Les ventes numériques ne sont pas près de devenir le relais de croissance tant attendu du marché de la musique. Pour la première fois de son histoire, elles ont même subi un recul de 5,2% sur un an lors du premier trimestre 2013, annonce le Syndicat national de l'édition phonographique. Une baisse des ventes loin d'être négligeable et qui, couplée à celle du marché physique de 7,3% sur la même période, s'avère peu encourageante.
Sur les trois premiers mois de l'année, les ventes numériques ont ainsi atteint 30,9 millions d'euros, contre 32,6 millions d'euros un an plus tôt. Le Snep avance deux raisons principales à cette tendance. Le syndicat fait notamment référence à « une opération spéciale réalisée en 2012 par une major et non renouvelée en 2013 ».
Il revient également sur les rudes négociations qui ont eu lieu entre la Sacem et YouTube pour renouveler le contrat visant à monétiser les contenus du représentant des auteurs sur la plateforme de vidéos. YouTube a pendant de nombreux mois cessé d'afficher des publicités lors du lancement des vidéos affiliées à la Sacem.
Le Snep évoque un manque à gagner pour le marché du numérique compris entre 1,6 et 1,7 million d'euros sur l'année. Une somme qui aurait tout juste permis au marché de stagner sur un an, rappelle justement le syndicat, « alors que le marché numérique est supposé être le vecteur de croissance du marché de la musique enregistrée ».
Le marché du streaming n'est pas épargné par cette morosité, avec une croissance d'à peine 2,1%, à 11 millions d'euros. Le streaming par abonnement représente aujourd'hui 27% du marché du numérique, contre 18% pour le streaming gratuit, financé par la publicité.
Le téléchargement légal en berne
Pour couronner le tout, le chiffre d'affaires des plateformes de téléchargement est quant à lui retombé à un niveau inférieur à celui atteint au premier trimestre 2012, bien en deçà du pic atteint au moment des fêtes. Ce qui est d'autant plus dommageable pour le secteur puisqu'ils concentrent la majorité des ventes numériques (53%). Le nombre de titres téléchargés s'est ainsi effondré de 21% sur un an au dernier trimestre, avec 10,7 millions de tittres sur la période contre 13,6 un an plus tôt. Les ventes d'albums progressent en revanche de 4%, avec 1,8 million de téléchargements sur la période.
Dans son rapport trimestriel, le Snep pointe par ailleurs un regain d'intérêt des internautes pour les services musicaux illégaux, dont la fréquentation s'est accrue de 7% en trois ans, avec 10,7 millions de visites en janvier 2013, contre 10 millions en janvier 2010. Il est évident à la vue des statistiques que les internautes ont pris soin de s'adapter aux prérogatives de la Hadopi puisque le recours au peer-to-peer s'est effondré de 25 points sur la période.