La société suédoise est bien déterminée à réguler ces coûts qui l'ont mis à plusieurs reprises en difficulté. Sa récente introduction en bourse, le 3 avril dernier, n'y est certainement pas pour rien.
Les royalties, gros poids dans le chiffre d'affaire des services de streaming
Sur chaque abonnement que facturent les sociétés de streaming à leurs utilisateurs, le pourcentage destiné aux éditeurs est conséquent, pour ne pas dire pharaonique. Netflix, Amazon Prime Video et Apple, en plus d'avoir des coûts de licences reversés aux studios de production, produisent eux-mêmes leur contenu. Spotify, Apple Music et autres services de streaming musicaux ne sont pas en reste puisqu'ils doivent également payer des redevances aux grandes majors de l'industrie musicale.Ainsi, si l'on compare Netflix et Spotify sur le coûts des droits d'auteurs, on se rend compte que Spotify en paie plus et de loin. Là où Netflix a un taux de marge brut de 33,7% en 2017, Spotify lui n'a qu'un taux de 20,8%. Ces analyses, réalisées par Statista, montrent d'ailleurs que l'écart entre les deux se creuse même si les taux progressent positivement : en 2013, leurs taux de marges brut étaient respectivement de 23,6% et 17,2%.
Spotify reverse énormément de royalties aux quatre principaux majors de l'industrie musicale : Universal Music, Sony Music, Warner Music et Merlin. Depuis son lancement en octobre 2008, la société suédoise à versé près de 8,5 milliards d'euros à l'industrie musicale. Les retards s'accumulent d'ailleurs : en 2016, Spotify a dû payer 21 millions de royalties en retard. En 2017, lors d'un recours collectif, le service musical a même dû débourser plus de 40 millions aux plaignants.
Tous ces frais accumulés pèsent très lourd dans la balance et ont poussé Spotify à agir pour réduire les coûts des labels et plaire aux investisseurs qui ont misé sur lui lors de sa récente introduction en bourse.
Spotify a déjà commencé dans ce sens en mettant la main sur Mediachain, une startup américaine spécialisée dans les technologies liées à la blockchain. Pour Spotify, cette acquisition va permettre de résoudre la question du droit d'auteur au travers de la blockchain pour s'assurer un suivi afin de rétribuer correctement les artistes et éviter les procès avec les ayants droits.
Spotify rachète Loudr pour mieux identifier et payer les labels
Spotify poursuit sa stratégie en rachetant la startup Loudr. Cette plateforme dispose d'outils permettant aux créateurs de contenus et aux services musicaux d'identifier, de suivre et de payer les royalties aux éditeurs et autres ayants droits.Fondée en 2013, cette startup est composée de neuf spécialistes de l'édition et techniciens qui vont rejoindre les bureaux de Spotify à New-York pour améliorer sa gestion des licences et des droits et ainsi réduire les coûts.
A moyen et long terme, Spotify prévoit de reverser au minimum 1,7 milliards supplémentaires à l'industrie musicale. L'entreprise ambitionne 200 millions d'utilisateurs dont 96 millions payants d'ici la fin de l'année contre 71 millions dernièrement. Pour cela, elle projette d'améliorer le modèle gratuit dont les contraintes telles que la lecture aléatoire ou la limitation à 6 chansons passées sont assez restrictives. Cela permettra d'attirer de plus en plus de clients et de les convertir en abonnés.
Un bon début pour rassurer les investisseurs de plus en plus frileux et combler les pertes.