© Volvo Trucks Corporation
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En France, l'autoroute A10 en région parisienne deviendra bientôt un immense théâtre d'expérimentation. Un consortium dirigé par VINCI Autoroutes mettra en place un protocole de tests de deux technologies de recharge dynamique pour poids lourds : la recharge par induction ou celle par rail, qui permettront aux véhicules de se recharger en roulant.

La fluidité du transport de marchandises en France repose en grande partie sur l'usage des poids lourds. Gros problème : on estime aujourd'hui que ce secteur est responsable d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle nationale. Pour remédier à ce problème, l'une des voies prometteuses reste l'électrification des camions. Un obstacle reste cependant difficile à franchir si l'on emprunte ce chemin : celui de la taille des batteries lithium-ion que doivent embarquer les poids lourds. Celles-ci sont forcément massives et nécessitent des infrastructures de recharge puissantes. C'est pourquoi VINCI Autoroutes, qui s'était déjà intéressé à l'électrique par le passé, se penche aujourd'hui sur la question de la recharge dynamique.

Une solution potentielle pour des batteries plus raisonnables

Alors que le Tesla Semi est enfin une réalité et devrait soi-disant révolutionner les poids lourds électriques, il est une réalité physique à ne pas nier et à laquelle Elon Musk ne paraît pas sensible. Une batterie de semi-remorque électrique peut peser jusqu'à 5 tonnes, ce qui n'est clairement pas viable en matière de coûts de production et de consommation de ressources rares. C'est là que la recharge dynamique devient intéressante. Le camion pourra se recharger pendant son trajet. Cela permettra de réduire drastiquement la taille des batteries en profitant de l'énergie cinétique colossale développée lors de son déplacement.

La recharge dynamique est déjà en test dans plusieurs pays européens, dont l'Allemagne et l'Italie. La France sera en revanche le premier pays à accueillir un dispositif de test d'une telle envergure. Deux technologies de recharges dynamiques seront ainsi mises à l'épreuve : la recharge par induction et la recharge par rail conductif.

 © Challenges
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Un terrain de tests en conditions réelles

Cette grande expérimentation aura lieu en amont du péage de Saint-Arnoult. Deux tronçons différents seront ainsi utilisés pour tester les deux technologies de recharge différente. La recharge par induction fonctionne comme celle utilisée par les téléphones, sauf que les bobines magnétiques chargées du transfert d'énergie seront intégrées sous le bitume. En roulant au-dessus, les batteries des tracteurs se rechargeront. La recharge par rail conductif relève du même principe, à la différence que les camions seront connectés physiquement à la route pour que leurs batteries se maintiennent.

Les tests démarreront en septembre 2023, d'abord sur piste fermée. L'installation des deux tronçons sur l'A10 suivra. Cela permettra d'évaluer si ces technologies de recharge sont efficaces à grande vitesse avant que VINCI puisse les déployer à l'ensemble du territoire, en plusieurs étapes.

Au total, l'expérimentation s'étendra sur trois ans et représente un budget total de 26 millions d'euros. Si le système fonctionne, VINCI a déclaré que la recharge dynamique permettra une réduction drastique des émissions de CO2 que nulle autre solution n'a pu apporter pour le moment. Un gros point noir demeure tout de même : le coût des installations, compris entre 4 et 5 millions d'euros… par kilomètre. Oui, la décarbonisation, ça se paie au prix fort.