Dans une enquête passionnante, le Guardian dresse le portrait d'adolescents anglais en rupture avec les stéréotypes habituellement associés aux millenials. Outre-Manche, de plus en plus d'adolescents optent pour la déconnexion.
La génération Z se voit généralement associer les qualificatifs suivants : irrévérencieux, consuméristes, narcissiques, et surtout hyper connectés. Les vrais digital natives, ce sont eux.
Pourtant, s'ils sont nés avec un smartphone dans la main et sont biberonnés à la lumière bleue, ils sont de plus en plus nombreux à se désinscrire des réseaux sociaux pour renouer avec une certaine authenticité.
La génération Z en rupture avec les réseaux sociaux
Citée par le Guardian, une étude de l'institut Ampère estimait qu'en 2016, 66% des 18-24 ans déclaraient « les réseaux sociaux sont importants pour moi ». En 2018, ils ne sont plus que 57% à réitérer leur position.Une tendance largement mise en lumière par les portraits dressés par le quotidien britannique. Isabelle, 18 ans et étudiante à l'université de Bedforshire regrette l'apparente défiance de ses camarades à se parler en face à face. « Tout le monde s'est comme déconnecté de la conversation. C'est devenu : « puis-je avoir ton numéro pour t'envoyer un message ? » », précise-t-elle.
« c'est une compétition pour déterminer lequel pourra paraître le plus heureux »
Pour Amanuel, 16 ans, les réseaux sociaux promeuvent une version idéalisée du quotidien. Un vernis qui encourage à la malhonnêteté, selon cet adolescent qui a décidé de quitter tous les réseaux sociaux. Jeremiah Johnson, 18 ans, abonde : « c'est une compétition pour déterminer lequel pourra paraître le plus heureux ».
Plus inquiétant, les réseaux sociaux sont devenus de véritables baromètres de popularité sur les bancs de l'école. « Si vous rencontrez une nouvelle personne et qu'elle vous demande votre Instagram alors que vous n'avez que 80 abonnés, elle va penser que vous n'êtes pas très populaire. Mais si vous en avez 2000, vous êtes la star de l'école », déclare Sharp au Guardian, et d'ajouter : « je préfère ne pas savoir ce que les autres pensent de moi ».
Un désire de renouer avec des relations plus authentiques
Pour ces adolescents qui font le choix de la déconnexion, leur principale motivation est de renouer avec une certaine authenticité dans leurs relations. D'autres raisons sont également évoquées, comme les effets néfastes que leur hyperactivité sur les réseaux avait sur leurs notes à l'école, ou tout simplement par oppression face au flux constant d'informations qui les bombarde.Il faut dire que la Gen Z est de celle qui voit ses moindres faits et gestes documentés en ligne, en permanence. Un lien de chaque instant avec des réseaux sociaux que certains commencent à percevoir comme de véritables chaînes. Et comme n'importe quelle personne se voyant mettre aux fers, son seul désir est d'y échapper.
« est-ce que je suis en train de rater des choses ? »
Loin des clichés, la génération Z serait donc de celle qui chérit le plus le respect de sa vie privée. Mais chassez le naturel, et il revient au galop. De ceux qui ont quitté les réseaux sociaux, ils sont nombreux à se demander, inquiets, « est-ce que je suis en train de rater des choses ? ». « C'est comme si tous mes amis étaient allés à une fête sans me prévenir », confesse Jeremiah.
Pourtant, les adolescents interviewés par le Guardian reçoivent aussi quantité de messages encourageants. « J'aimerais être capable de me déconnecter, moi aussi », dit l'un d'entre eux. « Je ne suis pas moins un adolescent parce que je n'utilise plus les réseaux sociaux », répond l'intéressé.