Les géants du pétrole ont découvert une vérité difficile à digérer : ils n'ont pas beaucoup de fans parmi les jeunes générations.
Alors pour tenter de remédier à cela et essayer de s'assurer un avenir, ils se tournent vers des influenceurs qui présentent désormais avec enthousiasme leurs initiatives et autres programmes de fidélité. S'il reste à voir si la campagne d'image aura un quelconque effet sur le public ciblé ici, ces partenariats peuvent en revanche se révéler désastreux pour la réputation des influenceurs qui acceptent d'y participer.
« Venez avec moi chercher des en-cas à la station-service Shell de ma famille »
Une enquête de l'AFP a trouvé de nombreux influenceurs faisant des partenariats rémunérés pour des entreprises de l'industrie pétrolière sur TikTok, Twitch, ou encore Instagram. Le phénomène est loin d'être exceptionnel : on trouve ainsi des créateurs comptant plusieurs millions d'abonnés comme d'autres ayant un public plus réduit, et ceux-ci viennent tout autant d'Inde que du Mexique, ou encore des États-Unis. Et en regardant ces partenariats, ceux-ci semblent réellement enthousiastes de présenter des programmes de fidélité ou autres services de géants pétroliers tels que Exxon, Total, ou encore Shell.
L'objectif est ici assez évident : les jeunes générations sont les plus engagées et au courant des impacts du dérèglement climatique, et cette industrie qui joue à l'évidence un rôle sur celui-ci tente de se refaire une beauté auprès d'elles. Si l'effet sur l'image de ces marques reste à démontrer, celui sur les influenceurs qui participent est en revanche déjà bien là.
De l'argent à gagner, mais des abonnés à perdre
Si les industries pétrolières ciblent les influenceurs, c'est bien sûr parce qu'elles savent que leur cote de popularité, déjà pas au plus haut en général, est vraiment très dégradée auprès des plus jeunes. Pour celles et ceux qui acceptent de faire ces partenariats, la motivation semble assez évidente : car l'industrie pétrolière, si elle n'est peut-être plus à son pic, a encore largement les moyens de rémunérer ceux qui vantent ses programmes fidélité ou la qualité des sandwichs triangle de ses stations-service. Mais pour ces créateurs de contenu, un tel choix pourrait se révéler très rapidement désastreux. Car si le monde de l'influence est déjà régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques controversées, la pilule a ici vraiment du mal à passer.
Le mode de vie présenté par de nombreux influenceurs, basé sur des trajets hebdomadaires en avion autour du monde, n'est déjà pas particulièrement écologique en soi, ce qu'un nombre croissant d'abonnés, souvent jeunes, font remarquer. Alors forcément, faire la promotion de marques à l'éthique parfois discutable, mais qui surtout pourraient difficilement être liées plus directement au dérèglement climatique passe mal auprès de nombreux abonnés. Et d'ailleurs, ceux-ci n'hésitent pas à le signaler en commentaires de ces partenariats.
Au nom d'un billet, ces influenceurs mettent donc en danger leur carrière et invitent malheureusement à redorer l'image des énergies fossiles, qui est pourtant très bien là où elle est.
Source : Le Dépêche