B. Bazzocchi, SmartAngels : "Le crowdfunding va être débloqué"

Thomas Pontiroli
Publié le 20 mai 2014 à 13h44
Le monde des start-up attend l'adoption de l'ordonnance sur le financement participatif le 28 mai. A la clé : une évolution du cadre législatif devant faciliter le recourt au crowdfunding et la fin du fameux « equity gap ». Les explications de Benoit Bazzocchi, fondateur de SmartAngels et président de l'Afip.

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Benoit Bazzocchi - SmartAngels, Afip.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis le fondateur de SmartAngels, une plateforme née en 2012 pour que les investisseurs particuliers deviennent actionnaire de start-up. Et je préside l'Afip, soit l'association française de l'investissement participatif, qui regroupe les sites de crowdfunding, répartis en trois grandes catégories : le don, le prêt et l'investissement en capital.

Quel est l'intérêt pour les start-up ?

L'enjeu fort pour le financement des entreprises concerne le prêt et surtout l'investissement en capital. Car dans la chaine de financement global des entreprises, on trouve ce qu'on appelle un « equity gap ». C'est un moment dans le financement de l'entreprise compris entre 100 000 et 1 million d'euros où elles peinent à trouver des fonds. Les banques ne prêtent pas car pas les projets ne sont pas assez matures et donc sûrs pour elles et les fonds d'investissement ne s'y intéressent pas encore. C'est là qu'on a le crowdfunding.

Combien la France a de plateformes ?

Actuellement les plateformes de financement participatif en France dédiées au prêt sont très peu nombreuses, deux ou trois, car elles affrontent le monopole bancaire. L'un des enjeux est d'ouvrir une brèche. Ces prêts sont encore non-rémunérés mais cela va évoluer avec la nouvelle réglementation. Au sujet de l'investissement en capital la France compte une quinzaine d'acteurs, qui ont un statut juridique de conseiller en investissement financier. Ce n'est pas adapté mais si cela va également évoluer bientôt. On sent une forte demande des start-up pour ce type de financement, une dizaine d'entre elles y ont déjà eu recours d'ailleurs. Je pense que la nouvelle législation va créer un appel d'air et débloquer le marcher.

Que faut-il retenir de la réforme à venir ?

Les trois points à retenir de la réforme selon moi sont : le fait que les sociétés sous le régime de la SAS, soit quasiment toutes les start-up, pourront se tourner vers le public pour lever des fonds, ce qui est une avancée majeure, le relèvement du seuil de chaque levée de fonds à 1 million d'euros afin de répondre au problème de l'equity gap, et enfin, pour les plateformes, la création d'un statut de conseiller en investissement participatif, ce qui va permettre de clarifier le cadre juridique et de lever les incertitudes.

Arnaud Montebourg vous a-t-il rassuré ?

Les annonces d'Arnaud Montebourg lors de la fête du crowdfunding ce weekend sont très positives et volontaristes. Cela confirme le rôle du financement participatif comme acteur majeur du financement de l'économie réelle. Ce qui est fondamental pour nous est qu'on y voit plus clair désormais sur la mise en œuvre de la nouvelle réglementation. Nous étions dans l'incertitude avant. Ce sera le 1er juillet 2014.


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Est-ce à l'Etat de financer les start-up ?

L'abondement permet de légitimer le financement participatif. Bpifrance investit déjà massivement dans l'économie réelle en soutenant des réseaux de co-investissement de business angels. Comme sa stratégie est de soutenir les start-up, il était logique que cette structure s'intéresse de plus près au crowdfunding. Je pense que cela va rassurer les épargnants, structurer le marché et améliorer la gouvernance des start-up.

Les particuliers doivent-ils remplacer les banques ?

Pour moi il ne s'agit pas tant d'assurer l'intérim de banques trop frileuses pour soutenir les start-up mais plutôt de créer des opportunités pour les individus de participer au développement d'entreprises. Notre rôle est de les aider à placer une partie de leur épargne, mais pas tout, car c'est un investissement risqué (entre 5 et 10% de son capital), dans ce type d'actif. Sur Smart Angels le ticket minimum est de 1.000 euros mais la moyenne est plutôt de 10 000 euros. Le retour peut être un multiple de 3, 4 et même 10. Par contre nous informons les investisseurs sur le niveau de risque pour chaque opération au moyen d'une notation.

Quelles start-up prometteuses surveillez-vous ?

Nous avons aidé Nayo Technologies. Cette société fabrique des robots pour le monde agricole et permet aux maraichers de biner la terre automatiquement. Nous soutenons aussi Canibal, qui propose des machines de collecte des déchets, sur le modèle des distributeurs de boisson. Elles sont capables de trier et de compacter les déchets. Elle est déjà soutenue par la BPI et prévoit d'entrer en bourse d'ici un an.

Quel rôle doit jouer la France en Europe ?

Arnaud Montebourg souhaite faire rayonner la France dans le financement participatif européen et c'est une volonté partagée. C'est à la Commission européenne qu'avaient commencé les premières discussions sur ce sujet, afin d'établir un cadre s'appliquant à tous les membres. L'Afip se réunira vendredi 23 mai avec les plateformes d'investissement en capital européennes pour faire émerger des idées que nous soumettrons à la Commission européenne. Notre but est de structurer le secteur.


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