Qu'est-ce que la French Touch ?
C'est la volonté d'essayer d'assumer et de mettre en avant la qualité de nos entrepreneurs et de notre scène « Tech » française, à l'étranger. Pendant deux jours, nous allons réunir des personnalités du numérique de premier plan au cours de plusieurs conférences à l'Axa Center de New York.New York est un peu comparable à la France. Ça n'était pas une ville technologique et elle a muté en véritable « Tech City » en moins de dix ans, grâce à des actions pragmatiques.
D'où vous est venue cette idée ?
Tout est parti de l'affaire Dailymotion (lorsque l'Etat a fait barrage à son rachat par Yahoo, ndlr). Ça n'est pas possible de se mettre des bâtons dans les roues et de donner une image qui ne correspond pas à la réalité. Alors on a voulu remettre les pendules à l'heure en montrant que la France avait des entrepreneurs capables de créer des boîtes de plusieurs millions de dollars et qu'elle avait un bon écosystème afin de les accompagner.Il faut redonner confiance à cet environnement entrepreneurial qui en prend plein la figure à cause de certaines positions politiques et de rumeurs venant de l'étranger, comme le fait que les Français n'auraient pas le droit d'envoyer d'e-mails après 18 heures. Les lecteurs adeptes du « French bashing » se délectent de ce genre d'histoires caricaturales. C'est un peu la prime à celui qui sortira le nouveau cliché sur la France.
Que manque-t-il à la France ?
On ne se rend pas toujours compte qu'on a la capacité de développer des projets gigantesques et de construire des entreprises à l'échelle mondiale. L'histoire a montré qu'on avait déjà créé de grands groupes comme LVMH, Pernod Ricard, Danone, etc. Mais dans la tech, mine de rien, c'est difficile de trouver des acteurs qui vont générer des millions de dollars de chiffre d'affaires. Pourtant, on pourrait en avoir.Cela est lié à la jeunesse du capital risque. Jusqu'à récemment, on n'avait pas cet argent en Europe. Or pour devenir leader mondial, ces nouvelles entreprises technologiques ont besoin de beaucoup de capitaux. Et puis il reste deux boulets : la fiscalité, qui n'a pas favorisé l'écosystème entrepreneurial, et le droit du travail, très lourd, qui ne correspond pas aux start-up qui grandissent rapidement et qui doivent gérer les possibles retournements. C'est dur de baisser la voilure quand la boîte ne va pas car on ne peut pas virer les gens.
De quel pays faut-il s'inspirer ?
Prenons Israël : leur technologie est israélienne et leurs capitaux américains, ce qui fait que beaucoup de start-up sont tournées vers l'international. L'autre raison est que c'est un petit pays et qu'ils n'ont pas de voisins avec qui travailler. Mais au-delà de ces aspects géographiques, il y a une vraie culture à développer cet écosystème et à le valoriser. Les Allemands y parviennent bien aussi. On veut changer cet état d'esprit.A lire également :