Le prêt à court terme de particuliers aux PME arrive en France

Thomas Pontiroli
Publié le 17 juin 2015 à 08h12
Le financement participatif prend de multiples formes. Avec Finsquare, Polexandre Joly veut installer le prêt à court terme de particuliers aux TPE et PME. Un système qui a déjà percé en Grande-Bretagne.

Les plateformes de prêt de particuliers aux entreprises, on connaît : Lendopolis, Lendix, Prêt PME, Spear, Unilend... Elles permettent aux premiers de faire fructifier leur épargne avec des taux d'intérêt de 4 à 8 %, et aux secondes d'accéder rapidement à des financements. Avec Finsquare, l'approche est différente : il s'agit de prêts sur du court terme : entre 3 et 24 mois, contre 24 à 60 pour les autres plateformes de crowdfunding.


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Sur Finsquare, c'est le prêteur qui choisit le taux d'intérêt. la moyenne constatée est de 8 %.


Les entreprises ciblées sont les TPE et PME âgées entre cinq et huit ans et réalisant 500 000 euros de chiffre d'affaires annuel en moyenne. Ce peut être un spécialiste de la désinfection de matériel médical réclamant 30 000 euros pour financer de nouveaux outils. Ou bien un installeur de centrales photovoltaïques voulant renforcer sa présence commerciale. L'emprunt minimal est de 3 000 euros et le maximal, de 50 000 euros.

Pour y prétendre, les entreprises font l'objet d'une double analyse visant à évaluer leur capacité d'emprunt - une note est attribuée. Le premier volet est automatisé. Il s'intéresse aux comptes bancaires, à la typologie des paiements et au comportement. Passé ce filtrage automatique, une équipe d'analystes ouvre l'accès ou non à la plateforme. En un peu plus de six mois, Finsquare a reçu 10 000 demandes de la part de TPE/PME.

Particuliers : rendement moyen de 8 %

Côté particuliers, le montant prêté va de 10 à 1 000 euros, pour un ticket moyen de 100 euros. Le montant constaté sur le site est plutôt de 75 euros. Le rendement moyen observé par la plateforme est pourtant élevé, de l'ordre de 8 %. Polexandre Joly, le fondateur de la start-up, explique ce faible engagement par le manque de confiance des particuliers envers un système qu'ils méconnaissent encore... « Normal », dit le dirigeant.

Finsquare s'inspire en fait de plateformes britanniques qui connaissent un certain succès. L'un des pionniers, fondé en 2009, s'appelle Funding Circle. Montant total prêté : 675,5 millions de livres, soit bientôt 1 milliard d'euros. « Le ticket moyen chez eux a d'ailleurs commencé à 85 livres », veut rassurer le responsable. En France, une chose ne bougera pas en revanche : le montant prêté par personne, plafonné à 1 000 euros.


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La durée maximale des emprunts sur Finsquare est de 24 mois.


En février dernier, Finsquare annonçait l'arrivée à son capital de H2O Participations, accompagnée d'un fonds de 150 millions d'euros dédié aux prêts pour les entreprises. Ce qu'il faut savoir est que sur Finsquare, les prêts sont mis aux enchères. En somme, le prêteur au taux le plus bas a plus de chances de l'emporter. Or, un fonds risque d'avoir tendance à « écraser » les particuliers, en jouant sur les volumes bien plus importants.

Un point de vue que contredit Polexandre Joly : « Les investisseurs institutionnels recherchent aussi le plus haut rendement, comme les particuliers. » Sur Lending Club, 75 % des prêts viennent de professionnels, et de 30 % chez Funding Circle - et un taux d'intérêt de 6,6 % ! Gage, selon lui, que les deux peuvent coexister. Pour atteindre une masse critique, la start-up a bien besoin de l'aide de ces gros acteurs de la finance.

Pas de choc frontal avec les banques

Pour se développer, elle mise aussi sur une deuxième levée de fonds, de 1,5 million d'euros. Au-delà des capitaux engagés, ses souscripteurs devraient lui apporter une expertise sectorielle. Parmi eux : Edenred, un spécialiste des services prépayés comptant un million de clients en Europe, l'assureur Aviva, avec qui la start-up imagine ce qu'elle pourrait proposer aux prêteurs, et la régie publicitaire suisse Virtual Network.


Le remboursement des prêteurs est organisé tous les mois par la plateforme - Source : Finsquare.


A l'occasion de cette levée de fonds, Bruno Salmon (ex-président de Cetelem) et Damien Guermonprez, ex-président de Banque Accord et de l'assureur Aon France, rejoignent le comité stratégique de la société.

Finsquare vise désormais une communauté de 2 500 prêteurs d'ici fin 2015 et le financement de 200 sociétés. Un objectif qui passera par des investissements en communication auprès du public, et une amélioration de sa technologie de « credit scoring », censée « proposer des projets toujours plus pertinents et solides aux prêteurs ». Pour se financer, Finsquare prélève (aux entreprises) une commission sur les montants prêtés.

Pour une PME, emprunter à 8 % (voire 10 % au maximum, paraît élevé. Mais pour Polexandre Joly, cela reste plus bas que ce que paient déjà ces sociétés pour se financer. « On a observé que la plupart des TPE/PME se financent à 50 % avec des autorisations de découvert de leur banque, ce qui peut leur revenir à 12 % ! »

« Nous avons étudié les marchés américain et britannique pendant six mois et nous n'entrons pas en concurrence frontale avec les banques », souligne Polexandre Joly. « Pour des prêts à court terme, je le lis trop souvent, les banques ne font pas rien. Mais elles préfèrent les emprunts sur cinq ou dix ans et aiment moins les petits montants. » En 2016, il cherchera de nouveaux fonds pour s'implanter dans d'autres pays.


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