Les start-up de la « French Tech » à la conquête des Etats-Unis

Karyl AIT KACI ALI
Publié le 19 décembre 2014 à 18h45
Le gouvernement a réuni les start-up de la « French Tech » qui se rendront au CES de Las Vegas en janvier prochain. L'occasion pour elles de se préparer au départ, et pour la rédaction de Clubic d'aller les interroger sur ce qu'ils attendent du salon et leur vision de ce label accordé par le gouvernement.

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La « French Tech », qui réunit de nombreuses jeunes entreprises technologiques à l'initiative du gouvernement français, viendra en force au CES de Las Vegas. Pas moins de 120 sociétés, dont 66 labellisées par l'Etat seront présentes au plus grand salon des nouvelles technologies du monde, faisant de l'hexagone la première délégation européenne. Le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, et la Secrétaire d'Etat en charge du numérique, Axelle Lemaire, ont donné rendez-vous aux entrepreneurs afin qu'ils se rencontrent et préparent leur départ pour les Etats-Unis au début du mois de janvier.

L'événement s'est tenu à l'Usine IO, un lieu dédié à l'accompagnement des entrepreneurs, et a réuni plus d'une cinquantaine de sociétés. Il y avait notamment Parrot, spécialisé dans les accessoires connectés pour smartphones, Busit, à l'origine d'une plateforme pour l'Internet des objets, Devialet, qui commercialise du matériel audio haut de gamme, ou encore Withings, célèbre pour ses différents objets connectés.

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« Qui fait la croissance de la France ? Ce sont les start-up », lance Axelle Lemaire en ouverture de sa brève intervention. La secrétaire d'Etat a salué ceux qu'elle nomme « l'équipe de France du numérique et de l'innovation » et rappelle les initiatives du gouvernement, notamment en matière de financement. Axelle Lemaire a évoqué le fonds d'investissement de 200 millions d'euros à destination des accélérateurs de start-up privés et les 15 millions d'euros débloqués pour renforcer l'attractivité des jeunes sociétés françaises à l'international.

De son côté, Emmanuel Macron a souligné la nécessité de prendre des risques : « pour faire de grandes choses, il faut avoir le goût du risque », affirme-t-il après avoir mentionné son objectif de faire en sorte que les start-up d'aujourd'hui constituent « le CAC 40 dans 20 ans ». Mais pour cela, « nous devons retrouver l'esprit de conquête », termine-t-il.

Se faire connaître et nouer des relations

Pour bon nombre d'entrepreneurs, le CES est l'occasion de montrer ses produits, ou de convaincre du potentiel de ses produits. « Nous allons avant tout au CES pour évangéliser, pour montrer ce dont nous sommes capables », explique Samuel Hassine, co-fondateur de Busit. « Il y a encore beaucoup de travail à faire pour éduquer le public sur l'intérêt des plateformes pour objets connectés ».

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« Nous voulons faire le buzz », affirme, quant à lui, Jean-Baptiste Stuchlik, le psychosociologue à l'origine du collier connecté enregistreur de mémos vocaux Innerly, qui permettrait d'aider les malades souffrant de dépression ou d'autisme. « Nous avons besoin de visibilité avant de lancer notre campagne Kickstarter en février », ajoute-t-il avant de conclure : « Et puis, c'est aussi une manière de sonder le marché ».

Grâce au salon, les professionnels espèrent également nouer des relations, voire des partenariats. « Nous aimerions entrer en contact avec des acteurs français déjà implantés aux Etats-Unis, afin d'obtenir des conseils. Enfin, nous cherchons aussi des investisseurs potentiels, nous n'imaginions pas que cela serait si compliqué d'en trouver en France, nous espérons que le CES nous aidera », indique le psychosociologue. « A l'époque des pôles de compétitivité, on nous avait clairement dit que nous ne trouverions pas d'investisseurs en France. On nous a conseillé de partir aux Etats-Unis, où se trouvait notre marché selon notre interlocuteur ».

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Le PDG de Devialet, Quentin Sannié, explique quant à lui : « nous avons déjà des partenariats avec plusieurs acteurs internationaux, et nous allons profiter du CES pour aller les rencontrer et discuter de la suite des opérations ».

La « French Tech » : un réel atout ?

Même si Samuel Hassine regrette « quelques problèmes de communication et de marketing », le jeune entrepreneur estime que la French Tech est un label efficace : « nous avons rencontré Axelle Lemaire à un salon à Monaco, et elle nous a dirigé vers l'un de ses conseillers. Nous l'avons invité à découvrir notre travail lors d'une soirée, puis il a commencé à nous inviter aux événements de la French Tech. Cela nous a donné un fil conducteur, nous nous sentions intégrés à un écosystème. Ensuite, nous avons rencontré d'autres sociétés comme Withings ou Parrot, avec qui nous sommes désormais partenaires ».

Un avis partagé par Quentin Sannié de Devialet : « il y a beaucoup d'entraide au sein de la French Tech. Pour notre part, nous avons beaucoup profité des conseils des sociétés plus anciennes. Tout cet écosystème est nouveau dans notre pays. La France n'aimait pas ses entreprises, mais j'ai l'impression que cela est en train de changer. J'en suis même étonné, c'est très réjouissant ». « Avec la French Tech, j'ai l'impression qu'on commence à aimer nos entreprises, il y a un regain de patriotisme », confirme Samuel Hassane.

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Mais tous ne sont pas aussi enthousiastes : « Actuellement, la French Tech, ce n'est que des soirées et des petits fours. On rencontre les autres sociétés, certes, mais c'est tout. J'aimerais que ce soit autre chose, mais pour l'instant ce n'est pas le cas. Je ne suis pas certain que cela nous aide. A la limite, cela permet de rencontrer des journalistes pour faire parler de nous. Et encore, en général ils ne s'intéressent qu'aux sociétés qui sont déjà connues. Nous attendons de voir ce que le gouvernement va réellement faire », affirme Jean-Baptiste Stuchlik.

Quoi qu'il en soit, l'optimisme semblait de rigueur chez la plupart des entrepreneurs. Et tous paraissaient déterminés à faire leurs preuves aux Etats-Unis. Le ministre de l'économie a assuré que le gouvernement serait « toujours à leurs côtés », mais le label « French Tech », lui aussi, doit encore faire ses preuves.

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Par Karyl AIT KACI ALI

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