Plus puissante, plus ambitieuse, mais aussi plus chère. La PlayStation 5 Pro de Sony promet des performances graphiques inédites et une nouvelle approche technologique. Mais son absence de lecteur de disque intégré et son prix font grincer des dents. Décortiquons ensemble cette nouvelle console.

© Colin Golberg
© Colin Golberg
Les plus
  • Améliorations graphiques significatives
  • Technologie PSSR efficace
  • Efficacité énergétique
  • Nuisances sonores faibles
Les moins
  • Pas de lecteur de disques inclus
  • Performances inégales selon les jeux
  • Mode boost limité
  • Rapport qualité-prix discutable

Sony continue de renouveler son écosystème avec la sortie de la PlayStation 5 Pro, une version « améliorée » de milieu de génération de la console emblématique. Destinée aux joueurs les plus exigeants, elle propose des performances en hausse, un stockage doublé et des innovations technologiques comme le PlayStation Spectral Super Resolution (PSSR). Mais, ce qui attire l’attention, c’est son positionnement tarifaire et son choix stratégique : un prix de 799,99 €, sans lecteur de disque intégré, et une accessibilité restreinte pour ce dernier. Face à cette stratégie, la question se pose : la PS5 Pro est-elle une évolution incontournable ou une dépense difficile à justifier ?

Fiche technique comparative : PS5 vs PS5 Pro

CaractéristiquesPS5 StandardPS5 Pro
Prix de lancement499,99 €799,99 €
Stockage interneSSD 825 GoSSD 2 To
Résolution maximale4K8K
Technologie d’upscalingAMD FSRPlayStation Spectral Super Resolution (PSSR)
GPURDNA 2 - 10,28 TFLOPsRDNA 3 - 16,7 TFLOPs
CPUAMD Zen 2 - 3,5 GHzAMD Zen 2 - boosté à 3,85 GHz
Wi-FiWi-Fi 6Wi-Fi 7
CompatibilitéPS4 et PS5PS4 et PS5

Design : entre évolution subtile et absence scandaleuse du lecteur de disque

Quand on déballe la PS5 Pro, on trouve le strict nécessaire : la console, une manette DualSense (classique, pas le modèle Edge), les câbles d’alimentation et HDMI, et un support pour poser la machine horizontalement. Mais l’absence de lecteur de disque dans une console haut de gamme fait débat. Pour les amateurs de jeux physiques, il faudra débourser 119,99 € supplémentaires pour un lecteur additionnel… si vous avez la chance de le trouver en stock. Un choix de Sony qui laisse perplexe, renforçant l’idée que la firme pousse ses joueurs vers le tout dématérialisé.

La PS5 Pro est moins imposante que la première version de la PS5 © Colin Golberg

À première vue, la PS5 Pro ressemble beaucoup à la PS5 slim. Toutefois, elle se distingue par un format légèrement plus épais que celle-ci, mais plus compact que la première version standard. Le design reste proche, mais les bandes noires texturées sur les façades viennent apporter un signe distinctif face aux modèles standards. Dommage cependant que le support vertical soit désormais vendu séparément pour 29,99 €, rappelons qu'il était inclus à la sortie de la PS5…

Les faces avant et arrière de la PlayStation 5 Pro © Colin Golberg

Les nouveautés techniques : RDNA 3, PSSR et Wi-FI 7

Le GPU basé sur l’architecture RDNA 3 est la pierre angulaire de la PS5 Pro. Avec 16,7 TFLOPs, il offre une augmentation significative de la puissance graphique (45 % plus rapide que celui de la PS5), permettant une prise en charge plus efficace du ray tracing, des résolutions jusqu’à 8K (dans des cas spécifiques), et une gestion énergétique optimisée.

Contrairement au GPU, le CPU AMD Zen 2 octa-core reste le même que sur la PS5 standard, avec un mode spécifique qui voit sa fréquence légèrement boostée à 3,85 GHz. Ce mode, accessible aux développeurs, est censé offrir des gains modestes sur certains jeux.

Du côté de la connectivité, l’arrivée du Wi-Fi 7 assure une connectivité pérenne, idéale pour le cloud gaming et les téléchargements rapides, ainsi qu'une latence faible sur les jeux compétitifs. Le stockage interne passe également à 2 To, une évolution très attendue par les joueurs avec les jeux qui occupent toujours plus d'espace de stockage.

Enfin, la technologie phare mise en avant par Sony sur la PS5 Pro, c'est le PSSR. Le PlayStation Spectral Super Resolution veut se mesurer aux technologies d’upscaling IA comme le DLSS de NVIDIA. Elle repose sur des algorithmes d’intelligence artificielle spécialement conçus pour optimiser le rendu visuel des jeux vidéo. Contrairement à un simple upscaling spatial ou temporel, qui se base uniquement sur les informations présentes dans les images, le PSSR utilise des modèles d’IA entraînés pour comprendre les détails complexes de l’image.

Qu’est-ce que l’upscaling ?

L’upscaling est une technologie qui consiste à améliorer la qualité d’affichage d’un contenu en augmentant sa résolution. Contrairement à une véritable résolution native, où chaque pixel correspond physiquement à une donnée calculée, l’upscaling « extrapole » les pixels manquants à partir de ceux déjà existants — grâce à l'IA dans le cas du PSSR et du DLSS — pour créer une image plus nette et mieux adaptée aux écrans haute définition.

Dans le contexte des jeux vidéo, l’upscaling est devenu essentiel pour concilier qualité visuelle et performances dans des jeux toujours plus exigeants (notamment avec le ray tracing). L'image calculée dans une résolution inférieure est moins couteuse en ressources, mais l'upscaling se charge d'augmenter la résolution de l'image finale à moindre coût.

On ne l'a pas encore précisé, mais pour profiter au maximum de la PlayStation 5 Pro, il faudra évidemment un téléviseur 4K, compatible HDMI 2.1 et VRR. Si vous utilisez votre PS5 sur un téléviseur Full HD un peu ancien, il n'y a aucun intérêt selon nous de passer à la PS5 Pro.

Quelles améliorations pour les jeux ?

La PlayStation 5 Pro promet des avancées notables pour les joueurs grâce à des capacités techniques améliorées. Cependant, son impact réel dépend fortement de l’optimisation des jeux. Pour bien comprendre ces différences, il est utile de distinguer trois catégories : les jeux ayant reçu une mise à jour spécifique pour la PS5 Pro, les jeux PS5 non patchés et les titres PS4 utilisant le mode « amélioration des jeux PS4 ».

En préambule de cette partie, il est important de préciser que les améliorations sont largement plus perceptibles devant un téléviseur haut de gamme, que sur les vidéos et les captures d'écran de ce test, mais il faudra nous croire sur parole.

Bien que nous ne disposions pas d'outils permettant de mesurer précisément le framerate, ou de compter les pixels sur une TV comme le font les experts de Digital Foundry, notre expertise sur les technologies graphiques PC nous permet tout de même d'analyser les améliorations de façon pertinente.

Jeux avec mise à jour spécifique pour la PS5 Pro

Sony a annoncé qu’une cinquantaine de jeux bénéficieront d’un patch "PS5 Pro Enhanced" dès la sortie de la console. Ces mises à jour permettent de tirer pleinement parti des capacités supplémentaires de la PS5 Pro : meilleure résolution, framerate plus stable, ray tracing avancé et utilisation des nouvelles technologies comme le PSSR.

Parmi les jeux que nous avons pu tester, Gran Turismo 7 profite pleinement de la puissance de la PS5 Pro avec du ray tracing en temps réel en 4K à 60 images/sec pendant les courses, une fonctionnalité absente sur la PS5 standard. La mise à jour apporte également un mode 4K à 120 images/sec sans ray tracing et un mode 8K à 30 images/sec, que nous n'avons pas pu tester faute de posséder une TV 8K.

Tous les jeux PS5 d'Insomniac Games ont également été patchés, et permettent de proposer un niveau graphique correspondant au mode « fidélité » autrefois bloqué à 30 images/sec, cette fois-ci en 60 images/sec grâce au PSSR. Ratchet & Clank: Rift Apart nous a particulièrement impressionné en proposant une image et une fluidité impeccable en 4K avec le ray tracing activé.

Horizon Forbidden West a également profité d'une mise à jour PS5 Pro, bien que n'utilisant pas le PSSR, nous avons été bluffés par la qualité d'image véritablement digne d'un PC haut de gamme. Le mode performance du jeu était déja particulièrement réussi sur la version PS5 du titre, mais les curseurs sont maintenant poussés au maximum pour un rendu exceptionnel. Pour le coup, en dehors d'un framerate supérieur à 60 images/sec, la version PC du titre ne fait pas mieux en termes de qualité d'image.

Le rendu n'a rien à envier à la version PC poussée au max © Colin Golberg

Mais si nous ne devions retenir qu'un titre qui représente le plus gros gain de qualité d'image et de performances, c'est sans aucun doute Final Fantasy VII: Rebirth. Le mode performance disponible jusqu'à la sortie de la PS5 Pro était tout bonnement atroce, offrant une qualité d'image très pauvre et imposait une myopie générale à tous les joueurs qui avaient le malheur de vouloir jouer à 60 images/sec. Square Enix avaient bien tenté de réparer le coup en proposant plusieurs correctifs, mais cela restait très en dessous des modes performances de la plupart d'autres jeux. On pourra ironiser (à juste titre) qu'il n'était pas compliqué de faire mieux que cette bouillie de pixel avec un patch PS5 Pro en bonne et due forme, mais il faut reconnaitre que l'avant/après est impressionnant. La qualité d'image est étonnamment meilleure que dans le mode fidélité d'origine (bloqué à 30 images/sec) mais se permet également de booster le framerate à 60 images/sec. On aurait presque envie de le refaire…

À gauche le mode PS5 Pro, à droite le mode performance de la PS5.© Colin Golberg

Nous avons également pu essayer d'autres titres patchés PS5 Pro qui s'en tirent très bien, parmi eux nous pouvons citer Stellar Blade, No Man's Sky, The Last of Us Part 1 & 2, God of War Ragnarök et Dead Island 2 qui bénéficie tous d'un boost de résolution et de framerate pour un rendu sensiblement meilleur que sur PS5 standard. Les titres PSVR2 profitent également de la puissance supplémentaire, nous avons pu tester Resident Evil Village et Resident Evil 4 Remake qui propose une définition améliorée, et par extension un aliasing clairement moins prononcé.

Les jeux PS5 et PS4 non patchés

Les jeux PS5 n'ayant pas reçu de mise à jour dédiée bénéficient tout de même du mode boost de la PS5 Pro. Cette fonctionnalité améliore les performances en augmentant la fréquence d'images. Par exemple, Elden Ring (version PS5) atteint enfin les 60 images/sec stables en mode performance, et reste relativement stable entre 50 et 60 images/sec en mode qualité (sans le ray tracing), avec quelques chutes mineures à 45 images/sec.

Concernant les jeux PS4, la PS5 Pro propose un mode d'amélioration visant à améliorer la qualité d'image et les performances. Les jeux PS4 apparaissent plus nets, avec un aliasing réduit grâce à un upscaling en post-traitement. L'effet s'apparente plus à un filtre qu'à un véritable upscaling, mais dans la plupart des titres cela fonctionne plutôt bien. Particulièrement sur l'interface et autres éléments 2D. Nous avons pu tester la fonctionnalité sur Bloodborne (dont on attend désespérément une mise à jour/remaster/remake/portage PC) et la qualité d'image générale et du HUD bénéficie d'une amélioration bienvenue. Cela-dit, c'est subtil, n'achetez pas une PS5 Pro pour améliorer les jeux PS4 !

Des performances inégales et quelques ratés

Tous les titres ne profitent pas de manière uniforme de ces nouvelles performances. Certains jeux, même avec des patchs ou des optimisations spécifiques, rencontrent des problèmes de stabilité ou des limitations techniques qui tempèrent l’enthousiasme, voire gâche complètement la partie.

Silent Hill 2 Remake, par exemple, suscite de nombreuses critiques en raison de ses performances sur PS5 Pro. Bien que le jeu profite d’une résolution augmentée, il souffre de fluctuations importantes du framerate, même en mode Performance. Le rendu des textures laisse également à désirer, avec un aliasing marqué sur certains modèles et un effet de scintillement sur certains détails dont la végétation.

De son côté, Star Wars Jedi: Survivor illustre les limites techniques de certains titres sur cette génération de consoles. Malgré un patch estampillé « amélioré PS5 Pro », le jeu continue de présenter des baisses de framerate dans des environnements denses ou lors de combats particulièrement intenses. Le ray tracing s’avère toujours trop coûteux en termes de performances, ce qui nous contraint à rester en mode « performance ».

Ces problèmes révèlent une réalité importante : la puissance de la PS5 Pro, bien que significative, ne garantit pas une expérience homogène si les jeux ne sont pas correctement optimisés. Dans le cas de Silent Hill 2 Remake et Jedi: Survivor, ces difficultés semblent découler d’un manque de temps ou de ressources pour adapter ces titres à l’architecture spécifique de la console. Espérons que les correctifs successifs viendront à bout de ces problèmes, le PSSR étant une technologie vouée à évoluer comme le DLSS de NVIDIA qui s'est largement bonifié avec le temps et les versions successives.

Par ailleurs, le maintien d’un CPU identique à celui de la PS5 standard, malgré un léger boost de fréquence, continue de limiter les performances dans les jeux particulièrement exigeants, notamment les open world. On peut d'ailleurs se demander si la PS5 Pro sera capable de proposer un mode 60 images/sec lors de la sortie de GTA VI, l'un des titres les plus attendus de tous les temps.

Un prix qui fait débat

Avec un prix de lancement fixé à 799,99 €, la PlayStation 5 Pro marque une rupture significative dans la politique tarifaire de Sony. Pour mieux comprendre l’évolution des prix de lancement des consoles PlayStation, nous avons préparé un tableau comparatif ajusté à l’inflation actuelle.

ConsoleAnnée de sortiePrix de lancementPrix ajusté en 2024
PlayStation 11994299 €541,19 €
PlayStation 22000299 €445,51 €
PlayStation 32006499 €658,68 €
PlayStation 42013399 €486,78 €
PlayStation 4 Pro2016399 €450,87 €
PlayStation 52020499 €538,92 €
PlayStation 5 Pro2024799,99 €799,99 €

Ce tarif reflète autant une augmentation des coûts de production (technologie, inflation, tensions géopolitiques, crise énergétique) qu’une volonté de maximiser les marges en ciblant un public premium. Mais surtout, Sony reste le seul constructeur à proposer une console « midgen », Microsoft ayant choisi de ne pas renouveler son approche comme avec la Xbox One X. Cette absence de concurrence directe permet à Sony d’imposer ses prix sans restriction, et de franchir la ligne rouge en retirant une fonctionnalité pourtant incluse dans le modèle de lancement : le lecteur de disque. Toutefois, le risque est réel : séduire une niche tout en éloignant le grand public.

À ce tarif, on peut légitimement se demander si on ne pourrait pas obtenir de meilleures performances (et polyvalence) en montant une configuration PC gamer. Avec un « vieux » processeur comme le Ryzen 5 5600X, une carte mère B550, 16 Go de DDR4, une RTX 3060 (d'occasion, car difficile à trouver neuve), un SSD NVMe 1 To, une alimentation 500W et un boitier d'entrée de gamme, cela reste possible. Mais il faudra rajouter tous les périphériques et oublier complètement la 4K dans les jeux récents avec un niveau de détails élevés. Oubliez également la simplicité d'utilisation d'une console branchée à un téléviseur.

Sony PlayStation 5 Pro : l'avis de Clubic

En 2016, Sony avait lancé la PS4 Pro au même tarif que celui de la PS4 lors de sa sortie, tout en abaissant le prix de cette dernière. Une stratégie convaincante qui permettait d’acquérir la nouvelle console à moindre coût en revendant l’ancien modèle. En 2024, cette approche ne semble plus fonctionner. La différence de prix entre la PS5 et la PS5 Pro paraît difficilement justifiable, le gain en performances et en qualité d’image restant limité pour l’instant, avec peu de titres optimisés. Espérons que les futurs jeux exploiteront mieux cette puissance supplémentaire ou que Sony ajustera rapidement le prix de la PS5 Pro.

Conclusion
Note générale
8 / 10

La PlayStation 5 Pro s’adresse principalement aux joueurs passionnés et technophiles qui recherchent une expérience de jeu visuellement exceptionnelle et sont prêts à investir dans une console premium. Elle est particulièrement adaptée à ceux qui possèdent un téléviseur 4K avec HDMI 2.1 et compatible VRR, indispensable pour exploiter pleinement ses capacités.

Avec des avancées notables en ray tracing, l'introduction du PSSR, et des performances accrues sur les titres optimisés, la PS5 Pro est idéale pour les joueurs qui ne veulent pas faire de compromis entre graphisme et performance.

Cependant, son prix très élevé et l’absence de lecteur de disque intégré la destinent surtout à un public déjà engagé dans le tout dématérialisé ou prêt à gonfler encore la facture pour s'équiper du lecteur de disque optionnel.

Les plus
  • Améliorations graphiques significatives
  • Technologie PSSR efficace
  • Efficacité énergétique
  • Nuisances sonores faibles
Les moins
  • Pas de lecteur de disques inclus
  • Performances inégales selon les jeux
  • Mode boost limité
  • Rapport qualité-prix discutable