Les éditeurs de jeux vidéo dégraissent et repensent leur modèle après l'ouragan Fortnite

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 31 mars 2019 à 17h26
EA Electronic Arts
ricochet64 / Shutterstock.com

Alors qu'Activision et Electronic Arts sont contraints de se séparer de centaines de collaborateurs, l'heure est au renouvellement pour les éditeurs de jeux vidéo, qui ont peut-être loupé une marche.

Les grands studios de jeux vidéo ne sont pas à la fête. Alors qu'Activision Blizzard a récemment annoncé la suppression de 800 emplois, Electronic Arts va devoir écarter 350 de ses 9 000 salariés lors de fermetures de bureaux évoquées au Japon et en Russie. Ces tristes chiffres confirment une tendance : les temps sont durs et les vents récents n'ont pas tourné en leurs faveurs.

Des déceptions renforcées par le succès monstre d'un concurrent

Du côté d'EA, les titres phares, pourtant très attendus, ont déçu. Star Wars, Battlefront II, Battlefield V et Anthem n'ont enthousiasmé ni critiques ni spectateurs. Même son de cloche du côté d'Activision avec Call of Duty, Hearthstone et Overwatch.

Mais comme nos confrères des Echos le soulignent, il n'y a pas que les échecs personnels qui favorisent la dépression, il y a le succès des autres. Fortnite est entré dans les mœurs, mais le jeu d'Epic Games n'en reste pas moins un phénomène qui écrase la concurrence en ramassant des joueurs dans le monde entier, sur toutes les plateformes, et qui peut se targuer aujourd'hui d'une base de 250 millions de joueurs, tout en captant des revenus qui reviennent à Epic, plutôt qu'aux grands éditeurs. Avec Apex Legends et ses 50 millions de joueurs, EA est encore loin de pouvoir ne serait-ce que rivaliser avec le taulier des Battle Royale.

Attendre que Fortnite ralentisse pour rebondir

Le futur proche ne s'annonce pas plus radieux pour Electronic Arts et Activision Blizzard, qui ont dévoilé des résultats financiers en-deçà des attentes, sans oublier la déconvenue boursière tombée ces derniers mois sur eux-mêmes et sur d'autres, comme Ubisoft et Take-Two. Par conséquent, les salariés sont invités à partir, surtout là ils sont le moins utiles, car il est primordial de ne pas amputer les divisions de production.

Il convient maintenant pour les éditeurs d'attendre. Attendre que la tempête se radoucisse et que le phénomène Fortnite finisse par lasser le public ou par souffrir d'un défaut de renouvellement. Et puis, ne pleurons tout de même pas toutes les larmes de notre corps pour EA et Activision : le jeu vidéo n'a jamais autant rapporté d'argent qu'en 2018, avec près de 5 milliards d'euros rien qu'en France.

Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu
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