Le secteur du logiciel a du succès auprès des investisseurs. Entre juillet 2014 et juin 2015, les éditeurs français ont levé 340 millions d'euros, révèle le baromètre trimestriel établi par KPMG pour l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet (Afdel). Un montant à comparer aux 220 millions investis un an plus tôt. Et encore, l'étude ne porte que sur les opérations supérieures à 500 000 euros.
Le nombre de levées de fonds réalisées chaque mois est passé de 4,5 à 6 en une année et le ticket moyen, de 4 à 4,7 millions d'euros. Un chiffre qui masque la réalité du marché, car si l'on exclut les 13 financements (sur un total de 55) supérieurs à 5 millions, la levée moyenne tombe à 1,7 million d'euros. C'est l'une des tendances fortes en France : 47 % des levées de fonds sont de petite taille, entre 0,5 et 1,8 million d'euro.
Un goût du risque
Cela ne veut pas dire que les investisseurs sont frileux, bien au contraire. Ces petits montants s'expliquent par l'importance des premiers tours de table (55 % des opérations). Autrement dit, les start-up sont de plus en plus soutenues dans leur phase de décollage, où le risque est grand. Pour Henry Auzay, directeur associé chez KPMG Corporate Finance, et cité dans cette étude, « il faut saluer la vigueur du marché des premiers tours qui permettent aux projets entrepreneuriaux de trouver un financement de plus en plus important ».Le reste du marché est occupé par quelques gros arbres qui cachent la forêt, comme BlaBlaCar qui avait reçu 100 millions de dollars en juillet 2014 - sa levée de 200 millions de dollars en septembre 2015 ne figure pas dans ce rapport. Sur la période étudiée, 7 autres opérations ont dépassé 10 millions d'euros, pour un total de 115 millions. Un investisseur étranger était impliqué dans 86 % des cas, et un investisseur public dans 43 %.
Nasdaq européen ?
Jamal Labed, le président de l'Afdel, y voit une « nouvelle reconnaissance de l'excellence du savoir-faire de l'industrie française du logiciel » mais rappelle que cette industrie a « aussi besoin de pouvoir lever des fonds plus importants (dizaines de millions d'euros). À l'instar de ce qui se passe outre-Atlantique ». Il en appelle à la création d'un « Nasdaq européen » qui pourrait être à l'initiative du couple franco-allemand.Toutes choses égales par ailleurs, la France est encore à des années lumières de la Silicon Valley en matière d'investissement. Sur la période étudiée par ce baromètre, Uber, à lui seul, a récolté 8 milliards de dollars.
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