Impuissante, la communauté spatiale observe deux anciens satellites se frôler en orbite basse

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 30 janvier 2020 à 14h33
Collision satellites
Vue de l'approche des deux satellites sur une simulation de LeoLabs

Les satellites POPPY-7B/GGSE-4 et le télescope IRAS, inactifs en orbite depuis plus de 35 ans, sont passés à moins de 50 mètres l'un de l'autre.

La catastrophe a été frôlée la nuit dernière, à 00h32 (heure de Paris).


Alerte rouge

C'est la petite start-up LeoLabs, spécialisée dans le suivi des satellites et débris en orbite, qui a tiré la sonnette d'alarme la première, le 27 janvier. En effet, les calculs actualisés de trajectoire montraient que deux satellites présentaient un risque élevé de collision, 900 km au-dessus de la ville de Pittsburgh (Etats-Unis). Orbitant dans des sens opposés, l'ancien satellite de la défense américaine POPPY-7B (lancé en 1967) et l'ancien télescope infrarouge international IRAS (lancé en 1983) n'étaient pas capables de manœuvrer et allaient se croiser à une vitesse cumulée de 53 000 km/h.

Deux reliques, un choc ?

Le drame n'a cependant pas eu lieu, et les deux satellites inactifs se sont croisés la nuit dernière, passant à moins de 50 mètres l'un de l'autre... En sachant tout de même que POPPY-7B est équipé d'une expérience du mesure du champ gravitationnel (d'où son autre nom de GGSE-4) incluant un mat de 18 mètres de long. Observés par des radars et télescopes optiques dans la nuit et ce matin, aucune des deux unités n'est entourée de débris pouvant indiquer une collision. La probabilité de choc était estimée à 1/20, ce qui est rarissime (l'alerte est donnée à partir de 1/1 000).


Les bras ballants

Il n'empêche que cette situation, malgré une détection survenue plus de deux jours à l'avance, vient rappeler que, pour un nombre important de débris en orbite, les observateurs au sol sont de simples spectateurs : il n'existe pas encore aujourd'hui de service en activité permettant de désorbiter de vieux satellites ou débris.

L'alerte de ce mois de janvier devrait tout de même relancer les débats sur la fin de vie des satellites en orbite. De surcroît, à l'altitude à laquelle orbitent IRAS et POPPY-7B, il faudra à ces satellites au moins quelques centaines, voire quelques milliers d'années avant de se consumer « naturellement » dans l'atmosphère terrestre.

Notons enfin que contrairement à ce qu'ont cru certains observateurs, une collision n'aurait eu aucun effet sur la ville de Pittsburgh, située juste en-dessous, mais aurait généré un important nuage de petits débris potentiellement dangereux pour d'autres satellites. Aujourd'hui, la seule collision établie entre deux satellites a eu lieu en orbite basse en 2009 entre Cosmos-2251 et Iridium-33. Plus de 1 500 débris répertoriés lors de cet incident sont encore au-dessus de nos têtes...

Source : NASA
Eric Bottlaender
Spécialiste espace
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Commentaires (10)
gwlegion

sachant les distance titanesques dont on parle dans le domaine spatial, ca demontre quand meme la grande quantité de m€rde qui circule au dessus de nos tetes …
Il serait quand meme temps de prevoir pour les satellites en fin de vie une desorbitation obligatoire …
La majorité d’entres eux etant en orbite basses, il suffirait d’une impulsion pour raccourcir leur esperance de vie de facon drastique … profitant a chaque revolution du freinage atmospherique…

nirgal76

Bah distance titanesque, oui et non, ils se balladent sur les meêms orbites et vont très vite, donc une grande distance est vite parcourue.

Pi_upi_u

« il suffirait d’une impulsion » facile à dire, moins facile à faire …

redosk

En même temps c’est déjà le cas pour beaucoup de satellites en orbite basse, en particuliers ceux des constellations… c’est ce que font les Iridium quand ils sont décommissionnés…

nikon561

surtout qu’il suffit d’une collision pour, potentiellement, declencher un effet domino a lus ou moins large echelle.

nikon561

c’est le cas pour les sattellites recents pour lesquels la desorbitation est prevue en fin de vie.

mais pour les premiers mis en service avant que cette habitude ne soit prise, ceux dont le controle n’est plus possible car panne diverse, et les debris a proprement parler…ben la on ne peut pour le moment pas grand chose. et ca represente deja un paquet d’objets.

TotO

J’ai du mal à me rendre compte cette probabllité de 1/20 ? Vont il prochainement se recroiser de manière fréquente au point où nous somme dans l’inévitable ?

juju251

Ce que veux sans doute dire gwlegion, c’est que vu les distances habituellement très grandes dans le domaine du spatial, le fait que deux satellites se frolent à une cinquantaine de mètres est révélateur de tout ce qui peut circuler là-haut.

En tout cas, c’est comme cela que je le comprends. :wink:

ebottlaender

Non, le calcul estimait qu’étant donné les petites erreurs de mesure et l’orientation des deux satellites que l’on ne connait pas bien, ils avaient une chance sur 20 de se percuter.

ant-1

Supposons que les satellites soient à 2000km d’altitude, ce qui semble être l’orbite terrestre basse d’après Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Orbite_terrestre_basse.

Donc la surface de cette sphère est d’environ 650.000.000 km²

La probabilité que 2 objets, quels qu’il soient, se retrouve en même temps dans un carré de 50 par 50 m (2.5km²) est de 1/260.000.000.
On parle certes de cette histoire de nettoyage de l’atmosphère, mais vu la probabilité de croisement, vous croyez vraiment que ca fait partie des priorités des agences spatiales ???

Et en plus cette probabilité part du postulat que les 2 objets orbitent sur le même plan…

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