L'essor des terminaux mobiles et des applications associées a-t-il radicalement changé la donne pour le développeur logiciel ? Le rapport annuel dressé chaque année par Forrester à partir d'un panel de 1 600 professionnels américains et européens tend à affirmer que non, même si les sondés semblent faire preuve de toujours plus de flexibilité. Sites Internet génériques et applications Web seraient ainsi le lot commun de 63% des développeurs interrogés, alors qu'ils ne sont - pour l'instant - que 30% à avoir travaillé sur des sites ou applications mobiles sur les deux dernières années.
Chez les entreprises de moins de 20 salariés, l'essentiel des projets se porte sur le Web, avec des sites ou applications adossés à une base de données de type SQL. Le segment des PME, qui englobe ici les entreprises allant jusqu'à 1000 salariés, est celui chez qui le mobile a pris la place la plus importante. Forrester y observe aussi la montée en puissance des bases NoSQL, auxquelles 15% des développeurs auraient été confrontées. Chez les grands comptes, le développeur est sans surprise amené à travailler sur des applications métier « traditionnelles » et le mobile n'est mentionné que par un quart des répondants.
Du côté des langages, deux enseignements sont à retenir. En premier lieu, on notera l'omniprésence attendue des langages Web avec le trio HTML, CSS et JavaScript, pratiqués tout ou partie du temps par 59% des développeurs interrogés. Java et C/C++ suivent, dans des proportions moins importantes. C'est également la polyvalence qui frappe, puisque 38% des sondés affirment ne pas consacrer plus de 50% de leur temps à un unique langage. Sans surprise, la population varie en fonction des langages envisagés : ainsi les adeptes du Cobol sont les plus âgés du panel, 52 ans en moyenne, et la population rajeunit alors que l'on se dirige vers VB.NET (47 ans) ou C# (38 ans).
Chez ceux qui sont amenés à travailler sur des projets mobiles, la charge se répartit pour l'essentiel entre des projets iOS ou Android. L'iPhone figure au premier rang des plateformes spécifiquement visées, même si les développements Android mobilisent plus de monde. Ils sont ainsi 84% à intégrer Android dans le top 5 des environnements ciblés, contre 77% pour iOS. Ici, le natif prend assez nettement le pas sur le Web mobile, avec 41% du temps de déeloppement contre 24%.
Sur le plan des processus enfin, l'étude de Forrester souligne que plus d'un tiers (37%) des sondés indique n'utiliser aucune méthode formelle, avec dans le lot aussi bien des jeunes évoluant en petite entreprise que des vétérans employés chez des grands comptes, ce qui ne manque pas de surprendre les auteurs. « La raison n'est pas claire, mais nous posons en hypothèse qu'il s'agit d'une combinaison de trois facteurs : manque de discipline chez le développeur, manque de connaissance et manque de résultats », indiquent-ils. Au global, 20% des sondés indiquent suivre une méthode agile, tandis que 27% font appel à des méthodes formelles de référence (CMMI, FDD etc.).