Un temps prévu pour accompagner la rentrée scolaire, GRID version 2019 nous a finalement fait faux bond à la dernière minute pour se repositionner sur ce début octobre. Codemasters a cette fois tenu parole et nous avons pu poser nos grosses mains pleines de doigts sur le dernier bébé des britanniques décidément peu avares en sorties automobiles. Pensez qu'après DiRT Rally 2.0 en février dernier et F1 2019 au tout début de l'été, Codemasters a mis à jour ses trois principales franchises en l'espace de quelques mois. Pas que nous soyons mauvais esprit, mais forcément on se demande si les développeurs ont eu les moyens de leurs ambitions et si le travail n'aurait pas été bâclé aux entournures ? Puisque DiRT Rally 2.0 était plus que correct et que F1 2019 venait parfaire une série unanimement saluée, est-ce à dire que GRID allait être le vilain petit canard ?
« Un écran de carrière - presque comptable - d'une aridité assez remarquable »
La course entête ?
Après le relatif échec de GRID : Autosport - sans doute sorti trop tôt - Codemasters se devait de réagir et les cinq ans d'écart entre les deux derniers opus plaident en sa faveur. Hélas, dès les premières secondes de jeu, ce capital confiance fond comme neige au soleil. Au premier lancement, il faut effectivement se fader une introduction moisie au cours de laquelle on nous fait essayer trois types de véhicules via trois courses pour une durée totale d'environ dix minutes. Plus gênant encore, lorsque ladite séquence s'achève, le joueur est balancé sur la carrière, pierre angulaire de ce GRID.Enfin, pierre angulaire si on veut car les développeurs ont fait preuve d'un manque total d'inspiration pour habiller ce qui constitue le gros morceau du jeu. L'écran central de cette carrière est une espèce de grille sur laquelle on retrouve les différentes catégories et les multiples épreuves. Nous ne sommes pas forcément pour les cinématiques dans tous les sens ou la scénarisation au rabais, mais le fait est que cet écran - presque comptable - est d'une aridité assez remarquable et il témoigne d'un manque total d'esprit créatif de la part de l'éditeur... ou, pire encore, d'un je-m'en-foutisme absolu.
Le joueur a alors le choix entre les six catégories qui composent le jeu depuis le Touring jusqu'au Invitational en passant par Stock, Tuner, GT et Fernando Alonso. En dehors de l'Invitational, deux fois plus long, chaque catégorie se compose de quatorze compétitions de difficulté croissante que l'on débloque au fur et à mesure. La quatorzième est à chaque fois ce que les auteurs appellent un showdown qui, si l'on arrive à être victorieux dans au moins quatre d'entre eux, donnent accès aux GRID World Series, sorte de pinacle du jeu.
La progression du joueur repose sur l'idée qu'il faut parvenir à débloquer ces épreuves finales, mais là encore, ce n'est pas l'audace qui a étouffé Codemasters. Selon le cas on doit terminer dans la première moitié / sur le podium / en tête d'une course pour débloquer la suivante. Chaque action entreprise pendant une épreuve (dépassement, trajectoire...) est aussi l'occasion d'engranger de l'expérience et les choses sont matérialisées par des blasons sous le classement final de la course pour nous dire ce qui a été réussi. Problème, on a surtout l'impression que tout se fait un peu tout seul, il n'est pas évident de s'enthousiasmer.
« Et si Codemasters se réservait pour de futurs DLC ? »
50 nuances de GRID
Si l'enthousiasme n'y est pas vraiment, reconnaissons que le contenu de cette carrière est globalement assez riche et que la succession des compétitions a au moins le mérite d'apporter un défi sur la durée : les courses vont devoir se multiplier pour atteindre les sommets. On profitera alors des plus de 60 véhicules bien réels et de trois bolides fictifs... en attendant les DLC. Cela va donc de l'Aston Martin disponible en deux versions aux diverses Ferrari 330, 365, 512BB ou F430 en passant par la Corvette C7.R, la Ford Mustang GT4, la Mazda RX-7 Panspeed ou bien encore la Subaru Impreza.Côté tracés, Codemasters essaye de nous faire croire qu'il propose la même variété en insistant essentiellement sur le nombre de parcours (92). Il n'a pas complètement tort, mais il serait plus honnête d'évoquer les seulement douze environnements que l'on connaît d'ailleurs pour la plupart déjà par cœur : Silverstone, Sepang, Indianapolis, Brands Hatch... Il y a beaucoup de redites avec d'autres jeux de caisses bien sûr, mais surtout avec les précédents opus de la franchise GRID. On aurait aimé que Codemasters soit un peu plus inventif à ce niveau.
Vous l'aurez compris, le manque d'audace des développeurs est une constante qui se retrouve donc à tous les niveaux du jeu. En carrière, au niveau des environnements, mais aussi en mode multijoueur, si tant est que l'on puisse baptiser ainsi une simple succession de « courses rapides » sans la moindre forme d'organisation, de tournois ou de classements. Forcément, lorsque l'on jette un œil à ce que peut proposer la concurrence, on est en droit de se poser des questions sur l'attitude de l'éditeur : se réserve-t-il pour les futurs DLC ?
Venons-en au cœur d'un jeu de voitures, la conduite. À ce niveau non plus, il n'y a pas de surprise, mais cette fois, nous serons moins critiques. Depuis que la franchise GRID existe, elle cherche à trouver une voie médiane entre les pures simulations automobiles et les courses typées arcade qui demandent des compétences, mais font fi de toute considération physique. Force est de reconnaître que le studio y est parvenu à deux reprises - sur GRID 1 et 2 donc - avant de mordre la poussière sur Autosport. Réjouissez-vous, GRID version 2019 est plutôt à l'image des deux premiers opus.
« Les poussées d'adrénaline sont au rendez-vous, notamment dans la gestion du drift »
Terriblement efficace
Dès lors que l'on ne s'attend à avoir un comportement parfaitement réaliste des véhicules, GRID fait bien le job. Il ne verse donc pas trop dans le surréalisme avec des voitures comme en lévitation qui ne peuvent rater aucun virage et ne pas subir les lois les plus élémentaires de la physique. GRID adopte un style permissif qui laisse une certaine liberté au joueur, mais dès lors que l'on désactive toutes les assistances, il convient malgré tout de veiller au survirage ou au patinage. Partir en tête-à-queue ou bloquer les roues sur un freinage trop violent reste possible, même s'il faudra y aller.N'espérez donc pas transformer GRID en ce qu'il n'est pas : vous n'aurez pas les sensations d'une simulation, mais les poussées d'adrénaline sont au rendez-vous notamment dans la gestion du drift ou via certaines exagérations - volontaires - dans le comportement des voitures. Les échanges avec les autres pilotes peuvent aussi virer au règlement de compte musclé. On se rentre dedans sans craindre la casse matérielle et si Codemasters insiste sur les différentes personnalités de son I.A., franchement, nous cherchons encore : à part être agressive comme pas deux, nous n'avons rien senti de probant.
Reste qu'elle fait le job et viendra remplacer les joueurs humains que l'on n'a pas toujours « sous la main » pour se tirer la bourre. Nous vous suggérons d'ailleurs de ne pas hésiter à monter la difficulté après quelques essais de courses : au niveau normal - baptisé intermédiaire - l'opposition est vraiment faible. On regrette d'ailleurs que même au niveau maximum, l'intelligence artificielle ne soit pas plus... intelligente justement. Elle conduit mieux, mais ne sait pas placer ses attaques et nous n'avons même pas encore parlé du système de Némésis / des écuries.
La Némésis est en quelque sorte le pire ennemi d'un coureur : le pilote qui nous en veut « à mort » parce qu'on l'a frôlé d'un peu trop près lors d'un dépassement par exemple. L'idée est ici que cette Némésis n'hésite pas - en retour - à nous faire quelques crasses. Problème, cela se traduit bien souvent par un rentre-dedans sans aucune imagination. Pire encore est le système d'écuries : il s'agit d'un autre pilote engagé à nos côtés et qui lors des courses de carrière peut éventuellement répondre à nos sollicitations.
« Un rendu visuel efficace, plus encore au cours des compétitions urbaines, durant les courses de nuits ou lorsque la météo s'en mêle »
La pole au GRID ?
Le principe est simple, on lui demande de nous venir en aide, par exemple pour bloquer un adversaire ou dégager un peu la piste pour que l'on puisse se frayer un chemin. En réalité, les ordres sont extrêmement basiques... et ce n'est pas plus mal car de toute façon l'équipier ne les suit pas du tout. Pire, nous avons à deux reprises été pris en grippe par notre équipier - sans avoir fait quoi que ce soit pour le mériter - qui est alors devenu notre propre Némésis. Bravo l'esprit d'équipe ! Nous imaginons qu'il s'agit là d'un bug, mais ça fait désordre malgré tout.Autre point qui dérange : à plusieurs reprises, nous avons eu la voix off précisant que « la première place n'est pas loin ». Problème, nous étions persuadés d'être en tête, mais l'indicateur marquait effectivement 2e. La ligne d'arrivée coupée, nous avons compris qu'il s'agissait d'un bug, nous avons bien remporté la course. Même en faisant abstraction des bugs, la voix off est pénible. Ses commentaires sont d'une bêtise absolue : elle est du genre à nous dire « de conserver cette place » alors que nous entamons - largement en tête - le dernier tour. Merci pour le conseil l'ami !
L'aspect technique ne se limite heureusement pas aux bugs et à cette voix off. GRID se distingue même par son moteur graphique globalement tout à fait au niveau des standards actuels. Il a certes un peu tendance à forcer le contraste, mais le rendu visuel est efficace, plus encore au cours des compétitions urbaines, durant les courses de nuits ou lorsque la météo s'en mêle. Les crashs sont aussi assez remarquables - même s'ils n'ont pour ainsi dire aucune incidence sur les performances des véhicules - et le bilan graphique est donc plus que convaincant.
Mieux, GRID sait se montrer relativement léger sur PC. Il ne faudra donc pas un monstre de puissance pour en profiter et si nous n'avons pas conduit de tests très élaborés à ce niveau, la configuration recommandée nous semble suffisante pour en profiter tous détails au maximum en 1440p. En revanche, nous ne saurions trop insister sur la nécessité d'utiliser un volant. Cela vient peut-être de notre médiocrité gamepad en main ou de nos habitudes de (chanceux) détenteur d'un Fanatec, mais le mini-stick nous a semblé particulièrement sensible et pas toujours très contrôlable.
GRID (2019) : l'avis de Clubic
Vaste mode carrière et variété des épreuves devaient permettre à GRID de se tailler un joli succès. La promesse d'un système de Némésis où l'intelligence artificielle « n'oublie rien » constituait LA grosse innovation destinée à faire pencher la balance en faveur du jeu de Codemasters. Hélas, la carrière illustre surtout le manque d'audace des développeurs tandis que la Némésis n'apporte rien du tout. Le mode multijoueur à la limite de l'indigence vient parachever ce qui semble se diriger tout droit vers un désastre... mais qui tient finalement la route grâce à la nervosité des épreuves et à la grande diversité des bolides. Le style de conduite à mi-chemin entre la simulation et l'arcade pure est finalement intéressant en ce sens qu'il délivre de bonnes poussées d'adrénaline à défaut d'être exigeant. Au final, sans être le successeur de GRID 2 que nous appelions de nos vœux, ce cru 2019 fait honnêtement passer le temps.Test réalisé à partir d'un code fourni par l'éditeur