Pour les PME, le gouvernement mise sur la blockchain

Alexandre Broutart
Publié le 31 mars 2016 à 11h55
Le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique Emmanuel Macron annonce qu'une période de test va être lancée, pour expérimenter une utilisation financière de la blockchain. Afin que les banques n'aient plus le monopole des prêts accordés aux PME, il souhaite profiter du système sécurisé et décentralisé de la blockchain pour inciter particuliers et entreprises à leur accorder des financements avec intérêts.

La blockchain est une technologie en ligne qui est capable de sécuriser tout type d'échange sans organe central de contrôle. Chaque « bloc » est comme un livre des comptes privé, consultable par les différents acteurs d'une transaction, et hautement sécurisé. Système de non intermédiation, la blockchain fut conçue à l'origine par des esprits utopiques voulant s'émanciper des rouages bancaires et boursiers.

L'idée est de la mettre au service des « minibons » de la loi Macron. Ces nouveaux bons de caisse (engagements à rembourser, émis par des sociétés en échange d'un prêt sur cinq ans) permettent maintenant aux grands comptes d'utiliser les plates-formes de financement participatif pour financer de plus petites entreprises. Avant les minibons, les règles de prêt (et non de don) du crowdfunding ne permettaient pas de dépasser 1000 euros et n'admettaient que des personnes physiques comme émetteurs.

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La technologie blockchain permettrait de servir de nouveau cadre à ces prêts sans l'intermédiation des banques, via un registre de compte distribué, c'est-à-dire détenu par tous les intervenants. Il s'agit de casser un monopole, tout autant que de favoriser et de diversifier les financements dont ont besoin les PME. Tout cela n'est donc pas sans inquiéter la Fédération bancaire française qui, d'après l'AGEFI, se dit soucieuse pour la sécurité des prêteurs et des investisseurs (au sein d' un tel système), tout en avançant qu'il ne faudrait pas non plus « créer des distorsions de concurrence ».

Un amendement de la loi Macron autorisait en effet à prendre par ordonnance « les mesures législatives utiles au développement de ces bons ». Le ministre juge ce système préférable au simple crédit inter-entreprises (pourtant voté à l'Assemblée contre l'avis du gouvernement), car plus flexible en termes de montant et de temps de remboursement (5 ans au lieu de 2 ans). Le système des bons permet aussi aux PME de ne reverser les intérêts aux investisseurs qu'au terme du prêt, et non tout au long de celui-là.

Si l'expérimentation s'avère concluante, le gouvernement pourrait l'étendre aux titres non cotés afin de favoriser l'émergence d'une Bourse des PME.

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