Ce qui est reproché à Netflix
Alors que le 70e Festival de Cannes doit s'ouvrir dans moins d'une semaine, la présence de deux films de Netflix en compétition officielle agite le cinéma français. En effet, cette année, le service de vidéos à la demande présentera Okja du Coréen Bong Joon-Ho et The Meyerowitz Stories de l'Américain Noah Baumbach.Une sélection qui a fait bondir de sa chaise une partie du cinéma français, notamment les exploitants de salle, qui, au travers de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), ont déploré que ces deux films aient été « retenus sans que le conseil d'administration, dont elle est membre, ait été consulté ». Dans les faits, il est reproché à Netflix de ne pas respecter la chronologie des médias, puisque la plateforme ne sort pas ses productions en salle avant de les diffuser en streaming. Or, les règles de diffusion des œuvres cinématographiques sont très strictes en France : les films sortent d'abord en salle, puis quatre mois plus tard en DVD et VOD, 10 à 12 mois plus tard sur les chaînes payantes, 22 à 30 mois plus tard sur les chaînes gratuites et 36 mois plus tard en SVOD (VOD par abonnement, tel que Netflix). Ainsi, si ce dernier devait tenir compte de cette chronologie des médias, ses deux films présentés à Cannes ne pourraient pas être retransmis en streaming avant 2020 ! Or, les deux films seront diffusés sur la plateforme à la fin du mois de juin 2017, soit un peu plus d'un mois après leur passage à Cannes.
Okja, film d'aventure fantastique réalisé par Bong Joon-Ho, coproduit et distribué par Netflix
Le Festival de Cannes trouve un compromis
La légitimité de la présence de Netflix au Festival de Cannes a suscité une vive controverse au sein du cinéma français. Si certains ont vivement manifesté leur opposition, d'autres ont jugé que la présence du site de vidéos en ligne était normale. C'est notamment le cas de Vincent Maraval, directeur de Wild Bunch, selon lequel « la présence d'un film Netflix ou Amazon en compétition à Cannes n'est que l'accompagnement naturel de l'évolution du monde ». De son côté, Thierry Frémaux, le délégué général du Festival a justifié la présence de ces deux films en compétition officielle par le fait qu'ils ont été réalisés par des cinéastes de premier plan qui méritent d'être sélectionnés.Mais face à la colère du cinéma, un compromis a dû être formulé. S'il est trop tard pour annuler la sélection des films de Netflix cette année, les règles seront plus strictes dès la prochaine édition. En effet, en 2018, les films qui ne sortent pas en salles seront exclus. Si cette décision préserve les salles de cinéma françaises, certains la jugent en décalage avec la réalité du cinéma actuel. « Cette controverse fait plusieurs victimes : le Festival lui-même, qui est notre joyau français dans le septième art, Thierry Frémaux, son délégué général qui devrait pouvoir choisir les films en toute indépendance éditoriale, et les réalisateurs des films concernés qui veulent que leur film existe » regrette Mathieu Debusschere, délégué général de l'ARP (société civile des acteurs-réalisateurs-producteurs) dans les colonnes des Echos.