© Guillaume Fourcadier pour Clubic
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Constructeur chinois surtout connu chez nous pour ses enceintes de bureau très abordables, Edifier est également présent dans le marché du casque Bluetooth et des écouteurs true wireless d'entrée et de milieu de gamme. Au milieu de tout ça, le casque Stax Spirit S3 est une anomalie haut de gamme, dont la dénomination évoque l'une des propriétés d'Edifier : le constructeur japonais Stax, pionnier du casque HI-FI électrostatique (créé dans les années 50).

Les plus
  • Qualité sonore
  • Équilibre des basses et des médiums
  • Autonomie gigantesque
  • Multipoint
Les moins
  • Pas d'ANC (isolation faible)
  • Structure grinçante
  • Inutilisable en mode passif (éteint)

Autant dire que ce Stax Spirit S3 a de l'ambition à revendre, particulièrement quand on regarde son tarif (379 euros). Mais on ne débarque pas dans le segment du casque Bluetooth premium sans se confronter à de sérieux adversaires et sans soigner tous les aspects de son produit. À ce titre, l'absence de réduction de bruit active pourrait peser très lourd sur la balance.

Une forme presque premium, mais des coutures qui craquent

Pas spécialement inspiré, voire déjà vu d'un point de vue stylistique, le Stax Spirit S3 se démarque tout de même légèrement par l'intégration d'un dos effet fibre de carbone sur ses coques.

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À première vue, l'expérience paraît très sérieuse. Edifier intègre notamment un bandeau et des coussinets en cuir d'agneau de très bonne facture, des coussinets de rechange en tissu respirant ainsi qu'une housse de transport rigide de bonne facture. Le casque en lui-même est dense, et sa structure est à la fois pliable et rabattable à plat, ce qui devient très rare sur les casques premium.

Malheureusement, le diable est dans les détails, et cet Edifier Stax Spirit S3 n'échappe à un problème : sa structure grinçante. Certaines portions de plastique, mais surtout certains points de pivot sont loin d'être silencieux, un problème que nous ne retrouvons normalement plus sur du haut de gamme. Sur notre exemplaire de test, difficile d'oublier le couinement constant, surtout en marchant, des branches près des oreilles. Ce défaut semble assez faible en apparence, mais gâche en grande partie la sensation de solidité générale.

© Guillaume Fourcadier pour Clubic

À côté de cela, le confort est bon, malgré un poids plus élevé que la moyenne (329 grammes) principalement dû au type de haut-parleur embarqué. Nous pouvons surtout relever la très grande qualité des coussinets en tissu, visiblement remplis d'une mousse plus dense que celle des coussinets en cuir ou d'un gel. Ceux-ci sont plus respirants et aussi isolants que les coussinets en cuir.

Fiche technique Edifier Stax Spirit S3

Résumé
Type de casqueFermé
FormeCircum-aural
Poids329g
Sans-FilOui
Conception
Type de casqueFermé
Type de transducteurTransducteur Planar Magnetic
FormeCircum-aural
PliableOui
Contrôle du volumeSur le casque
MicroOui
Poids329g
Connectivité
Sans-FilOui
True WirelessNon
NFCNon
BluetoothOui
Version bluetooth5.2
Liaison filaireJack 3.5mm
Alimentation
Autonomie80h
Temps de charge1.5h
Connectique de chargeUSB Type C
Batterie amovibleNon
Recharge via boîtierNon
Spécifications audio
Codecs BluetoothSBC, AptX HD, AptX Adaptative, AptX, AAC
High-Res audioOui
Bande passante (Fréquence Mini)20 Hz
Bande passante (Fréquence max)40 kHz
Réduction de bruit activeNon

Ergonomie spartiate, application sonore

Pas spécialement moderne d'un point de vue ergonomique, l'Edifier Stax Spirit S3 opte pour une formule tout en boutons, limitée à un simple trio :

  • Volume « - », également utilisé pour passer à la piste suivante ;
  • Bouton de lecture/marche/arrêt/appairage (appui long), également utilisé pour appeler l'assistant par défaut du téléphone avec deux appuis et pour le passage au « game mode » par trois appuis ;
  • Volume « + », également utilisé pour revenir en début de piste ou à la piste précédente.

On peut remarquer le choix étrange d'assigner la piste suivante au bouton « - », et inversement, ce qui occasionne très souvent de mauvaises manipulations. Il faut également relever l'absence de capteur de port, fonction qui n'est pas primordiale, mais généralement un signe d'une ambition technologique.

© Edifier

Bien que fonctionnel tel quel, le Stax Spirit S3 peut être associé à une application, Edifier Connect. Dans le cas présent, cette application va surtout se concentrer sur les réglages sonores, elle n'est pas un modèle de clarté ni très avancée concernant les réglages divers. Forcément, l'absence de réduction et de retour sonore limite ses possibilités. La fonction (ergonomique) la plus utile est selon nous l'assignation des actions à la touche lecture/pause. Il est notamment possible d'assigner le basculement des différents égaliseurs sonores à trois appuis.

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Parlons réglages sonores, justement. Ceux-ci sont de deux types : coussinets et présélections. De natures différentes, les deux types de coussinets ne font pas sonner le casque de la même façon à réglage égal. C'est pourquoi Edifier propose deux modes : « coussinets en cuir » et « coussinets respirants en tissu ». À ce réglage primaire s'ajoutent trois effets/égaliseurs : Classic, HI-FI et Stax. Le premier est le mode par défaut, et le plus équilibré. Si le mode HI-FI se veut a priori plus « audiophile », le second entend se rapprocher de la sonorité assez particulière des casques électrostatiques de Stax.

Bluetooth next-gen, made in Snapdragon Sound

L'ergonomie n'a sans doute rien de haut de gamme, mais la connectivité est tout à fait moderne. L'Edifier Stax Spirit S3 se repose pour cela sur une puce Bluetooth 5.2 de chez Qualcomm, estampillée Snapdragon Sound. Ce label est entre autres la promesse d'une prise en charge du codec AptX Adaptive, mais également d'une latence réduite, en optimisant le buffer côté smartphone. À l'annonce du Snapdragon Sound, Qualcomm évoquait ainsi une latence de 89 millisecondes environ.

Ainsi, le casque dispose d'un support des codecs SBC, AAC, AptX, AptX HD et AptX Adaptive tout en prenant en charge la connexion Multipoint (2 appareils en simultané).

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Pas de mauvaise surprise sur la stabilité de connexion ni sur la portée, même avec notre Google Pixel 7 Pro non estampillé Snapdragon Sound. Nous avons seulement expérimenté un bug très spécifique : en désactivant les codecs Audio HD dans les options du casque, c’est-à-dire en passant uniquement en SBC, le Spirit S3 a tendance, pratiquement à chaque nouvelle connexion, à ne pas enclencher son profil audio. Les commandes fonctionnent, le casque est bien connecté, mais le son reste sur les haut-parleurs du téléphone.

Si la latence en mode classique n'est pas très brillante, le mode Jeu (Gamer Mode) permet de la réduire sensiblement, suffisamment pour ne plus être trop gênant sur des vidéos sans compensation, voire sur certains jeux (clairement pas pour le genre FPS).

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Bien qu'étant un casque Bluetooth, l'orientation audiophile de l'Edifier Stax Spirit S3 implique a priori de pouvoir le raccorder en filaire. Cette fonction est parfaitement possible par son entrée jack 3,5 mm… mais pas lorsque le casque est éteint. On comprend que le constructeur mette l'accent sur les réglages sonores, notamment pour s'accorder avec la présence de deux jeux de coussinets, mais cela reste un défaut non négligeable selon nous. En tout cas, malgré ses haut-parleurs haut de gamme, largement dignes d'un bon casque de salon, il ne peut pas se classer dans cette catégorie. Surtout, l'appareil sera inutilisable une fois sa batterie à plat. Autre regret (plus mesuré) : le non-fonctionnement en mode USB.

Pas d'ANC, pas de miracle

Les casques nomades de technologie planaire sont déjà peu courants, ceux possédant une réduction de bruit active ne se comptent même pas sur les doigts d'une main. Nous pouvons citer par exemple le AU-X ANC de Ausounds, dont le tarif dépasse légèrement celui du Stax Spirit. Reste que, difficile à intégrer ou non sur ce type de haut-parleur, l'ANC est devenue indispensable pour un casque nomade moderne, à moins d'afficher une atténuation passive impressionnante. L'Edifier n'ayant ni une isolation passive hors du commun ni de réduction active, il ne fait pas de miracle.

Ci-dessus, la mesure de l'isolation. En bleu, le signal témoin. En marron et en vert, l'isolation avec les deux types de coussinets. On remarque bien que si l'isolation passive est très correcte, elle ne fait pas de miracles dans les médiums, mais surtout les basses © Guillaume Fourcadier pour Clubic

L'atténuation des aigus est bonne, suffisamment pour bloquer les bruits stridents et la plupart des bruits de souffle, mais le casque ne peut absolument rien faire face au ronronnement de moteurs ou aux voix, fréquences pour lesquelles l'atténuation est proche de zéro. Forcément, un environnement un tant soit peu bruyant nécessitera de monter le volume. De fait, si l'Edifier n'est pas un casque de salon, il n'excelle pas non plus en tant que casque nomade. D'autres casques sans ANC parviennent au moins à isoler efficacement dès les médiums, ce qui change la donne.

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Pour ce qui est des microphones en appel, nous avons droit à un appareil dans la moyenne basse. La captation n'est pas mauvaise en milieu calme, mais un peu voilée, et régulièrement ponctuée de petits artefacts hachant le son. En milieu bruyant, ce phénomène s'accentue, au point de rendre les conversations franchement difficiles.

Autonomie stratosphérique

Assez paradoxalement, si l'Edifier n'est pas le plus adapté au monde extérieur, son endurance est tout à fait exceptionnelle, puisqu'elle est annoncée à près de 80 heures.

Clairement, cette autonomie est parfaitement respectée en pratique et peut par ailleurs être atteinte sous le codec AptX Adaptive. Ainsi, en AAC, les 90 heures et plus sont possibles.

La raison du planaire

Argument principal et avantage évident, l'architecture audio de l'Edifier Stax Spirit S3 est bien plus ambitieuse que ce que nous retrouvons sur l'immense majorité des concurrents. Ici, le haut-parleur utilisé n'est pas un classique modèle électrodynamique avec membrane circulaire bombée et couple aimants/bobine imbriqué, mais un modèle planaire, aussi appelé orthodynamique ou orthoplanaire.

Cette technologie, assez ancienne mais remise au goût du jour depuis une quinzaine d'années sur les casques HI-FI, repose sur un large réseau d'aimants et sur un ensemble bobine plane/membrane plane. Cette particularité permet de créer des membranes de grande taille, bien plus à l'aise et linéaires dans le bas du spectre, tout en affichant moins de distorsion. Historiquement, cette technologie, bien que présentant une impédance faible et très stable, est également bien moins sensible, ce qui a longtemps nécessité des amplificateurs très puissants. Les dernières générations de transducteurs planaires ont largement corrigé ce défaut, ce qui a permis l'introduction de cette technologie sur des modèles nomades.

Bien plus imposants que les transducteur électrodynamiques classiques, les modèles planaires permettent, du moins sur le papier, d'afficher une bien meilleure qualité dans les basses © Edifier

La position d'Edifier est un peu étrange, puisque ce casque est estampillé Stax, marque spécialisée dans les transducteurs électrostatiques (très différente de l'orthoplanaire), mais ses haut-parleurs sont conçus principalement par Audeze, l'un des grands spécialistes du planaire. On retrouve ainsi un transducteur proche des casques gaming Mobius et Penrose, mais avec une membrane visiblement développée par Edifier. Pas très simple à suivre.

Quoi qu'il en soit, la qualité sonore est clairement dans le très haut du panier. Cela se traduit par un équilibre remarquable des basses et des médiums. Le bas du spectre n'est pas emphatique, mais affiche une ampleur et un niveau de détails tout simplement impressionnant, il sait parfaitement allier puissance et raffinement selon les situations, sans se laisser piéger par des morceaux compliqués. La sensation d'enveloppement est vraiment là, largement aidée par sa membrane d'environ 89 x 70 mm. De même, cet équilibre évite tout effet de masquage ou de débordements dans les voix, défaut bien géré, mais assez courant sur les casques nomades.

Réponse en fréquences (Bluetooth, coussinets en tissu). En rouge, le mode audio Classic. En bleu, le mode HI-FI. En vert, le mode Stax. Le volume n'a pas été modifié entre les modes, ce qui permet de montrer que le réglage Classic est le plus intéressant © Guillaume Fourcadier pour Clubic

Les médiums suivent le même chemin, avec un équilibre presque irréprochable, ce qui donne un son tout simplement naturel et détaillé.

Côté aigus, l'Edifier Stax Spirit S3 est déjà un peu plus expressif. Le constructeur décide ici d'accentuer les 2-4 kHz afin de gagner en tranchant, tout en atténuant un peu la gamme supérieure, pour enfin repartir dans une accentuation franche, passés les 10 kHz. Cela donne à l'oreille un son détaillé, jamais très agressif, mais qui aurait mérité plus d'équilibre. On sent que si les détails sont bien là, nous perdons en profondeur de la scène sonore, un peu restreinte. Ce reproche est assez habituel sur les planaires malheureusement. Néanmoins, la qualité technique de l'ensemble permet au casque de faire plus que surnager dans les hautes fréquences. Les oscillations sont bien là, mais pas caricaturales et bien maîtrisées.

Sans surprise, cela apporte une immense polyvalence à l'écoute. Le Stax Spirit S3 est adapté à tous les styles, même compliqués, et est parfaitement calibré pour les films ou jeux vidéo.

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Mais si l'Edifier dépasse pratiquement tout ce qui se fait techniquement en matière de casque nomade, à savoir les Sony WH-1000Xm5, Sennheiser Momentum 4 et Bowers & Wilkins PX7 S2, il n'est pas forcément fait pour tout le monde. La linéarité du planaire, particulièrement dans les basses, implique qu'il ne va pas chercher la puissance où elle n'est pas. Il n'y a pas de sensation d'énergie démesurée ou de basses très ronronnantes, ce qui pourra perturber les habitués des casques ANC. De fait, il constitue une entrée efficace pour un son équilibré de qualité, ce qui est un luxe dans le milieu nomade.

En revanche, nous sommes assez peu convaincus par les presets sonores HI-FI et Stax, qui ont simplement tendance à pousser davantage les aigus au lieu d'équilibrer la signature. Ils sont à réserver à des cas très spécifiques, et encore. Il manque clairement un égaliseur personnalisé poussé, qui aurait permis de corriger les petits défauts dans les aigus et d'accentuer un peu les basses si besoin. Surtout, l'absence de mode filaire passif (casque éteint) reste un gros point noir pour un casque aussi brillant d'un point de vue technique.

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Enfin, difficile de ne pas avoir en tête le modèle Audeze Maxwell (pas encore en stock chez nous), un casque gaming/Bluetooth visiblement mieux fini (structure en métal), plus complet, moins cher (entre 300 et 320 euros), et lui aussi armé de transducteurs planaires.

Edifier Stax Spirit S3 : l'avis de Clubic

Conclusion
Note générale
7 / 10

Casque Bluetooth au-dessus de la mêlée d'un point de vue sonore, l'Edifier Stax Spirit S3 peine légèrement à trouver un vrai positionnement. De par son orientation trop indécise, ni vraiment de salon ni vraiment adapté aux environnements bruyants, il perd une partie des avantages conférés par son extraordinaire haut-parleur.

Ainsi, le Stax Spirit S3 est un produit simple sur la forme, mais doté d'un son presque parfait et d'une autonomie extraordinaire, un duo suffisant pour le rendre intéressant. Un casque nomade attirant et très audiophile, mais au goût d'inachevé sur l'ergonomie et la réduction de bruit.

Les plus
  • Qualité sonore
  • Équilibre des basses et des médiums
  • Autonomie gigantesque
  • Multipoint
Les moins
  • Pas d'ANC (isolation faible)
  • Structure grinçante
  • Inutilisable en mode passif (éteint)
Sous-notes
Construction
6
Ergonomie
6
Connectivité
8
Isolation
4
Autonomie
10
Qualité sonore
9
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