L’avenir de Windows RT passe par le serveur

Anicet Mbida
Publié le 01 août 2013 à 12h38
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Chaque semaine, Anicet Mbida nous livre son avis sur l'actualité numérique.
Accident industriel. Produit mort-né. Plus gros flop depuis Bob... Que n'a-t-on pas entendu sur Surface RT, la version ARM de la tablette Microsoft. L'absence de compatibilité avec l'immense catalogue Windows l'aura condamné. Même en cassant les prix, il y a peu se chances que la tendance s'inverse. Microsoft finira donc par l'enterrer. Mais ce serait une grave erreur de tirer un trait sur Windows RT, le système qui motorise ces tablettes. Car Windows sur puce ARM est promis à un bel avenir... mais côté serveur.

Vous en doutez ? Regardez l'évolution actuelle des datacenters. Fini les méga serveurs de type grand systèmes. La tendance est aux micro-serveurs jetables peu gourmands en énergie. On n'empile plus les cartes processeurs dans un châssis propriétaire (scale-in). On préfère voir travailler en parallèle une myriade de petits serveurs standards, savamment agencés dans des racks (scale-out). Aujourd'hui, le serveur n'est plus une grosse machine placée dans un coin. C'est la salle informatique toute entière.

Or avec cette nouvelle architecture, l'optimisation est telle que les processeurs sont utilisés à leur maximum. Et ils chauffent tellement que l'électricité et le refroidissement sont devenus les deux postes de coût principaux. C'est pourquoi la planète serveur s'emballe actuellement pour ces machines à base de puces peu gourmandes et qui chauffent moins : HP avec son projet Mooshoot, Dell avec ses serveurs Zinc, sans oublier les pionniers Marvell et MiTAC. Même AMD et Samsung se sont empressés d'acquérir une licence ARM pour développer des puces pour micro-serveurs.

Windows Server et Client partagent le même noyau

Evidemment, Intel est aussi sur le coup avec la déclinaison serveur de ses Atom (Centerton l'année dernière, Avoton à la fin de l'année). Mais l'architecture ARM garde l'avantage. Non seulement elle est aujourd'hui la plus sobre, mais surtout, elle peut être personnalisée et optimisée pour des usages spécifiques : entrées/sorties, sécurité, etc. L'architecture a ainsi trusté le marché des serveurs de stockage. Elle bascule actuellement en 64 bits pour sortir de cette niche et taquiner les serveurs x86 sur des applications traditionnelles. Mieux, elle bénéficie du fort soutien de la communauté open source. Debian, Ubuntu et l'hyperviseur KVM viennent par exemple d'être portés en 64 bits.

Au final, il ne lui manque que la bénédiction de Microsoft pour réellement doper son écosystème applicatif. Rappelons que Windows NT, l'ancêtre de Windows Server, a été conçu dès le départ pour être multiplate-forme. Les éditions pour processeurs Alpha, PowerPC et Itanium ont certes fait long feu. Mais une version ARM pourrait être compilée en un clin d'oeil. Je suis d'ailleurs persuadé que Microsoft teste déja un Windows Server « RT » en interne. Après tout, Windows Server et Client partagent le même noyau.

Quant au manque d'applications dont souffre Windows RT aujourd'hui, il sera beaucoup moins critique côté serveur. D'une part, Microsoft pourra facilement porter ses briques SQL Server et Exchange. De l'autre, les grands opérateurs de datacenter ont l'habitude de développer leurs propres applications. Enfin, pour Microsoft, ce serait l'occasion rêvée de prendre sa revanche sur Linux. Aujourd'hui, l'open source règne sans partage sur les applications frontales. Un Windows Server RT pourrait changer la donne... Et sauver la face d'un système dont on se demande toujours pourquoi il a été lancé côté client.
Anicet Mbida
Par Anicet Mbida

On me présente souvent comme le vétéran de l'informatique et des nouvelles technologies. Ma plus grande fierté ? Avoir gagné le concours des "Deux Lignes" d'Hebdogiciel dans les années 1980 et d’avoir développé des jeux pour UbiSoft quand ils étaient encore installés à Créteil dans le Val de Marne. C’est totalement par hasard que j’ai bifurqué journaliste informatique en 1994, dans un titre de presse professionnelle qui plus est (01 Informatique). Une formidable expérience qui m’a permis de commenter toutes les transformations de ces vingt dernières années et d’interviewer les plus grands : Steve Jobs, Bill Gates, Andy Grove, John Chambers, Larry Ellisson, etc. Ce qui me passionne ? L’impact social des technologies : la façon dont Internet a changé notre façon de draguer, d’acheter, de s’informer ou de se distraire. Ce portable, dernier objet que l'on regarde avant de se coucher, le premier au réveil. C’est probablement pourquoi j’ai créé la chronique Culture Geek sur BFM TV en 2009. Et même si certains ne me connaissent aujourd'hui qu'à travers ce miroir grossissant de la télévision, l’essentiel de mon métier, de mon ADN, a toujours été lié à la presse écrite. Hier comme rédacteur en chef adjoint de 01Net et de 01 Business et Technologies, aujourd'hui comme Rédacteur en Chef de Clubic Pro. N’hésitez pas à me contacter. J’essaie, dans la mesure du possible, de répondre à tout le monde.

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