Clubic répond à Qobuz

Aurélien Audy
Publié le 30 janvier 2013 à 11h58
Le 18 janvier 2013, nous avons publié un test de la plateforme Qobuz, s'inscrivant dans le prolongement du face à face Deezer vs Spotify sorti le 28 septembre 2012. Hier, et comme annoncé par Yves Riesel en personne sur notre forum, Qobuz a publié "une réfutation" sur son site. La réponse fleuve (plus de la moitié de notre article de 7 pages !) pointe de nombreux manquements de notre part. Ou devrais-je dire de ma part puisqu'elle est largement personnalisée. Je vais donc livrer ma réponse... à la réponse.

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Commençons par le commencement, avec la malveillance potentielle (mais en fait risible) de l'expression « mastodonte autoproclamé de la qualité audio », utilisée dès l'introduction de l'article. Il ne faut pas scinder l'expression juste après mastodonte, sinon effectivement ça change le sens. Mastodonte de la qualité audio, en un seul bloc, voulait insister sur l'importance de la qualité audio dans la démarche de Qobuz, aucunement sur le nombre d'employés ou la trésorerie de l'entreprise, qu'on imagine bien entendu inférieure à celle de Spotify ou Deezer. "Autoproclamé" vient insister sur le caractère un peu prétentieux du slogan "la musique est de retour". Passons...

Je passe également sur les métaphores gastronomiques de mauvais goûts (un comble) et erronées : il y a bien moins de différences entre un format proprement compressé et un FLAC, qu'entre un menu maxi best of d'une grande chaîne de restauration rapide et un repas gastronomique étoilé. Même si on n'a pas plus d'ouïe que de palais. Et Qobuz a beau être un abonnement plus coûteux, l'écart de prix avec ses concurrents n'est heureusement pas de cet ordre. Mais je note qu'Yves Riesel tient à m'inviter chez Troisgros, et je m'en réjouis.

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J'en viens maintenant aux questions techniques soulevées par Yves Riesel et son équipe, notamment ses ingénieurs. D'abord, il me faut apporter deux précisions : cet article sur Qobuz a été réalisé pour un lectorat grand public et non pas pour un public d'ingénieurs son. Et il n'a pas tant été réalisé pour évaluer Qobuz dans l'absolu que pour situer la plateforme dans sa concurrence, avec en particulier Spotify (le vainqueur du dossier Deezer vs Spotify). Ces deux points constituant en journalisme ce qu'on appelle un angle, c'est-à-dire une façon de traiter une thématique. Cet angle a servi de fil conducteur tout au long de l'article. J'ai par ailleurs rappelé à plusieurs reprises que je ne disposais pas d'un matériel type audiophile mais d'un équipement standard de bonne facture, plus représentatif de ce que l'on trouve dans la plupart des chaumières. De fait, l'analyse des Studio Masters a ainsi été exclue. Mais ce matériel reste amplement suffisant pour évaluer une qualité CD. Mes réserves, qu'on appelle plus communément des pincettes, ont été partagées à chaque fois qu'il le fallait, supputant qu'avec un meilleur équipement, le ressenti aurait sûrement été différent.

Premier point, la question de la double conversion numérique / analogique puis analogique / numérique n'a pas lieu d'être, puisqu'en "Ce que vous entendez" (nom du réglage de Windows), on ne convertit pas le signal qui reste à l'intérieur de la carte son, donc en numérique. Les pilotes sont réglés en ASIO, la carte est utilisée en mode Musical, toutes les optimisations sonores Creative (Crystalizer, égaliseurs, EAX, etc.) sont désactivées. En revanche, pour la partie mobile, je passe effectivement par la sortie jack du mobile que je lie à l'entrée ligne de la carte. Mais si les ingénieurs de Qobuz voient une autre solution, je suis tout à fait ouvert !

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Pour ce qui est du sur-échantillonnage en 48 kHz - 24 bits, je reconnais que ce n'est effectivement pas idéal en théorie. C'est cela dit à ces valeurs que la carte X-Fi de Creative se comporte le mieux : meilleure réponse en fréquence, rapport signal/bruit optimum. Si sur-échantillonner constitue un biais, ce même biais a été appliqué à Deezer et Spotify, puisque le matériel comme les réglages sont restés inchangés. La constance est essentielle pour comparer.

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Pour ce qui est des modes de lecture proposés dans les préférences de Qobuz Desktop, mea culpa j'ai découvert ça sur le tard grâce à Benoît Rébus, la veille de la publication. Mais j'ai tout de même re-effectué une série d'acquisitions avec tous les différents pilotes et il s'est avéré que c'est le DirectSound (au niveau du lecteur Qobuz) qui a donné les résultats les plus plausibles. Offrir ce choix est surement apprécié des audiophiles et mélomanes avertis mais c'est du chinois pour les utilisateurs non technophiles, y-compris les amateurs de musique de la vieille école.

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Sur la différence entre le FLAC et le WAV, j'avoue avoir eu du mal à m'expliquer la chose. Votre exemple avec le titre Brother de Stuck in the Sound tombe plutôt mal puisqu'il fait partie des trois albums pour lesquels je précise ne pas avoir le CD original, donc le WAV de référence... Mais le fait est qu'il y a systématiquement une différence entre les flux FLAC streamés depuis Qobuz et nos fichiers WAV. Impossible de récupérer le fichier source de Qobuz, puisqu'il s'agit de streaming. Tout comme avec Spotify ou Deezer d'ailleurs.

Qobuz met en question la méthode d'acquisition, mais lorsque je fais une acquisition de mon WAV lu depuis la machine, dans les mêmes conditions, comment expliquer alors que sa courbe ne change pas par rapport à celle du fichier brut analysé tel quel ? Je n'ai pas d'explication à ce jour, sauf à considérer qu'une dégradation se produit au niveau du player Qobuz ou du streaming. Notons toutefois que cette différence reste minime : elle est juste dérangeante théoriquement car inexplicable.

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Enfin, j'ai vérifié que l'ALAC (format sans perte d'Apple, équivalent du FLAC) sur iOS était bien du même niveau que le FLAC de Qobuz Desktop, c'est le cas. Mais comme le support de la qualité CD n'est pas disponible pour tous, et notamment pas pour le principal constructeur de smartphones Android, Samsung, j'ai décidé d'écarter le sujet.

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En conclusion, je remercie Qobuz de s'être penché aussi longuement sur cet article. Il y a vraisemblablement des failles techniques dans le protocole que j'ai utilisé, comme en témoigne cet écart entre WAV et FLAC, que je ne parviens pas à expliquer. Mais Qobuz ne livre pas les bonnes raisons, si tel avait été le cas, je l'aurais modestement reconnu. D'autres imperfections viennent du fait que nous n'avons pas d'autres solutions, par exemple pour les tests sur mobile. Malgré tout, ce protocole répété à l'identique permet la comparaison avec d'autres services. Et je note que Qobuz ne démontre à aucun moment que Spotify HQ fait significativement moins bien que sa qualité CD. Il faut tirer péniblement sur l'échelle pour révéler au mieux 0,2 dB d'écart...

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Quant à l'invitation de Qobuz pour faire les tests chez eux, c'était la veille de la publication, le 17 janvier, alors que j'ai commencé à contacter l'agence le 3 janvier, avec moult relances... Yves, puisque nous sommes apparemment familiers, cette pique était déplacée. Mon verdict à l'écoute est forcément subjectif, et il vaut ce qu'il vaut. Mais c'est en mon âme et conscience que je le maintiens : avec le matériel que j'ai utilisé (et non pas dans l'absolu), la différence avec Spotify HQ ne m'est pas apparue suffisante pour justifier le tarif supplémentaire demandé, pour un utilisateur lambda. Chacun est bien sûr libre de faire ses choix, et je doute que mes propos puissent faire décamper les audiophiles utilisateurs de Qobuz, qui trouvent sûrement toutes les bonnes raisons d'adhérer à cette offre en qualité CD. Ma principale erreur réside sans doute dans le fait d'avoir voulu aborder sous un angle trop grand public une offre qui ne l'est pas. Si mes écrits ont causé du tort à Qobuz, je m'en excuse, ce n'était pas intentionnel.
Aurélien Audy
Par Aurélien Audy

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