Cette créativité protéiforme est d'autant plus remarquable qu'elle est rapide, que les designs sont toujours particulièrement soignés et les tarifs, agressifs. Le Mi Notebook Air, ici en version 12,5 pouces, vient par exemple marcher sur les plates-bandes du Macbook d'Apple, mais en deux fois moins cher.
Un ordinateur portable à la fois esthétique, bien fini et pas cher, c'est sûr que la promesse a de quoi attirer l'attention du plus grand nombre. Xiaomi est très fort à ce jeu là. Toutefois, il reste une barrière gênante pour l'heure, c'est que sa production n'est pas distribuée classiquement en France. Il faut passer par de l'import, via des boutiques comme ultrabook qu'avec un smartphone.
Qu'a-t-on pour 527,33 euros (prix indiqué sur le site de Gearbest au moment où nous écrivons ces lignes) ? Un châssis unibody élégant tout en aluminium, de 292 x 202 x 12,9 mm et 1,07 kg, avec un bel écran Full HD de 12,5 pouces, en dalle IPS. La configuration comprend ce qui suit :
- Processeur Intel Core m3 6Y30, de 0,9 à 2,2 GHz
- Intel Graphics 515
- 4 Go de RAM @ 1866 MHz
- 128 Go de stockage sur SSD Samsung
- Wi-Fi ac dual band et Bluetooth 4.1
- Webcam 720p
- Haut-parleurs AKG
- Sortie HDMI, prise casque, port USB 3 et Type-C
Spécificité de la version chinoise
Avant d'en venir aux tests et impressions à l'usage, il nous faut d'abord dire quelques mots sur ce qu'implique d'acheter un ultrabook chinois. Gearbest propose deux options à l'achat de la machine : une en version chinoise activée et l'autre en version anglaise non activée. Si vous prenez la première, vous avez une licence Windows 10 en bonne et due forme mais en mandarin ; si vous optez pour la seconde, Windows 10 sera en anglais mais sans clé d'activation. Plusieurs tutoriels sur le net évoquaient la possibilité de convertir la version chinoise en français tout en récupérant la clé d'activation.La manipulation était relativement simple : taper une ligne de commande pour récupérer le numéro de licence (wmic path SoftwareLicensingService get OA3xOriginalProductKey), faire une clé USB d'installation de Windows 10 (en version unilingue) depuis un PC français, réinstaller Windows 10 sur le portable et les drivers d'origine puis rentrer le numéro de licence.
En chinois, voilà à quoi ressemble Windows 10.
Logique mais ça ne fonctionne pas (ou plus), les clés d'activation de Windows 10 pour le marché chinois n'étant pas compatibles avec un OS français (dixit la personne de l'assistance de Microsoft à qui nous avons eu affaire). Donc peu importe la version choisie, il faudra racheter une licence Windows 10. Comptez 135 euros chez Microsoft pour une licence normale, ou entre 20 et 100 euros chez certains revendeurs qui proposent des licences OEM (liées à une configuration matérielle et non transférables). Oui, les écarts de prix sont vertigineux, et pour cause, il n'est pas garanti que les clés à 20 euros fonctionnent ad vitam aeternam. La prise de risque reste mesurée...
La manipulation est simple mais malheureusement, elle ne fonctionne pas...
Le logiciel est une chose, le matériel en est une autre. Dans ce domaine, le principal inconvénient avec le Mi Notebook Air, c'est son clavier QWERTY. En basculant la saisie en français, le clavier se comporte comme un AZERTY : les personnes habituées à taper sans regarder leurs doigts ne seront pas gênées, mais pour les autres... Moins pénalisant mais à prévoir aussi : le chargeur chinois exige un adaptateur international.
Récapitulons : 527,33 € + 1,45 € de livraison (si si !) + 105 € de TVA + 135 € de licence Windows + 15 € d'adaptateur = 784 € au maximum. Nous disons "au maximum" parce que vous pouvez payer la licence Windows moins cher et parce que, si le transporteur ne s'acquitte pas de la TVA, ce sera à vous de faire la déclaration auprès des douanes. Sans vouloir préjuger de quoi que ce soit, on imagine mal que quelqu'un qui serait passé à travers les mailles du filet sur un achat fait en Chine aille déclarer sa TVA volontairement... Peu importe, 780 euros ce n'est plus tout à fait la même attractivité. C'est le prix d'un Envy 13 en Core i5 chez HP par exemple.
Ecran, clavier et touchpad
Le Mi Notebook Air intègre un écran de 12,5 pouces en dalle IPS et définition Full HD. La densité de pixels de 176 ppp restitue un affichage fin, de prime abord équilibré. Toutefois d'après notre sonde, ce n'est pas exactement le cas : elle retourne un delta E moyen de 5,5 avec pic à 24,9 dans le bleu. Dit ainsi, ça paraît impressionnant, mais comme le gamma et la température de blanc sont relativement justes, on ne voit rien de choquant. Calibré, l'affichage est parfait.La luminance maximum est mesurée à 350 cd/m², pour un point noir à 0,40 cd/m², soit un taux de contraste très correct de 875 : 1. On appréciera au passage les bordures latérales minces, servant la compacité du châssis, ou encore l'usage de « Saphir synthétique » pour protéger la dalle des rayures.
Ce bilan dans l'ensemble favorable n'est entaché que par la brillance considérable de la vitre de protection, qui rend la visibilité délicate en plein soleil. Les plus tatillons noteront aussi la légère fuite de rétro-éclairage sur les bords de l'écran.
Le rapport de notre sonde LaCie, avant et après calibrage. Téléchargez notre profil de calibration (lien actif pendant 7 jours)
Côté clavier et touchpad, rien à redire si ce n'est que le clavier est en QWERTY... La frappe est agréable et précise, Xiaomi a veillé à rétro-éclairer les touches. Le vaste touchpad Synaptics en verre glisse sans le moindre accroc, les clics répondent bien. Bref, c'est une machine plaisante à utiliser dès lors qu'on ne se laisse pas déstabiliser par l'agencement anglo-saxon des inscriptions.
Performances et autonomie
En présence d'un Core m3, ce n'est pas tant les performances qu'on attend au tournant, que l'autonomie. Et sans surprise, PCMark 8.0 (test Home Conventional) calcule un score de 2185, quasi identique à celui obtenu par un Asus UX305 en Core m5. Pour un usage bureautique, la machine bien fluide convient parfaitement. Mais il ne faudra pas tenter le diable avec du Photoshop ou du montage vidéo. Idem pour la partie graphique, où le score de 2290 sous 3DMark 2.0 (Sky Diver) n'ouvre guère de perspectives alléchantes. Non, en revanche la machine est totalement passive et la dissipation de chaleur bien gérée : on nage dans le silence, sans se brûler les cuisses, c'est appréciable.Enfin, avec 4 h 36 sur le test de PCMark, l'autonomie est confortable. Certes, la machine d'Asus mentionnée plus haut, par exemple, flirte avec les 7 heures dans les mêmes conditions. Mais sachant qu'il faut en général prévoir le double de ce que donne PCMark en utilisation bureautique normale, nos résultats sont raccord avec les 7 h 30 à 9 h 30 annoncées par Xiaomi. S'il n'est pas le meilleur, l'ultrabook confirme tout de même qu'il est bien en phase avec sa vocation première : la mobilité.
Conclusion
Est-ce que le jeu - achat en import, barrière de langue, problème de licence, clavier QWERTY - en vaut la chandelle ? Difficile de répondre à cette question... En tout cas, la démarche n'est clairement pas pour madame ou monsieur tout le monde. Le prérequis indispensable, c'est déjà d'être à l'aise sur un clavier anglo-saxon, sans quoi ce n'est même pas la peine d'envisager l'acquisition du Mi Notebook Air. Ceci étant dit, et si cette disposition des touches ne constitue pas un frein, il faut bien avouer que l'ultrabook de Xiaomi se laisse facilement adopter.
Gabarit, finition et design sont parfaits : le châssis, beaucoup plus luxueux que son prix ne le suggère, est taillé pour la mobilité. Xiaomi est d'ailleurs resté cohérent sur toute la ligne en optant pour une configuration peu énergivore mais suffisamment puissante pour l'utilisation recherchée. L'écran n'est pas parfait, surtout trop brillant en plein soleil, mais il demeure confortable et parfaitement juste, pourvu qu'on puisse le calibrer. Le tandem clavier et touchpad, les haut-parleurs AKG, la webcam 720p ou encore la connectique (pour une machine de ce gabarit) : tout donne satisfaction. Et comme on est obligé de faire une installation propre, on se retrouve avec une configuration dépourvue de crapware. Bref, il faut être un brin aventurier pour se laisser tenter, mais la récompense est bien là. Francisé, il serait parfait ! Un bravo quoi qu'il en soit à Xiaomi, qui semble bien parti pour transformer en réussite tout ce qu'il touche.