Décollage imminent pour le MEV qui va allonger la durée de vie d'un satellite "hors service"

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 07 octobre 2019 à 17h23
Proton_MEV
La fusée Proton avec MEV sur son pas de tir

Mercredi 9 octobre, le premier véhicule de service destiné à rallonger la durée de vie de satellites déjà en orbite, devrait décoller de Baïkonour. Cette première mission de test devrait durer au moins 5 ans et sera observée à la loupe.

Le MEV-1 (Mission Extension Vehicle) ressemble à un satellite comme un autre. Il est d'ailleurs installé avec un vrai satellite de télécommunications, (Eutelsat 5 West B) sous la coiffe d'un lanceur russe Proton. Mais après son décollage, le MEV se mettra en chasse. Il va rejoindre un satellite, Intelsat-901, qui a déjà dépassé sa durée de vie en orbite, et qui normalement devrait être mis au placard : placé sur une orbite « cimetière » et désactivé. Le MEV va réaliser une manœuvre difficile : s'approcher et venir s'amarrer à Intelsat-901 pour le ramener en service actif !

MEV, un véhicule sangsue

Ce petit satellite, construit et opéré par Northrop Grumman, reste accroché à sa cible : il ne transfère pas de carburant, ne change pas d'antennes et n'améliore pas les capacités du satellite-hôte. Mais en restant accroché derrière lui comme une sangsue, il permet de rallonger sa durée de vie de plusieurs années.

Equipé de grands réservoirs, le MEV-1 devrait rester accroché à son satellite durant 5 ans, ce qui va permettre à Intelsat de profiter d'Intelsat-901 plusieurs années supplémentaires pour une fraction de ce qu'un tel bijou de technologie coûte à l'achat. Et tout le monde y gagne : Northrop Grumman teste son nouveau concept, reçoit de l'argent d'Intelsat, et pourra (si la démonstration est validée) utiliser le MEV-1 pour aller l'accrocher sur un ou plusieurs autres satellites à partir de 2024.

Qui veut son MEV ?

Ce type de véhicules pourrait se généraliser dans la prochaine décennie, car de nombreux « vieux » satellites qui fonctionnent très bien ont leurs réservoirs vides ou presque. Des véhicules de service économiseraient des centaines de millions aux opérateurs en attendant une nouvelle génération de satellites géostationnaires re-programmables qui se profile.

Le constructeur a déjà commandé un MEV-2 qui doit décoller dans la seconde moitié de 2020, qui aura déjà de meilleures capacités comme le largage de petits satellites co-passagers... Et à terme, Northrop Grumman espère bien en faire de véritables véhicules d'amélioration, modulaires et universels.

Le MEV-1 et Eutelsat 5 West B doivent décoller le 9 octobre à 12h17 (Paris) sur une fusée Proton depuis Baïkonour. Comme il faut plusieurs allumages moteur pour atteindre l'orbite voulue, la mission de lancement durera à elle seule plus de 15 heures avant séparation des satellites.

Source : Engadget.
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (2)
Niverolle

“Ce type de véhicules pourrait se généraliser dans la prochaine décennie” ==> Actuellement, les gros satellites de communication rapportant un joli paquet de millions par mois, le surcoût d’un lancement plus précis (qui rallonge l’espérance de vie de plusieurs années) ou carrément d’un deuxième lancement comme dans le cas d’un MEV (qui en fait tout autant), est de toute façon vite effacé. Mais j’ai bien dit “actuellement”; toute la question étant de savoir quel sera l’avenir de ces “gros” face au légions de “petits” qui semblent avoir le vent en poupe ?

ebottlaender

Oui, ça pourrait être une solution de transition effectivement, d’ici à ce qu’une nouvelle génération de satellites plus légers et reconfigurables prenne le dessus. Mais des MEV ou équivalents pourraient trouver d’autres utilités pour amener des satellites sur la bonne orbite, transférer du carburant, etc.

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