Jeudi, la Turquie a appliqué la décision de la Cour constitutionnelle concernant la levée du blocage de Twitter dans le pays. Le gouvernement a attendu deux semaines avant de rouvrir l'accès au réseau social, inaccessible depuis le 20 mars après la diffusion d'écoutes téléphoniques mettant en cause le premier ministre du pays dans une affaire de corruption.
Le gouvernement a laissé passer les élections municipales, qui se sont tenues le 30 mars dernier, avant d'appliquer la décision de justice. Une démarche qui s'est cependant faite à reculons : vendredi, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a vivement critiqué la décision du tribunal. « Nous nous sommes conformés au jugement, mais je ne le respecte pas. Le recours aurait dû être rejeté pour des questions de procédure. Nos valeurs nationales, morales, ont été bafouées. Tout, y compris les insultes visant un premier ministre et des ministres était pourtant évident. » a-t-il déclaré.
Twitter est donc de retour en Turquie « au moins jusqu'aux prochaines élections », comme certains internautes du pays le disent, non sans ironie, sur la plateforme. Mais le site n'est pas le seul à avoir subi les foudres d'un gouvernement touché par des scandales politiques : YouTube est, de son côté, toujours bloqué. Le tribunal administratif d'Ankara a ordonné la levée de l'interdiction vendredi 4 avril, mais on imagine que le gouvernement va à nouveau traîner les pieds avant d'appliquer la décision de justice.