Une poussière est entrée dans l'instrument d'analyse de gaz de la mission Rosetta... Trois ans après l'incident, une équipe publie les résultats des analyses dans Nature Astronomy et prouve la présence de sels d'ammonium sur la comète 67p « Tchouri ».
Une poussière dans l'œil
Après deux ans à étudier la comète 67p Churyumov-Gerasimenko de très près, les équipes savent, en septembre 2016, qu'il ne reste que quelques semaines avant la fin de la mission. Ils peuvent, de fait, s'autoriser des manœuvres audacieuses, comme traverser un panache de particules juste éjectées du noyau de la comète en « rase-mottes ». Le risque est toutefois bien présent : une poussière a réussi à se nicher au sein même de l'instrument ROSINA, ce qui aurait pu l'endommager. Heureusement, la poussière en question était constituée de matériaux glacés qui se sont lentement sublimés (c'est-à-dire transformés directement en gaz). ROSINA a ainsi pu enregistrer la composition précise des éléments constitutifs de cette poussière et les équipes y ont alors découvert plusieurs molécules que l'on appelle des sels d'ammonium.Exobiologie terrestre ?
C'est la première fois (et la seule) que la mission Rosetta rencontre ces molécules autour de la comète : le matériau éjecté est très peu dense et lorsque les particules se subliment, ces gaz sont trop peu concentrés pour être détectés. Cet incident est aussi une aubaine remarquable. Les sels d'ammonium font d'abord partie de la longue liste des ingrédients des « briques du vivant », comme la synthèse des acides aminés ou de nucléotides. En outre, les comètes pourraient être responsables d'une partie de leur arrivée sur Terre.Des plans sur la comète
Associés à la découverte d'autres composés au sein même du noyau de la comète avec l'instrument infrarouge VIRTIS, ces sels d'ammonium sont une bonne nouvelle pour imaginer la vie autour d'autres étoiles. En effet, la composition même de la comète 67p ne serait pas liée à la formation de notre jeune Soleil, mais à des matériaux antérieurs, ce qui laisse supposer qu'ils ne sont pas uniquement présents dans notre Système solaire.Enfin, découvrir des sels d'ammonium permettrait potentiellement de répondre à une petite énigme chimique, car les rares mesures réalisées autour des comètes (67p, Haley, etc.) montrent tous un déficit en azote par rapport aux modèles. Si, à l'avenir, on arrivait à prouver la présence systématique des sels d'ammonium sur les comètes - ce qui est encore loin d'être le cas - alors le débat serait clos.
Source : Esa et Twitter