Orange et le Nouvel Observateur ont annoncé qu'ils allaient retirer leur offre de reprise du groupe Le Monde à l'issue de la réunion du conseil de surveillance de ce dernier, lundi après-midi. Le trio Bergé / Niel / Pigasse restera donc seul en lice. Si sa proposition réunit au moins onze voix sur les vingt du conseil, il pourra entamer des négociations exclusives avec le groupe de presse afin de déterminer comment procéder à sa recapitalisation, qui doit intervenir avant la fin de l'été.
Mise à jour, 17h07 : sur son fil Twitter, le journaliste du Monde Xavier Ternisien annonce l'approbation de la proposition Bergé / Niel / Pigasse, par onze voix favorables et neuf abstentions. « Claude Perdriel, très classe, a voté pour l'offre adverse », souligne-t-il.
Ils étaient donc deux en lice avec, d'un côté, une offre formulée par Claude Perdriel (Nouvel Observateur), l'opérateur Orange et le groupe de presse espagnol Prisa, qui détient déjà 15% du quotidien. De l'autre, Xavier Niel, fondateur d'Iliad, accompagné de Pierre Bergé et de Mathieu Pigasse (propriétaire du magazine Les Inrockuptibles, dirigeant de la banque Lazard).
La Société des rédacteurs du Monde (SRM), actionnaire de référence, s'est prononcée vendredi à 90,84 % en faveur de la proposition formulée par le trio Bergé / Niel / Pigasse. Les différentes sociétés de personnels du groupe (Société des personnels du Monde interactif) ont également choisi cette option à plus de 80%.
« Par respect pour les administrateurs du Monde, Orange a accepté, comme le Nouvel Observateur, que son offre soit maintenue jusqu'à la réunion du Conseil de surveillance du Monde qui se tient ce lundi 28 juin 2010. Toutefois, Orange et le Nouvel Observateur sont convenus de retirer leur proposition à l'issue de ce Conseil, et quelle que soit la décision qui sera prise, comme ils s'y étaient engagés dans le cas d'un vote défavorable de la Société des rédacteurs du Monde. », a fait savoir lundi l'opérateur.
En quoi le dossier du trio BNP a-t-il su s'attirer les faveurs des personnels du Monde ? 20 Minutes, qui dit avoir pu consulter les dossiers déposés, évoque un projet articulé autour de la version papier du journal mais décloisonnant les rédactions historiques et numériques du quotidien. Il mettrait également l'accent sur les médias en ligne.
La coloration politique des repreneurs potentiels a-t-elle joué un rôle ? Aux côtés de Xavier Niel, souvent qualifié de trublion, Pierre Bergé a consacré temps et moyens au soutien de la candidate socialiste Ségolène Royal lors des présidentielles de 2007.
A en croire le Point, Nicolas Saarkozy aurait début juin contacté Éric Fottorino, directeur du Monde, pour lui signifier tout le mal qu'il pensait de la candidature du trio BNP. Il aurait alors qualifié Niel d'« homme du peep-show », en référence aux débuts dans le Minitel Rose de l'entrepreneur.
« L'ampleur de ce score a une double signification. C'est à la fois un message de confiance lancé aux repreneurs choisis et un message d'unité adressé aux actionnaires extérieurs qui siègent au conseil de surveillance. Nous souhaitons que tous l'entendent », commentait dimanche soir la SRM par l'intermédiaire d'un communiqué cosigné par ses anciens présidents.