Des images impressionnantes montrant le résultat d'une explosion près du Pentagone ont beaucoup circulé sur Twitter dans la journée d'hier.
Pourtant, le centre de commandement de l'armée des États-Unis est intact et en très bon état, mais l'on ne peut malheureusement pas en dire autant des services de modération de Twitter. En effet, l'image rapidement devenue virale a en réalité été générée par intelligence artificielle. Parmi les nombreux comptes qui l'ont diffusée, beaucoup tiraient leur crédibilité d'un certain badge bleu à 8 dollars par mois.
D'où vient cette image ?
La matinée du 22 mai devait ressembler à beaucoup d'autres pour les fonctionnaires du Pentagone, jusqu'à ce qu'une violente explosion aux abords du bâtiment les secoue. C'est du moins ce que tous ceux qui n'étaient pas sur place ont pu croire en voyant l'image massivement partagée par un compte Twitter arborant le badge de vérification payant de Twitter Blue, également doté d'un nom crédible : Bloomberg Feed. Cette « information » a rapidement été amplifiée par de nombreux autres comptes aux caractéristiques similaires et comptant des centaines de milliers d'abonnés. Même une chaîne de télévision indienne a repris l'information. Notons également le partage de l'image par le média RT, affilié au Kremlin, qui a depuis supprimé le tweet concerné.
Ce ne sont ni Twitter, ni même des experts en IA ou en désinformation qui ont réagi les premiers, mais bien les services d'urgences et de pompiers qui ont finalement démenti l'information. Ces derniers ont ensuite été retweetés par l'agence fédérale de protection du Pentagone, elle-même dépourvue du fameux badge de vérification. Finalement, Twitter s'est décidé à prendre des mesures, comme suspendre le compte Bloomberg Feed.
Une idée du futur de la désinformation
Les conséquences de cette affaire-là seront probablement minimes, mais elles sont au croisement de deux des sujets d'inquiétude les plus importants chez les observateurs de la désinformation. D'une part, on trouve la mise à contribution des intelligences artificielles pour créer des textes, des vidéos ou, dans ce cas, des images dans le but de désinformer. D'autre part, le système de vérification payante, l'idée phare d'Elon Musk quand il a pris la tête du réseau social, montre ses failles. Le premier lancement de Twitter Blue avait d'ailleurs été un jour de fête pour les usurpateurs, les désinformateurs et de nombreux blagueurs sur le réseau social, ce qui avait poussé l'homme d'affaires à revenir à la raison pour installer des garde-fous.
À l'évidence, ces derniers sont insuffisants. Si cette affaire a eu une conséquence, c'est avant tout de montrer à quel point il pouvait être simple de les contourner. Rappelons au passage que ce fiasco à répétition a pourtant fait des émules, Meta ayant lancé dans son sillage des offres similaires pour Facebook et Instagram. Le futur de l'information sur Twitter est chaque jour un peu plus crépusculaire.
Sources : TechCrunch, Bleeping Computer