La NASA détruit (volontairement) le plus gros réservoir d’hydrogène au monde

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 10 décembre 2019 à 15h58
SLS hydrogen explosion 720p
Le réservoir d'hydrogène de SLS ouvert sur toute sa longueur ©NASA

Après des tests réussis au centre spatial Marshall, la NASA a décidé de faire un dernier essai de structure avec le gigantesque réservoir d'hydrogène du futur lanceur SLS (Space Launch System)... Jusqu'à sa destruction. Spectaculaire !

Il a craqué

La NASA avait prévenu les habitants de la zone de Huntsville (Alabama) qu'ils risquaient d'entendre une déflagration le 5 décembre. Cette dernière n'a pas manqué son rendez-vous. Au cours d'un test volontairement destructif, les équipes ont soumis le réservoir d'hydrogène du futur lanceur lourd SLS à des efforts 2,6 fois supérieurs à ceux qu'il devrait subir lors d'un profil de vol, et ce pendant plusieurs heures... Avant qu'il ne supporte plus la pression et s'ouvre sur toute sa longueur.

Pour cet essai, le réservoir n'était pas rempli d'hydrogène liquide refroidi à -250°C mais d'azote, à des conditions de pressions similaires. Sur le banc d'essai de 65 mètres de haut, l'ensemble de vérins hydrauliques assurant le test avait déjà permis de valider la résistance du réservoir dans les conditions de vol normales et même pour la possible évolution du lanceur SLS, prévue à la fin de la prochaine décennie.

Exactement comme prévu

Ce test à révélé seulement 3 % d'écart entre les simulations des scientifiques et les efforts réels appliqués résultant effectivement à une rupture : cela souligne la qualité du travail réalisé en amont par les équipes de Boeing sur ce réservoir, le plus gros contenant d'hydrogène cryotechnique destiné à un lanceur au monde (plus grand que ceux des anciennes navettes américaines). « Les données de ce test bénéficieront à toutes les entreprises aérospatiales qui réalisent des réservoirs » annonçait Mike Nichols (responsable des essais) ce week-end. Le directeur de la NASA, Jim Bridenstine, a quant à lui tweeté la vidéo de la rupture :



Le premier étage est livré

Ce lundi, Jim Bridenstine et son nouvel adjoint pour les programmes habités Doug Loverro, étaient d'ailleurs au centre spatial Michoud, pour annoncer la fin officielle des travaux sur l'étage central du premier vol du Space Launch System. Après des années de travaux (et pratiquement deux ans de retard) le mastodonte de 64 mètres de long, équipé de quatre moteurs RS-25, va partir en barge à quelques kilomètres de là subir un dernier essai majeur avant son lancement : le « Green Run ».

Au cours de cette campagne de mise à feu spectaculaire au centre Stennis, l'étage sera allumé à pleine puissance et simulera l'ensemble de son profil de vol en restant fermement maintenu au sol. Il pourra seulement ensuite prendre le chemin du Kennedy Space Center avant son décollage.

Source : NASA
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (6)
notolik

2 033 m3 de H2 le truc !!

Il faudra en être très loin le jour ou il explosera (vraiment)…

(Surtout avec le réservoir d’oxygène liquide qui normalement le coiffe)

ebottlaender

Alors oui mais justement, ces tests sont pratiqués dans l’espoir qu’il n’explose jamais en situation réelle.

Allder

Malheureusement cela ne suffit pas toujours …

wedgantilles

C’est pas pour rien qu’il n’y a personne autour des zones de lancement et qu’ils se font normalement au dessus de zones désertes (océans, …) pour éviter les risques.

ebottlaender

Bien entendu, on limite les risques comme on le peut. Il n’empêche que les explosions, qui plus est sur les zones de lancement, sont heureusement très rares.

c_planet

on n’a pas tous les mêmes joujoux.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles