Harcèlement en ligne : quand les réseaux sociaux s'en mèlent

Audrey Oeillet
Publié le 26 novembre 2013 à 17h05
Alors que le gouvernement lance aujourd'hui la nouvelle campagne de son initiative « Agir contre le harcèlement à l'école », Facebook s'associe à la démarche en proposant une version française de sa plateforme d'information autour du harcèlement en ligne.

La nouvelle campagne de lutte contre le harcèlement à l'École lancée mardi par le gouvernement, et qui met particulièrement l'accent sur le harcèlement en ligne, intervient peu de temps après l'évocation dans les médias de l'affaire Marion : cette adolescente, âgée de 13 ans, avait mis fin à ses jours chez elle il y a 9 mois. Si l'enquête mis en lumière un harcèlement en ligne intense sur les réseaux sociaux, les harceleurs présumés n'ont jamais été inquiétés. Une situation qui a poussé les parents de l'adolescente à déposer une nouvelle plainte récemment.

S'il existe bel et bien en France depuis plusieurs années, le harcèlement en ligne n'est pas autant mis en avant dans les médias de l'Hexagone comme dans certains autres pays, comme le Royaume-Uni, où le gouvernement lutte depuis plusieurs années contre le phénomène : ce dernier planchait l'année dernière sur une loi permettant de lever l'anonymat des harceleurs en ligne. Mais avant d'en arriver aux mesures judiciaires, on peut se demander quels remparts aux harcèlements existent au sein des plateformes qui en sont le théâtre.

Facebook : une approche pédagogique

Partenaire de l'initiative du gouvernement français, Facebook co-anime la page Agir contre le harcèlement à l'école, et vient de lancer une version française de sa plateforme de lutte contre le harcèlement en ligne, proposée aux USA depuis le 6 novembre dernier. Cet espace d'assistance se veut principalement pédagogique : on y apprend comment paramétrer au mieux son compte pour contrôler ses publications, gérer ses contacts, mais également mieux communiquer. Et si ça ne suffit pas, Facebook met également en avant ses outils permettant de bloquer un contact ou signaler un contenu offensant.

La démarche du réseau social est louable, mais c'est également une manière pour lui de mettre en avant sa bonne volonté, après une volée de critiques concernant notamment l'impossibilité de s'assurer que les adolescents de moins de 13 ans ne puissent pas s'inscrire. Si Facebook a récemment fait des modifications dans ses paramètres pour les comptes d'utilisateurs âgés de 13 à 17 ans, rien n'empêche un mineur de s'inscrire en mentant sur son âge.


Ainsi, la plateforme n'hésite pas à souligner que c'est aux parents de surveiller les pratiques de leurs enfants : « Assurez-vous que vos adolescents savent vers qui se tourner s'ils sont victimes de harcèlement. Aidez-les à comprendre comment faire des choix responsables et sûrs sur leurs publications, car tout ce qu'ils publient peut être mal interprété ou sorti de son contexte » explique notamment la page qui leur est dédiée. La pédagogie est une bonne chose, du moment qu'elle est mise entre les mains des personnes concernées.

D'autres initiatives... mais pas en France ?

Facebook n'est pas le seul a proposer des façons de lutter contre le harcèlement en ligne mais, étrangement, les autres réseaux sociaux qui ont communiqué sur le sujet ne localisent pas forcément leurs initiatives. C'est notamment le cas de Ask, une plateforme sociale qui permet de poser des questions à d'autres utilisateurs, de manière anonyme : pointé du doigt après le suicide d'une adolescente britannique qui y était harcelé, le service a pris des mesures outre-Manche pour mettre en avant un bouton de signalement de contenu inapproprié. Mais sur la version française, pas de gros bouton de signalement mis en avant : il faut passer par la rubrique de contact pour signaler un abus, ce qui n'est pas des plus intuitifs.

Même constat du côté de Twitter : après le harcèlement d'une journaliste sur la plateforme, le réseau social a décidé la mise en place d'un bouton d'alerte au sein de son service. Mais ce dernier n'est pas présent sur la version française, sur laquelle il faut effectuer plusieurs manipulations pour pouvoir signaler un tweet. Pour l'heure, la version anglaise est donc mieux servie, et la plateforme a également mis en place avec l'UK Safer Internet Centre outre-Manche, pour mieux protéger les internautes. Dans l'Hexagone, un effort reste encore à faire, car aucune initiative similaire n'a été annoncée.

45% des 12-14 ans exposés en France

Selon les chiffres avancé par le ministère de l'éducation nationale, les 12-14 ans seraient les plus exposés au cyber-harcèlement, à hauteur de 45%, contre 25% des 9-11 ans et 28% des 15-17 ans. A en croire ces chiffres, la tranche des ados la plus ciblée correspond à l'âge légal d'arrivée sur les réseaux sociaux, fixé dans la plupart des cas à 13 ans. Une étape cruciale, donc, dans l'apprentissage des bonnes pratiques en ligne.

Et encore une fois, si on peut constater que tous les réseaux sociaux ne sont pas égaux lorsqu'il s'agit de proposer une méthode simple pour signaler les contenus abusifs, les adultes jouent un rôle primordial dans l'accompagnement sur Internet : « Les premiers adultes à prodiguer aide et conseils en matière de sécurité sur Internet sont les parents (60%) puis les enseignants (43%) et enfin les pairs (26%)  » souligne le ministère, qui s'appuie sur des chiffres de Net Ecoute. La sensibilisation au harcèlement en ligne doit donc avant tout se faire hors ligne.
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