Les start-up du Web français ont levé un total de 8 millions d'euros auprès de business angels, de mars à juin 2014, soit quasiment autant que l'année dernière à la même époque. Cela reste supérieur aux sommes investies au premier trimestre (7 millions d'euros), et significativement plus que les montants engagés au printemps 2012 (environ 4,5 millions d'euros). D'une année à l'autre, le nombre d'opérations a reculé, passant de près de 30 en juin 2013 à une vingtaine un an après. Et même tendance au premier trimestre.
Pourtant dans le même temps, ces entreprises ont relevé leur croissance de 43%, notait l'association France Digitale auprès de ses membres en juin. « Ce dynamisme, dont bénéficie probablement l'ensemble des jeunes sociétés Internet, aurait dû entraîner une augmentation significative, de 20 à 30%, des montants levés auprès des business angels », poursuit l'auteur du Fibamy, inquiet de la baisse des tours de table.
Le baromètre note également une tendance à la concentration des opérations d'amorçage autour de ce qu'il appelle les « serial business angels », soit des entrepreneurs du Web qui ont réussi et qui souhaitent soutenir l'écosystème, à l'image par exemple du co-fondateur de PriceMinister, Olivier Mathiot.
Quatre raisons à l'attentisme
Le fonds ISAI décèle quatre raisons à ce recul des investissements d'amorçage. Il y a d'abord, « de façon évidente », le marasme de l'économie française, « appelant à une certaine prudence de la part des investisseur ». La Banque de France estime la croissance du PIB à 0,2% pour le deuxième trimestre alors que l'Insee table sur 0,3% sur la même période, et anticipe 0,7% de croissance pour l'ensemble de l'année 2014.Ce climat pénalise probablement les start-up « trop dépendantes d'une consommation en berne ou d'un manque d'investissement de la part des entreprises, rendant ainsi leurs levées de fonds difficiles faute de traction », poursuit le fonds. Il identifie ensuite un scepticisme « important » des investisseurs, « malgré les Assises de l'Entrepreneuriat, la loi de Finances 2014, la French Tech et le soutien au crowdfunding ».
ISAI pense que le vote des articles 11 et 12 de la loi Hamon, instaurant un droit de regard des salariés sur les conditions de rachat de leur entreprise, peut donner « le sentiment aux investisseurs individuels d'une instabilité peu propice à la prise de risque ». La troisième raison de cette frilosité est expliquée par l'affaire des Pigeons, ayant rendu les business angels « ultra-sensibles sur les sujets fiscaux » et donc « attentistes ».
L'auteur du Fibamy n'exclut pas, en dernier lieu, la possibilité d'être passé à côté d'opérations de refinancement, au sujet desquelles les investisseurs n'auraient pas communiqué. A compter du 1er octobre 2014 et l'entrée en application des décrets encadrant le financement participatif, les opérations dites d'« equity crowdfunding » - ne pesant que 5% des levées de fonds aujourd'hui -, pourraient relancer la machine.
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