L’ESA souhaite mettre en place l’évitement autonome de débris

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 24 octobre 2019 à 09h43
ESA debris
Poster présentant le programme anti-débris de l'ESA

L'agence spatiale européenne espère recevoir du soutien pour son projet de détection et d'évitement automatique de débris en orbite, le mois prochain, à l'occasion de la prochaine session ministérielle. Un défi prioritaire ?

Une chance sur 10 000. Pour l'ESA, dès que la probabilité d'une collision dépasse ce niveau, il faut considérer qu'il y a danger. Actuellement, lorsque ce genre de croisement peut arriver en orbite, le dossier est transmis à un analyste qui va suivre la situation de près et, au besoin, va mettre les équipes en alerte pour modifier la trajectoire : pas question de prendre trop de risques, l'impact d'une bille peut traverser un satellite tout entier et ravager des décennies de préparation.


Si ce genre d'événement n'arrive actuellement qu'une fois par an, le suivi des alertes est chronophage, et les manœuvres d'évitement sont ennuyeuses, puisqu'elles nécessitent la plupart du temps que les instruments scientifiques cessent leurs mesures. L'agence spatiale européenne souhaite donc mettre en place un suivi automatique et intelligent, basé sur le machine learning pour détecter le plus à l'avance possible tout risque de collision et déclencher, au besoin, les manœuvres d'évitement.

Les constellations risquent le carton

Après environ 5 500 lancements depuis 1957, l'ESA estimait, au 1er janvier 2019, la présence en orbite d'environ 34 000 satellites et débris de plus de 10 cm de diamètre. Si ces derniers sont suivis et détectés régulièrement, dans le même temps, l'agence évalue l'existence d'environ 128 millions d'objets dont la taille est comprise entre 1 mm et 10 cm. Minuscules bouts d'aluminium, éclats de peinture, échardes de tests anti-satellites... Une part importante de ces débris brûleront en rentrant dans l'atmosphère d'ici quelques décennies, mais certains resteront, plusieurs dizaines de milliers d'années durant, des dangers potentiels.

Aussi, l'ESA s'inquiète explicitement du risque que vont faire peser les dizaines de milliers de satellites prévus sur l'orbite basse (par SpaceX en tête, mais aussi OneWeb, Boeing, Telesat, Amazon), et souligne le besoin de changer les pratiques actuelles en mettant en place certains mécanismes.

L'ESA et SpaceX...

Ironiquement, SpaceX est le seul autre organisme a avoir annoncé la mise en oeuvre de processus de détection et de manœuvres d'évitement automatiques basées sur une IA. Néanmoins, le système n'est visiblement pas encore en place sur la génération actuelle de sa constellation Starlink, une polémique ayant éclatée au début du mois de septembre... Obligeant l'ESA, a déplacer son satellite scientifique Aeolus pour éviter une unité Starlink.

L'ESA espère donc convaincre les ministres de ses pays membres qu'il s'agit d'une thématique primordiale dans laquelle orienter ses travaux et investir, lors de la session interministérielle des 26 et 27 novembre, qui va définir les axes de recherches de l'agence pour les trois ans à venir.

Source : ESA
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Niverolle

« les manœuvres d’évitement sont ennuyeuses, puisqu’elles nécessitent la plupart du temps que les instruments scientifiques cessent leurs mesures » ==> et pompent dans les réserves (prévues dès la conception, mais ce serait toujours mieux si on pouvait s’en passer).

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