Pourquoi le soutien aux start-up du Web français stagne en 2014

Thomas Pontiroli
Publié le 16 juillet 2014 à 12h52
Les forces vives du Web français n'ont pas reçu le soutien espéré de la part des business angels lors de cette première moitié 2014. Le climat économique tendu est l'une des explications de cet attentisme.

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« Après un quatrième trimestre 2013 inquiétant, qui suivait un excellent troisième trimestre 2013, le rebond attendu au premier semestre 2014 n'a pas eu lieu », déplore le fonds ISAI, dans la quatrième édition de son baromètre Fibamy, étudiant les investissements des business angels dans le secteur Internet - il avait vu le jour suite au mouvement des Pigeons l'an dernier.

Les start-up du Web français ont levé un total de 8 millions d'euros auprès de business angels, de mars à juin 2014, soit quasiment autant que l'année dernière à la même époque. Cela reste supérieur aux sommes investies au premier trimestre (7 millions d'euros), et significativement plus que les montants engagés au printemps 2012 (environ 4,5 millions d'euros). D'une année à l'autre, le nombre d'opérations a reculé, passant de près de 30 en juin 2013 à une vingtaine un an après. Et même tendance au premier trimestre.

Pourtant dans le même temps, ces entreprises ont relevé leur croissance de 43%, notait l'association France Digitale auprès de ses membres en juin. « Ce dynamisme, dont bénéficie probablement l'ensemble des jeunes sociétés Internet, aurait dû entraîner une augmentation significative, de 20 à 30%, des montants levés auprès des business angels », poursuit l'auteur du Fibamy, inquiet de la baisse des tours de table.

Le baromètre note également une tendance à la concentration des opérations d'amorçage autour de ce qu'il appelle les « serial business angels », soit des entrepreneurs du Web qui ont réussi et qui souhaitent soutenir l'écosystème, à l'image par exemple du co-fondateur de PriceMinister, Olivier Mathiot.

Quatre raisons à l'attentisme

Le fonds ISAI décèle quatre raisons à ce recul des investissements d'amorçage. Il y a d'abord, « de façon évidente », le marasme de l'économie française, « appelant à une certaine prudence de la part des investisseur ». La Banque de France estime la croissance du PIB à 0,2% pour le deuxième trimestre alors que l'Insee table sur 0,3% sur la même période, et anticipe 0,7% de croissance pour l'ensemble de l'année 2014.


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Ce climat pénalise probablement les start-up « trop dépendantes d'une consommation en berne ou d'un manque d'investissement de la part des entreprises, rendant ainsi leurs levées de fonds difficiles faute de traction », poursuit le fonds. Il identifie ensuite un scepticisme « important » des investisseurs, « malgré les Assises de l'Entrepreneuriat, la loi de Finances 2014, la French Tech et le soutien au crowdfunding ».

ISAI pense que le vote des articles 11 et 12 de la loi Hamon, instaurant un droit de regard des salariés sur les conditions de rachat de leur entreprise, peut donner « le sentiment aux investisseurs individuels d'une instabilité peu propice à la prise de risque ». La troisième raison de cette frilosité est expliquée par l'affaire des Pigeons, ayant rendu les business angels « ultra-sensibles sur les sujets fiscaux » et donc « attentistes ».

L'auteur du Fibamy n'exclut pas, en dernier lieu, la possibilité d'être passé à côté d'opérations de refinancement, au sujet desquelles les investisseurs n'auraient pas communiqué. A compter du 1er octobre 2014 et l'entrée en application des décrets encadrant le financement participatif, les opérations dites d'« equity crowdfunding » - ne pesant que 5% des levées de fonds aujourd'hui -, pourraient relancer la machine.


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