Après deux ans et demi de recherche et d'essais, SpaceX va réutiliser une coiffe de fusée récupérée en mer. Une première, après la réutilisation du premier étage, résultant d'un processus techniquement long et délicat.
« Oh, en fait, c'est un petit scoop, la coiffe, le nez de la fusée, a aussi amerri avec succès ». Nous sommes le 30 mars 2017 et pour la première fois, Elon Musk évoque la récupération et la possible réutilisation d'une coiffe de son lanceur Falcon 9. Arguant que « c'est comme d'avoir une palette de billets jetée en l'air », le P.-D.G., qui est aussi l'ingénieur en chef du projet, parle alors d'un prix de six millions de dollars par coiffe, et des essais de récupération à venir.
Une coiffe sur un bateau, une autre tombe à l'eau
Les débuts sont difficiles. En février 2018, SpaceX doit modifier ses coiffes, et imaginer un bateau spécialisé, nommé Mr. Steven (depuis rebaptisé Ms. Tree) et équipé de grands bras qui tendent un filet pour les accueillir. Il faudra de multiples essais à l'entreprise, près d'une vingtaine de tentatives, pour que le 25 juin 2019 une première demi-coiffe soit enfin attrapée dans le filet lors du lancement STP-2 (Falcon Heavy).Avant cela, néanmoins, l'entreprise avait réussi a récupérer d'autres parties de coiffes « intactes » bien que tombées dans l'eau, notamment lors du lancement Arabsat-6a, le 11 avril. C'est d'ailleurs cette coiffe qui sera réutilisée le 11 novembre, à l'occasion du prochain décollage au service de la constellation Starlink.
Trajet de retour
SpaceX n'a pas encore précisé si son projet prévoyait de réutiliser une demi-coiffe ou deux moitiés, mais cela établit, dans tous les cas, un pas de plus vers la réutilisation régulière de ces éléments, qui sont très difficiles à contrôler et à ramener intacts.Les coiffes, qui protègent le satellite des effets thermiques et des ondes soniques lors du décollage, permettent à un lanceur d'avoir le profil aérodynamique qui convient le mieux. Après leur éjection à plus de 100 km d'altitude et sept à huit fois la vitesse du son, des dispositifs contrôlent leur orientation afin de les faire revenir à travers l'atmosphère terrestre (ce qui revient, au bout du compte, à « contrôler une feuille morte soufflée par le vent », selon les dires d'un concurrent de Space X interrogé en 2017). Une fois à basse vitesse, un parachute, équipé de suspentes contrôlées par la coiffe, permet à cette dernière de s'orienter et de se diriger vers le bateau, qui manœuvre lui aussi pour se placer juste en dessous.
Deux moitiés, deux bateaux
Pour cette première réutilisation, SpaceX a donc choisi des moitiés de coiffe ayant passé du temps dans l'eau de mer : il a alors fallu les nettoyer, les dessaler et les tester, ce qui explique pourquoi la firme basée à Hawthorne (Californie) continue de mener ses essais avec ses navires de récupération. En Floride justement, pour le prochain décollage de Starlink, SpaceX utilisera pour la première fois deux bateaux en même temps, Ms. Tree et Ms. Chief, chacun pour une moitié de coiffe.Rien n'indique encore, cependant, que le processus soit rentable, surtout après deux ans et demi de développement. Elon Musk a tout de même déclaré sur Twitter ce mardi que Falcon 9 était à présent « à 80 % réutilisable ».
Source : Space Flight Now