Sur la face cachée de la Lune, le rover Yutu-2 révèle la composition du sol

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 03 mars 2020 à 09h16
Yutu-2 HD
Le petit rover Yutu-2

Après plus d'un an de mission et 15 cycles lunaires, les résultats de l'analyse du sol par le rover chinois font l'objet de publications.

Ils révèlent une zone très ancienne et... Quelques soucis de radar.

Sous le radar...

Quinze fois. Cela fait quinze fois que le petit robot chinois Yutu-2 stoppe ses activités pour se préparer à la nuit lunaire. Deux semaines sur quatre durant lesquelles il faut que son cœur et ses instruments puissent résister à des températures de -183°C avant que le Soleil réapparaisse. Malgré ce défi, le robot continue sa progression et il a parcouru quasiment 400 mètres depuis sa descente de Chang'E 4 au sein du cratère Von Karman, utilisant régulièrement son instrument LPR, un radar orienté directement vers le sol, qui lui permet de sonder la composition générale de ce dernier.

Une équipe chinoise et italienne a publié d'importants résultats dans la revue à comité de lecture Science Advances.


Bac à sable

Il ressort de cette publication que la couche de régolite lunaire est particulièrement épaisse dans ce cratère en particulier, atteignant près de 40 mètres ! Bien sûr, la couche n'est pas aussi épaisse et uniforme sur toute cette profondeur : il faut compter environ 12 mètres de poussière lunaire, avant que des roches n'apparaissent au milieu de ce matériau très fin et très abrasif. Mais tout de même : les scientifiques n'attendaient que quelques mètres de régolite.

D'autant plus que les résultats ne montrent pas de basalte (donc pas de trace de lave), ce qui prouve que le cratère en question est très ancien en comparaison avec d'autres sites : sa surface s'est altérée, désagrégée et a été recouverte au fil du temps à cause d'autres impacts, proches ou mineurs. Il n'y a pas non plus de glace, comme on espère en trouver plus au Sud dans cette même région.

Yutu-2 sol radar
Plan en coupe de la surface lunaire sur la face cachée

Quelques soucis basse fréquence...

L'étude est doublement intéressante pour les équipes qui étudient la Lune, parce qu'une part importante des missions lunaires actuelles, et surtout futures, incluent des radars pour observer la composition du sol : celle de Yutu-2 nous apprend donc ce qu'il est possible de faire... Ou de ne pas faire. Comme son prédécesseur Yutu (qui a atterri sur la face visible de la Lune en 2013), le petit rover chinois est équipé d'un radar à deux fréquences différentes. Les émissions haute fréquence donnent des résultats fiables, et c'est sur ces dernières que se sont basées les équipes récemment.

Les émissions basses fréquences, par contre, ont des résultats qui font débat dans la communauté scientifique. En 2015 notamment, une équipe a montré dans un article publié dans Science qu'une partie des mesures était directement liée... À la structure métallique du rover lui-même. Visiblement, les résultats sont également à prendre avec des pincettes pour Yutu-2, aussi la technique à basse fréquence est laissée de côté pour les publications, même si les données enregistrées sont précieusement conservées, en espérant faire mieux la prochaine fois...

Source : New York Times
Eric Bottlaender
Spécialiste espace
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