La NASA revoit son planning pour son projet de station lunaire orbitale

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 17 mars 2020 à 16h43
Gateway Lune
Vue d'artiste de la (très) future station Gateway. Crédits NASA

Comme l'a annoncé le directeur des missions habitées, la station Gateway n'est plus compatible avec l'agenda de l'agence, qui doit ramener des américains sur le sol lunaire en 2024.

Artemis pour le show ?

L'architecture des missions Artemis ne cesse de changer. Cela fait un an à peine que la NASA a reçu pour consigne de viser la Lune pour y faire marcher un américain et une américaine d'ici fin 2024. Pourtant l'agence, malgré une communication très active sur le projet, peine à modifier son plan de vol pour y inclure cette mission.

Et la direction a beau marteler que cette fois, les Etats-Unis retournent sur la Lune « pour y rester », elle est obligée de réduire la voilure de ses autres projets d'exploration habitée pour tenter d'y parvenir... Tandis que la mission prévue en 2024 se transforme en un « planté de drapeau » unique.


La Gateway, mais plus tard

Dernière victime de ces modifications incessantes, le projet de station en orbite autour de la Lune, baptisé « Gateway » et en préparation depuis l'administration Obama. Douglas Loverro, récent directeur des projets habités de la NASA, a annoncé qu'il n'avait d'autre choix que de réduire les risques pesant sur la date de 2024, et donc de repousser la construction de cette station en orbite à la seconde moitié de la décennie, pour des missions futures.

La station Gateway est censée être une participation internationale à dominante américaine accueillant des modules européens, japonais, canadiens et peut-être russes. Les deux premiers éléments, un module de propulsion baptisé PPE et un module d'habitat, ont été commandés à Maxar et Northrop Grumman l'année dernière.


Encore des changements

Jusqu'ici, l'architecture des missions Artemis envisageait d'envoyer en orbite les deux premiers éléments de la station Gateway, de les assembler autour de la Lune, puis d'y amarrer un module lunaire. La capsule Orion aurait alors rejoint la Gateway avec trois astronautes, dont deux feraient l'aller-retour sur la Lune dans le module lunaire avant de remonter s'amarrer à la Gateway. De cette façon, la station en orbite servirait de base intermédiaire, pouvant accueillir des missions de plusieurs mois et s'organisant comme un camp de base pour du matériel, des missions robotisées, cargo ou habitées futures.

Or, finalement, il n'en sera rien : la dernière option envisagée court-circuite la Gateway. En effet, soit une capsule Orion s'amarrera directement à un module lunaire en orbite, soit la mission sera une véritable répétition du programme Apollo. À moins que, dernière option non évoquée pour le moment par la NASA, le plan ne change encore au gré d'une nouvelle demande politique... L'objectif de poser le pied sur la Lune en 2024 est un défi si exigeant qu'une autre orientation pourrait bien s'imposer dans les années à venir...

Source : Engadget, Space News
Eric Bottlaender
Spécialiste espace
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Commentaires (7)
Fulmlmetal

Il est clair qu’un ou plusieurs vol direct avec une capsule et son atterrisseur (comme apollo) pourrait se faire avant de construire la station orbital.
Une station c’est complexe, plus encore quand cela regroupe de nombreux pays car le retard de l’un d’eux peut tout décaler.
Faire un vol avant la construction de la station permettrait déja de valider l’atterrisseur et les procédures. Ca éviterait d’attendre 5 à 10 ans de plus avant de descendre. Parce que il ne faut pas rever, un tel projet prendra beaucup de retard sur le planning, c’est toujours le cas il n’y a pas de raison que ça échappe à la règle. Il n’y a qu’à) voir les retards pris par les capsules Orion, Dragon et Starliner, ou le SLS.
Franchement si on voit l’homme sur la lune avant 2030 ce sera déja très bien. si d’ici là un autre président US n’annule pas le projet.

ebottlaender

C’est plus simple, mais c’est vraiment un objectif unique et ça n’aura pour finalité que de « poser le pied », ce qui ramène le programme américain à rien de plus que ce qu’il a déjà accompli en 69, avec encore plus de risques que le programme soit arrêté à cause de son coût avant d’aller plus loin.
Tout l’intérêt de l’inscrire sur la durée (qui pourrait être réduite si l’agence était un peu plus rigoureuse, c’est ce qui est montré à chaque audit) c’est bien d’aller construire plus loin, de former une architecture cohérente pour une base, un avant poste, quelque chose qui soit un tant soit peu international et surtout pérenne. Y aller pour planter un drapeau, c’était grandiose mais c’est du déjà fait.

Fulmlmetal

Ca n’aurait aucun intéret par rapport à Apollo si on refaisait Apollo avec uniquement des vols directs. Là c’est y retourner pour se préparer à y aller durablement, avec une station en orbite et peut etre une base au sol. Mon propos validait juste le fait de débuter par des vols direct avant de démarrer la station orbitale. Si on doit attendre que la station soit fini avant de poser le pied on va attendre un long moment car il ne faut pas rever il y aura de nombreux gros retards.
Démarrer par une mission au sol aurait plusieurs avantages, intéresser le public et les médias, valider les procédures et engins, justifier la suite avec une station en orbite puis au sol.

Et puis si la NASA veut faire passer un vol habité sur la Lune avant la station il va falloir revoir le plan pour savoir comment on lance la capsule et l’atterisseur. Fait on un rendez vous ne orbite terrestre, en orbite lunaire, envoie-t-on les deux en meme temps ? bref des choses qu’il va falloir revoir. Et le temps presse pour 2024, meme si tout le monde sait très bien que cette date ne sera jamais tenue.

illuminati

SpaceX sera sur la Lune en 2024 avec son Starship.

Le_Prophete

Merci pour ce grand moment de fou rire.
Faudrait déja qu’ils arrivent à faire des essais sans que ça explose

Fulmlmetal

il était déjà sensé envoyer sa capsule habitée en 2018 …

Element_n90

Et donc, d’après vous, ils vont y retourner, les Yankees, sur la Lune à cours terme ? :thinking:

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