Le constructeur taïwanais plus coutumier de l'univers gamer s'attaque cette fois à une cible un peu nouvelle pour lui : les professionnels de l'image. Graphistes, designers ou encore photographes sont donc concernés. Et la bonne nouvelle, c'est qu'avec un tarif abordable par rapport aux concurrents directs, le PA246Q pourra aussi séduire les pros du pixel.
Présentation de l'écran
Le PA246 est le premier moniteur d'une gamme qui a donc dû être créée spécialement pour l'occasion, la bien nommée ProArt. Tout ambitieux qu'il est, le PA246 se doit de miser sur la qualité et ses spécifications sont tout à fait éloquentes ! En effet, le moniteur dispose d'une dalle de 24,1 pouces (61,1 cm) de technologie IPS, avec rétro éclairage néon. Il peut afficher une résolution de 1 920 x 1 200 pixels, soit un pitch fin de 0,27 mm et un ratio d'image en 16 : 10 parfait pour le graphisme. Autre particularité : c'est un moniteur dit « wide gamut ». C'est-à-dire qu'il peut afficher plus de couleurs que les moniteurs traditionnels, en l'occurrence 1,07 milliard contre 16,7 millions... quand même ! Tout ce beau monde est échantillonné par une LUT (Look-Up Table, palette déterminant comment les couleurs doivent être affichées) de 12 bits : cela permet une gradation beaucoup plus fine des couleurs qu'avec les LUT habituelles sur 8 bits. Le moniteur est supposé afficher 98 % de l'espace Adobe RGB et 100 % du sRGB.
En matière de connectique, on trouve de toute derrière le PA246 : VGA, DVI (compatible HDCP), HDMI (v1.3) et DisplayPort (v1.1a) ! À quoi s'ajoutent une sortie audio casque et une prise USB (type B femelle) pour alimenter le hub latéral (deux ports) ainsi que le lecteur de cartes mémoire situé juste à côté. Dommage d'avoir exclu le format Compact Flash, encore beaucoup utilisé par les professionnels...
Connectique audio / vidéo, lecteur de cartes mémoire plus ports USB latéraux et interrupteur d'alimentation
Asus annonce un temps de réponse de 6 ms, une luminance de 400 cd/m² et un taux de contraste de 1 000 : 1, pouvant grimper à 50 000 : 1 avec la fonction de contraste dynamique ASCR. Nous avons effectué nos propres mesures pour vérifier tout cela. Alors autant Asus a sous-estimé sa luminosité maximum, autant il a surestimé son taux de contraste... En effet, nous trouvons par défaut un taux de 653,4 : 1 (point noir à 0,41 cd/m² et point blanc à 267,6 cd/m²). En poussant le moniteur dans ses retranchements, on parvient à un taux de 843 : 1 (point noir à 0,53 cd/m² et point blanc à 446,8 cd/m²). En mode sRGB, le taux se stabilise aux alentours des 666 : 1 (point noir à 0,21 cd/m² point blanc à 139,9 cd/m²). Enfin bien calibré, le taux remonte à 706,5 : 1 (point noir à 0,20 cd/m² et point blanc à 141,3 cd/m²). Si visuellement, les noirs apparaissent bien denses, la sonde nous ressort un chiffre un peu décevant, plombant le taux de contraste à un niveau en dessous de la moyenne. Et en dessous de ce qu'annonce Asus.
Taux de contraste mesurés
Quid de l'ergonomie ?
Asus n'a fort heureusement pas négligé cet aspect, c'est le moins qu'on puisse dire ! Le pied est réglable en hauteur (10 cm de débattement), fixé à un socle rotatif (+60° / -60°) et la dalle pivote à 90°, en plus de l'habituelle inclinaison (+20° / -5°) ! Toutes ces articulations sont fluides. On peut donc positionner la dalle bien en face du regard pour travailler (ou se divertir) dans des conditions optimum. Et puis de toute façon, les angles de vision de l'IPS sont tout bonnement excellents : un 178° horizontal comme vertical, qui pour une fois est vrai ! Le seul dispositif qui manque à l'appel, c'est le guide passe-câble...
Dalle pivotée à 90°, articulations et graduations au dos du pied
Petit plus appréciable (mais pas essentiel) : Asus a bordé tout son écran de graduations, en pouces. Ca peut être utile pour la mise en page. D'autant que le constructeur a également inclus sa fonction QuickFit permettant d'afficher à l'écran différents quadrillages (centimètres, pouces et tiers) et cadres (2x2, 3x5, 4x6, 5x7, 8x10 et A4). Fonction qu'on active d'une simple pression sur le bouton le plus à gauche en façade.
La couche logicielle, l'OSD, est bien faite et assez riche. On navigue aisément dans le menu à six entrées grâce à quatre des sept boutons en en façade. Asus commence comme d'habitude par la section Splendid rassemblant différents préréglages (plus ou moins modifiables). Vient ensuite l'entrée Couleur qui présente la particularité de proposer un paramétrage colorimétrique sur six teintes : rouge, vert, bleu, cyan, magenta, jaune. Attention, ça ne modifie pas le point blanc, juste les couleurs. Les réglages sont vraiment fins ! Que ce soit pour les couleurs sur six teintes ou pour le point blanc en RVB seulement, on peut faire jouer les variations sur deux critères : la teinte et la saturation (le décalage et le gain pour le point blanc). Enfin l'autre aspect positif de cet OSD, c'est la prise en charge du PIP (Picture in picture) permettant d'afficher simultanément deux sources vidéo, la secondaire venant s'incruster dans un cadre dont on peut changer la taille et la position.
<center>Les préréglages Asus Splendid</center>" alt="
<center>Dans la section colorimétrie, l'entrée Paramètres avancés amène....</center>" alt="
<center>...au choix des modifications qu'on veut opérer : couleur ou point blanc</center>" alt="
<center>Ici la modification des couleurs par variation de teintes, sur six axes</center>" alt="
<center>Et là, la modification du point blanc par variation de gain en RVB</center>" alt="
<center>Via le menu <i>Image</i>, on peut ajuster la netteté ou activer l'ASCR (contraste dynamique) quand on est en mode Cinéma</center>" alt="
<center>Là on paramètre le PIP</center>" alt="
<center>et ça donne ça !</center>" alt="
<center>La liste de toutes les entrées</center>" alt="
<center>La configuration de l'OSD</center>" alt="
<center>Et un récap des caractéristiques du moniteur</center>" alt="
Consommation énergétiqueLes dalles IPS ont la triste réputation d'être voraces en énergie. Et bien ce n'est pas le PA246Q qui va contribuer à inverser la vapeur, même si on a déjà vu pire en IPS. Par défaut, l'écran tire tout de même 79,6 W au wattmètre. Et si on le pousse à fond, la consommation grimpe à 92,7 W ! Heureusement, une fois calibré le PA246Q ne se contente plus que de 51,6 W. En veille, le moniteur laisse filer 1 W tandis qu'il grignote encore 0,4 W quand on l'éteint via le bouton en façade. La seule et unique façon de le mettre à la diète totale, c'est de couper l'alimentation via l'interrupteur placé derrière l'écran, à côté de la connectique.
Consommations mesurées en watts à l'aide d'un wattmètre
Quid de la colorimétrie
Nous voilà à l'essentiel pour un écran adressé aux passionnés de l'image : la colorimétrie. Précisons d'emblée qu'Asus garantit un Delta E moyen inférieur à 5 en sortie d'usine. Alors c'est louable de veiller à ce que ses moniteurs soient un minimum calibrés. Mais un Delta E moyen à 5 pour un graphiste ou un photographe, ça reste insuffisant. Vérifions ce qu'il en est avec notre sonde LaCie Blue Eye Pro. Par défaut, l'écran obtient un Delta E moyen de 4,7 avec des pics à 11,5 dans le vert et le cyan. Promesse tenue... mais de justesse ! L'écran est beaucoup trop lumineux, et pour abaisser la luminance à 140 cd/m², il faut quasiment le régler à zéro ! Au moins, ça laisse une bonne marge de manœuvre pour le jour où le rétro-éclairage commencera à diminuer... Et le rendu est légèrement froid, en tirant un peu sur le vert. Mais c'est visuellement acceptable. Fait assez rare, Asus fournit un profil ICC pour son moniteur. Nous avons donc relancé l'évaluation après installation de ce profil et... c'est moins bien : le Delta E moyen monte à 5,1 tandis que le pic progresse à 15,5 toujours sur les mêmes teintes. Dommage !
A gauche, la colorimétrie de base sans le profil fourni, à droite avec le profil ICC
Un peu déçus à ce stade, nous lançons donc un calibrage. Tout se déroule à merveille, notamment grâce à la large palette de réglages offerte par cet écran. Le résultat est sans appel : Delta E moyen à 0,3 et Delta E max à 0,7 ! C'est tout bonnement excellent ! Attention cependant à bien régler la sonde sur « Profil LUT », sans quoi le calibrage donnera des résultats étranges. Nous avons également testé le mode préréglé sRGB, adapté à la photographie. Et bonne surprise, la sonde nous ressort un Delta E moyen de 1,8 avec un pic à 4,7 dans le rouge ! Cependant, si les couleurs sont bonnes, c'est le point blanc qui apparaît légèrement rosé, la température étant effectivement relevée à 6176 K pour 6500 K...
A gauche, la colorimétrie écran calibré, à droite la colorimétrie en sRGB
Un bel affichage, mais le PA246Q est-il homogène ? Oui, et ça c'est clairement un point fort ! L'écart moyen de luminance par rapport au centre n'est que de 5,21 %, un excellent résultat ! Le Delta E moyen varie un peu plus, mais toujours dans des proportions qui font de cette dalle un produit fiable : 11,82 % d'écart par rapport au centre, en moyenne.
Et pour des images en mouvement ?
Avec un écran typé graphisme, on ne s'attend pas à avoir une fluidité d'affichage suffisante pour jouer ou regarder des films. Et bien à la surprise générale, le PA246Q se montre bien réactif ! Moins qu'un Acer GN245HQ en 120 Hz, mais clairement plus que le Foris FS2331 d'Eizo, pourtant orienté gamer ! À l'épreuve de l'animation de test, le PA246Q a obtenu les résultats suivants (moyenne sur 10 images) : 4,1 images nettes, 3,2 avec un léger fantôme et 2,7 doublées. Soit 70 % des images qui sont parfaites ou satisfaisantes ! Ce, sans overdrive ou quoi que ce soit à activer, bien sûr. On peut donc jouer avec ce moniteur sans souci.
Résultats obtenus, de la meilleure image à la moins bonne
Et pour des films ? Le PA246Q convient également. Certes, le taux de contraste pourrait être meilleur, mais contrairement à ce que retourne la sonde, les noirs apparaissent bien profonds. Et heureusement d'ailleurs parce qu'en ratio 16 : 10, les films en 16 : 9 laissent forcément des bandes noires de part et d'autre de l'écran. Très peu de fourmillement, une image fluide et des angles de vision larges : le bilan est très positif. Petit bémol tout de même : le mode Cinéma est assez décevant. Il sature avec excès et apporte un sérieux coup de froid à l'image. Du coup, tout ce qui est blanc a une fâcheuse tendance à virer au bleu... Quant à l'algorithme ASCR de contraste dynamique, il est également peu probant. Et uniquement activable en mode cinéma !
Conclusion
Est-ce que l'Asus PA246Q vaut ses ? En un mot : assurément. La colorimétrie de base pourrait être plus juste, quoique ce point se règle facilement en optant pour le mode sRGB (et en baissant la luminosité à 5). Et d'un coup, le PA246Q devient bien plus fidèle qu'un écran standard. Une fois calibré, le rendu est tout simplement parfait ! Et le PA246Q poursuit son parcours sans flancher. En effet, en dehors d'une consommation électrique gourmande, ce moniteur est irréprochable : superbe homogénéité de la dalle, résolution élevée, angles de vision généreux, ergonomie poussée, équipement complet et bonne réactivité ! Bref, le nouveau poulain d'Asus passe largement au-dessus du Foris FS2331 d'Eizo. En définitive, le PA246Q s'adresse autant aux passionnés d'image exigeants qu'au pro. Et il pourra également satisfaire au passage tous ceux qui recherchent un moniteur polyvalent et fiable. Espérons que la série ProArt ne s'arrêtera pas de si tôt !
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