Test de Resident Evil 2 : le remake qui met tout le monde d’accord

Pierre Crochart
Par Pierre Crochart, Spécialiste smartphone.
Publié le 04 avril 2019 à 10h35
La dernière fois que Capcom a mis les mains dans le cambouis pour offrir à l'un de ses rejetons une refonte graphique, c'étant en 2002, avec Resident Evil premier du nom. Les plus âgés d'entre nous (disons les plus sages, ça passe mieux), se souviennent encore de la claque que ce remake Gamecube (!) leur avait infligée, six ans seulement après l'original. Un doux sentiment de nostalgie, qui peut désormais s'étendre à Resident Evil 2, dont ce remake ne rend pas seulement justice à son illustre modèle : il le dépoussière pour le porter aux nues des nouvelles générations qui - diantre - ne l'ont sans doute pas connu.

Peu d'éditeurs de jeux vidéo sont capables de nous enthousiasmer à l'annonce d'un remake. Il y a bien Sony qui, même s'il n'en est pas l'instigateur, tente de déterrer les licences phares de sa PlayStation comme Crash, Spyro, Medievil.

Aussi, avant de poser les mains sur ce Resident Evil 2, on ne peut s'empêcher de pousser un petit soupir. "Encore ? Sérieusement ?". Oui, sérieusement. Et vous voulez que je vous dise ce qu'il y a de plus beau dans ce remake ? La promesse, à demi-mot, qu'un jour Resident Evil 3 : Nemesis et Resident Evil 4 auront droit au même traitement de faveur.

Resident Evil 2 test
Raccoon City est plus lugubre que jamais. © Capcom

Mais que fait la police ?

L'histoire, on l'a connait. Leon Kennedy le bleu, en route pour son premier jour au commissariat de Raccoon City ; Claire Redfield la badass, à la recherche de son frère Chris, porté disparu depuis les événements du manoir Spencer quelques mois auparavant. "Deux étrangers, deux anonymes, mais pourtant", dirait le poète. Une rencontre fortuite et un camion-citerne en flammes plus tard, les deux héros sont séparés et poursuivront l'aventure chacun de leur côté.

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Un total de 4 scénarios s'entrecroisent dans Resident Evil 2. © Capcom

En dépit d'un tronc commun assez volumineux, le scénario de Leon et de Claire est assez largement dissemblable, et jouissent chacun d'un scénario bis parsemant ça et là quelques différences encore plus notables (pssst : pour les puristes, le canon c'est Claire A et Leon B). Autant de prétextes pour replonger, encore et encore dans les ruelles pluvieuses de Raccoon City, poussant la durée de vie totale du titre à une bonne vingtaine d'heures, si l'on n'a rien contre se retaper certaines séquences identiques. Autrement, la première run vous occupera entre 6 et 8 heures selon votre aisance.

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Terminer un scénario prendra entre 6 à 8 heures. © Capcom

Aussi malgré les efforts communicationnels de Capcom à cet égard : non, Resident Evil 2 n'est pas un "tout nouveau jeu", scénaristiquement parlant. Leon est toujours d'une niaiserie sans nom avec Ada, et Claire se changera toujours aussi rapidement en mère de substitution pour la petite Sherry Birkin. Capcom a préféré l'approche d'un maître de cérémonie qui ajuste ici et là la durée d'une séquence (la scène de l'alligator a d'ailleurs été assez sauvagement rabotée).

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Ada Wong et Sherry Birkin ont toutes deux droit à une petite séquence de jeu. © Capcom

Mais si l'éditeur ne transforme pas le post-il scénaristique de Resident Evil 2 en chef-d'oeuvre de littérature, il fait preuve d'une maestria rare pour en faire un tableau de maître. Disons-le d'emblée : Resident Evil 2 est l'un des titres les plus techniquement impressionnants de cette génération.

S'extasier devant un crâne décharné : mode d'emploi

Le RE Engine avait déjà fait montre de sa docilité dans Resident Evil 7, et il ne s'en sort pas moins bien dans un jeu à la troisième personne. Mis à part quelques visages féminins à la limite de l'uncanny valley, le moteur de Capcom délivre un univers graphique impeccable sur tous les aspects.

Il y a ces effets de lumière, d'abord, qui créent de parcimonieux halos qui viendraient presque nous rassurer de leur lueur jaunâtre. La réflexion des lampadaires sur un bitume trempé de pluie et maculé de sang est un bien étrange sujet de contemplation, et pourtant...

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Resident Evil 2 est beau à s'en damner. © Capcom

Mais ce qui force le plus le respect, c'est encore la modélisation des chairs. Ou plutôt, de leur absence. Jamais des zombies, aussi "lambda" soient-ils n'avaient paru si terrifiants. Un soin de modélisation qui se couple à une constante imprévisibilité des mouvements qui fait que, plus encore que les fameux lickers, les zombies sont les ennemis les plus redoutables de Raccoon City.

Capcom le sait parfaitement, et vous propose ainsi d'infliger les pires sévices à ces infectés pour qui vous ressemblez à une fondue savoyarde après une journée à skier. Grâce à une parfaite localisation des dégâts, libre à vous de démembrer joyeusement vos ennemis. Une solution parfois plus à propos qu'un tir dans la tête, les zombies étant vraiment coriaces. Il n'est pas rare de devoir loger plus de 8 balles dans l'encéphale de votre adversaire pour le clouer au sol. Parfois, la chance vous fera entendre le doux bruit d'une tête qui explose tel le couvercle d'un Tupperware qui aurait chauffé trop longtemps au micro-ondes après un tir seulement. Trop rarement pour le bien de vos stocks de munitions.

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La localisation des dégâts pousse à se montrer créatif en matière de défiguration. © Capcom

Car du survival horror, Resident Evil 2 fait honneur aux deux composantes du genre. Comme il est de coutume dans la saga, les munitions sont rares. A fortiori lors de votre premier run où, tel un adolescent à sa première boum, ne sait pas bien comment s'y prendre. Capcom n'ayant pas son pareil pour adosser une technique à la pointe à des mécaniques de gameplay archaïques, il vous faudra organiser votre inventaire, stocker les poudres et les plantes nécessaires à la confection de munitions et de soin, et penser à sauvegarder dans les (nombreuses) safe places au sein desquels les zombies ne peuvent pas entrer. Évidemment pour les plus masos : le mode Hardcore ne vous autorise la sauvegarde qu'en échange d'un ruban encreur.

L'inconfort comme principale qualité

D'aucuns voient comme une hérésie de porter la caméra à l'épaule alors que le jeu fût conçu pour des angles de vue immuables. Que ces mêmes personnes ne doutent pas que Resident Evil 2 remplit malgré tout à merveille son office horrifique. C'est notamment grâce à une direction artistique flamboyante, et à un sound design ravageur que, jamais l'inconfort ne quitte le joueur. Encore mieux : le jeu pénalise l'imprudent. Celui qui, las de visiter encore cette même pièce à la recherche d'un indice qui lui aurait échappé, se met à courir comme un dératé a ainsi toutes les chances de tomber sur un nouvel ennemi avec pertes et tracas.

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Ne pas négliger l'apport des planches pour calfeutrer les fenêtres du commissariat. © Capcom

C'est là toute la force de ce remake de Resident Evil 2. Même si l'on entrevoit, à force, les mécaniques. Même si les tenseurs horrifiques nous apparaissent cousus de fil blanc après plusieurs heures de jeu, persiste un doute qui nous pousse à marcher plutôt qu'à courir. À scruter une nouvelle pièce du sol au plafond à la recherche d'un licker qui y aurait élu domicile. À tendre l'oreille en espérant ne pas entendre le pas lourd du Tyran.

Le point sur les armes secondaires :

Le fonctionnement des armes secondaires a très largement évolué avec ce remake de Resident Evil 2. Tout d'abord, le couteau de combat est désormais doté d'une jauge de durabilité, qui vous obligera à en changer régulièrement. Ensuite, le couteau aussi bien que la grenade étourdissante et la grenade explosive peuvent être utilisés pour se défaire de l'emprise d'un zombie, et ainsi éviter d'être mordus.


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Imposant, rétro et surtout inarrêtable : le Tyran (ou Mr. X) ne vous lâchera pas d'une semelle. © Capcom

Ce dernier croisera votre route assez tôt dans le jeu, et ne vous quittera que rarement. Infecté alpha missionné par Umbrella pour vous réduire au silence, ce grand dadet en impair ganté de cuir lancera avec vous un macabre jeu du chat et de la souris au sein du commissariat de Raccoon City. Champion du monde de la patate de forain, cette véritable Némésis avant l'heure se fera entendre à plusieurs pièces à la ronde, augmentant sensiblement le degré de stress du joueur pendant ses recherches. Un coup de génie, qui nous a rappelé les meilleurs moments de Alien : Isolation.

Resident Evil 2 : l'avis de Clubic

Le remake de Resident Evil 2 est tout ce qu'on aurait souhaité que soient Resident Evil 5 et 6. Un jeu qui ne voit pas le fait de positionner la caméra à l'épaule comme un prétexte pour devenir un cliché hollywoodien de bas étage.

Plus angoissant que terrifiant, Resident Evil 2 brille en nous privant de cette sensation de confort qui transformait parfois Resident Evil 7 en ersatz de Doom. Ici, les munitions manquent du début à la fin, et il n'est pas rare de se faire croquer la guibole par un zombie totalement random alors que son fusil à pompe est amélioré au maximum.

Sublimé par un RE Engine décidément épatant, ce remake dépoussière un monument de l'histoire du jeu vidéo avec un infini respect et l'adapte aux codes d'aujourd'hui.

Une réussite à tous les étages, qui nous fait étrangement espérer que davantage de remake de cette trempe viennent garnir nos étagères dans les prochaines années. Aurions-nous vieilli ?

Resident Evil 2

9

Les plus

  • Un inconfort constant
  • Une vraie claque visuelle
  • La perfection du sound design
  • Une grande rejouabilité...

Les moins

  • Fin des scénarios principaux toujours aussi expéditive
  • Moins de changements scénaristiques que prévu
  • ... si on aime repasser par les mêmes chemins

Graphismes9

Sound design9

Durée de vie7

Scénario6

Immersion8


Test réalisé sur Xbox One X à partir d'une version fournie par l'éditeur
Pierre Crochart
Spécialiste smartphone
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Commentaires (7)
Urleur

arf, ce qu’il y a de déprimant sur pc obliger de passer par steam, sinon le jeux est vraiment top ! dommage qu’il soit pas sur gog sans drm il aurait été plus fluide.

Clemzip

Bah merde y’a longtemps que j’avais pas lu un commentaire aussi con…

Perso je suis pas hyper fan du genre mais j’aime y jouer de temps en temps, ça divertit et amène une bonne dose d’adrénaline. Et je comprends qu’on puisse ne pas aimer du tout.

Mais juger les gens sur leurs goûts vidéoludiques/cinématographiques ça te paraît normal?? Donc on va vite enfermer tous ces malades qui jouent aux jeux d’horreur ou qui regardent des films du genre. Et tous ces passionnés de guerre (jeux ou films), on devrait les enfermer aussi, c’est forcément des personnes ultra violentes!

Non mais on est tombés vraiment bas là…

Eths25

Ils ont internet dans les asiles? ou tu sort en cachette le fragile?

obyoneone

je peux pas tocard, t’es de LREM ? Et d’où tu connais CPY si toi tu peux payer ?

narco

Resident Evil 7 Biohazard Gold Edition-PLAZA

en attendant :slight_smile:

le_repenti

L’amalgame tout pourri qui consiste à accoler des comportements ou des tares mentales selon les goûts artistiques des uns ou des autres. Pathétique.

masaku

“je ne vois pas en quoi cela est si choquant de dire que les gens qui aiment les trucs d’horreur ont forcément un côté psychopathe”

Tu vois pas en quoi c’est choquant ?
Bah tu généralise tout un groupe de gens et les catalogue de “Psychopathes” simplement parce qu’ils jouent à des jeux gores…
Et tous ceux qui font du JDR sont des métaleux satanistes c’est ça?
Ce raisonnement est sectaire il n’est pas basé sur des preuves ou des faits scientifiques qui permettrait de diagnostiquer une maladie mentale au cas par cas sur un individu particulier mais sur des suppositions et une appréciation subjective sans aucun fondement logique.

Franchement je me méfie bien plus de ces gros humanistes vaniteux et hypocrites adeptes du politiquement correct qui se donnent des airs de “belles personnes” en société pour flatter leur égo, que d’une personne qui assume ce qu’il est (et donc ses loisirs même gores) sans se soucier de ce que pensent les autres.
Car celui qui souhaite faire vraiment le bien par pur altruisme se fiche du regard des gens ou d’en tirer la moindre gloire.

Se détendre? pourquoi se détendre quand on tombe sur un commentaire aussi con que le tiens.

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