illégal, Netflix en premier lieu. Non, car ces plateformes ont des contenus exclusifs et que pour avoir accès à tous les contenus il faudrait avoir un abonnement à chaque plateforme. Or le téléchargement illégal offre l'accès à tous les contenus, outre le côté bien évidemment gratuit. Mais étant donné le succès de Netflix dans le monde, la question semble bien ne plus être le prix de la plateforme mais son offre et le temps de latence entre la diffusion dans le pays d'origine et celle dans le pays du pirate ; et Netflix l'a bien compris en misant beaucoup sur des contenus originaux.
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